mercredi 11 novembre 2009

Cinq ans après sa mort, les Palestiniens pleurent toujours Yasser Arafat

11/11/2009
Un photomontage de plusieurs clichés de Yasser Arafat le montrant à travers les différentes étapes de sa vie. Photo AFP
Un photomontage de plusieurs clichés de Yasser Arafat le montrant à travers les différentes étapes de sa vie. Photo AFP
Grand rassemblement aujourd'hui en Cisjordanie, le Hamas interdit toute manifestation à Gaza.
Cinq ans après la mort de Yasser Arafat, les Palestiniens se sentent orphelins de leur chef historique alors que leur camp est affaibli, divisé, et que les rêves de paix et d'un État palestinien indépendant paraissent plus éloignés que jamais. Le mausolée blanc du « raïs » à Ramallah, tout près de son ancien QG de la mouqataa, le siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, est devenu un lieu de recueillement. Selon un récent sondage, 81,9 % des Palestiniens regrettent la disparition de leur leader charismatique.
« Abou Ammar (le surnom de Yasser Arafat) était et reste toujours le symbole de notre lutte. C'est lui qui a dirigé le navire (palestinien) pendant des décennies en dépit des tempêtes », affirme Mohammad Daher, 49 ans, un Palestinien de Jéricho. « Le président Arafat est un symbole de la révolution palestinienne, et je ne peux pas venir à Ramallah sans réciter la Fatiha (une sourate du Coran) sur sa tombe », explique Nader Ismaïl, qui ne manque jamais une occasion de s'y rendre. « Lorsqu'Abou Ammar était là, le monde entier nous respectait, mais à présent, nous sommes très faibles », déplore Sali Abou Nadir, 36 ans, enseignant à Naplouse. « Aujourd'hui, nous sommes comme un ballon de foot dans lequel tout le monde tape », dit-il, commentant les déchirures du camp palestinien.
La rupture entre l'Autorité palestinienne et le Hamas a été consommée en juin 2007, lorsque ce dernier a évincé par la force son rival, le Fateh, de la bande de Gaza. Les deux factions ont depuis engagé un « dialogue de réconciliation » sous l'égide du Caire, mais sans résultat. En attendant une hypothétique entente, le Hamas continue à régner sur Gaza en état de siège et soumis à un strict blocus israélien.
« Si cette division s'était produite sous Arafat, il aurait eu le sentiment de mourir dix fois par heure. Cette sombre discorde est la plus douloureuse des blessures palestiniennes », commente Saëb Erakat, l'un des compagnons de route de Yasser Arafat. Arafat « refusait de faire des concessions sur les principes. Nous avons payé le prix pour cela, mais c'est grâce à ça qu'on a pu préserver notre unité nationale », argue un responsable du mouvement Hamas à Gaza, Ismaïl Abou Radouane. Il « croyait à l'option de la résistance comme une des options stratégiques pour permettre au peuple palestinien de recouvrer ses droits, contrairement à Mahmoud Abbas », poursuit le représentant du Hamas.
L'enlisement du processus de paix et les profondes divisions interpalestiniennes menacent l'héritage de Yasser Arafat, qui avait réussi à incarner la cause nationale palestinienne. Ainsi, le Hamas a rejeté le processus électoral lancé par l'Autorité palestinienne, une décision qui risque de provoquer une rupture complète entre la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Yasser Arafat est décédé le 11 novembre 2004, à l'âge de 75 ans, à l'hôpital militaire de Clamart, près de Paris. Un grand rassemblement est prévu aujourd'hui en Cisjordanie pour marquer l'anniversaire de son décès, mais le Hamas a interdit toute commémoration ainsi que les affiches de Arafat dans la bande de Gaza. En outre, le Fateh a accusé hier le Hamas d'avoir arrêté plusieurs dizaines de membres du parti pour les empêcher de commémorer la mort de Yasser Arafat. Selon des responsables du Fateh, ces interpellations ont eu lieu dans la matinée à Gaza. Parmi les personnes appréhendées figureraient deux hauts responsables du Fateh, Mohammad al-Nahal et Djamal Abeid. Un responsable du parti du président de l'Autorité palestinienne a déclaré croire que cette vague d'arrestations pourrait se poursuivre aujourd'hui. À Gaza, un porte-parole du ministère de l'Intérieur, contrôlé par le Hamas, a réfuté ces allégations en accusant à son tour le Fateh de faire diversion pour dissumuler les interpellations de ses militants en Cisjordanie.