mercredi 30 décembre 2009

Les sirènes de la mort retentissent sur Gaza

mardi 29 décembre 2009 - 08h:01

Pierre Barbancey
L’Humanité

Il y a un an, Israël lançait son offensive meurtrière sur ce territoire palestinien. 1 450 Palestiniens ont été tués en
18 jours. Le rapport Goldstone parle de « crimes de guerre » voire de « crimes contre l’humanité ».
(JPG)

Bande de Gaza, envoyé spécial.

Les sirènes ont retenti dans la bande de Gaza, hier matin, pour marquer le premier anniversaire de l’offensive israélienne. Ce 27 décembre 2008, ici, la terre s’est, pour ainsi dire, arrêtée de tourner. Et c’est comme si Mohammad Abed Rabbo n’avait pas quitté sa chaise depuis des mois. La canne solidement appuyée sur le sol, l’homme ne cache pas sa colère. Il montre les alentours. On ne voit pratiquement pas une maison. En revanche, des cabanes de fortune et des tentes se dressent ça et là, souvent près de monticules de béton d’où dépassent des tiges d’acier. C’est aussi tout ce qu’il reste de la demeure de Mohammad.

Déluge de feu sur une population prise au piège

Dans toute la bande de Gaza, comme à Itzbed Abed Rabbo, ce bourg au nord-est du territoire palestinien, à la frontière avec Israël, l’armée israélienne s’est employée à raser tout ce qui pouvait servir de foyer pour les Palestiniens. Si l’aviation a commencé les destructions, les soldats du génie, avec leurs explosifs, ont terminé le travail en 18 jours. Mandaté par l’ONU, le juge Richard Goldstone a rédigé un rapport accusant surtout Israël mais aussi les groupes armés palestiniens de « crimes de guerre » voire de « crimes contre l’humanité » durant les combats à Gaza.

C’était il y a un an. Sous prétexte d’éradiquer le Hamas, Tel-Aviv déclenchait une opération meurtrière. Plus de 1 400 Palestiniens, dont de nombreuses femmes et enfants, ont été tués, contre 17 (dont trois civils) côté israélien. L’aviation puis l’artillerie répandaient un déluge de feu sur une population prise au piège, dans l’impossibilité de s’échapper de ces 360 km2. Un massacre programmé qui a également servi d’expérimentation pour des armes nouvelles (les médecins étrangers présents pendant l’offensive ont fait état de blessures inconnues) ou encore les bombes au phosphore blanc dont l’utilisation au milieu des civils est interdite par les conventions de Genève.

Si le but officiel israélien n’a pas été atteint, la population civile, en revanche, continue de souffrir, sans que la communauté internationale ne trouve à y redire. C’est comme si l’offensive se poursuivait. Les autorités israéliennes n’ont autorisé l’entrée que de 41 camions de matériaux de construction dans Gaza depuis la fin de l’offensive à la mi-janvier, alors qu’il en faudrait des milliers pour réparer les dommages causés aux maisons et aux infrastructures publiques. Il est interdit à la population civile, ainsi qu’aux Nations unies, d’importer des matériaux comme le ciment ou le verre, sauf dans un très petit nombre de cas. Le blocus a également conduit à de fréquentes coupures d’électricité, de gaz et d’eau, avec des conséquences désastreuses sur la vie quotidienne et la santé publique. On comprend mieux les buts israéliens lorsqu’on sait que 30 % des terres arables ont été interdites d’accès et estampillées « zone tampon » par les militaires israéliens depuis la fin de l’offensive.

« Israël voulait approfondir la division entre Gaza et la Cisjordanie, note Walid Al-Awad, du Parti du peuple palestinien (PPP, communiste). Il n’a pas réussi mais il poursuit ce but en continuant le blocus et en faisant pression sur les dirigeants palestiniens en Cisjordanie pour accepter des frontières temporaires. »

28 décembre 2009 - Le web de L’Humanité
Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.humanite.fr/2009-12-28_I...