mercredi 11 novembre 2009

La déception Chomsky

10-11-2009
Par Natalie Abou Shakra
Chomsky a fait une conférence à l’Institut de l’Education (Londres), le jeudi 29 octobre 2009. Beaucoup d’étudiants en sont sortis déçus. De nombreux révolutionnaires en sont sortis… « dérévolutionnarisés». Je me souviens avoir rencontré Finkelstein à Gaza, et j’ai été aussi très déçue, en particulier lorsqu’il s’est agi de discuter du droit au retour et de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Ci-dessous un extrait de l’analyse plus profonde sur la conférence de Chomsky par John Rose, du « Travailleur socialiste » :

"Il a décrit le rythme implacable de l’annexion coloniale israélienne de la terre et des ressources en eau en Cisjordanie en utilisant une remarque particulièrement affreuse et consciencieusement raciste et sexiste de Moshe Dayan, ancien Ministre israélien de la Défense, à l’époque de l’occupation de 1967. Dayan a dit que la situation ressemblait à la relation entre le Bédouin et la fille qu’il enlève contre sa volonté. « Vous Palestiniens, en tant que nation, vous ne voulez pas de nous aujourd’hui. Mais nous vous obligerons à changer d’attitude en vous imposant notre présence. Vous vivrez comme des chiens, et celui qui partira partira, pendant que nous nous emparons de ce que nous voulons, la terre, l’eau. Les USA paient pour cela et nous protègent. »

Chomsky a continué avec cette image catastrophique d’une défaite désespérée. Les Palestiniens seront relégués « en haut des collines. En fait, je ne serais pas surpris que l’office du tourisme israélien subventionne ce joli paysage biblique pour les touristes américains, qui zoomeront depuis les autoroutes pour seuls- Israéliens. Ils pourront voir un homme menant une chèvre sur les collines qui leur rappellera la bible, peut-être verront-ils l’homme se diriger vers un des puits encore accessibles pour remplir un seau d’eau… »

Le jour de la conférence de Chomsky, il y a eu de nouveaux affrontements à Jérusalem Est tandis qu’Israël prépare l’opinion publique à une annexion de toute la ville – avec tout ce que cela implique pour les lieux saints musulmans de la cité. La population palestinienne en Galilée, forte d’un million et demi de personnes, est constamment dénoncée comme des « traîtres » et est confrontée à une très réelle menace de nettoyage ethnique. Un peu plus loin dans son discours, Chomsky a décrit l’autorité de plus en plus grande des rabbins fanatiques dans l’armée israélienne, qui invoque la bible pour justifier la pureté israélienne.

La plupart des commentateurs tiennent pour acquis que c’est une poudrière prête à exploser. Bien sûr Chomsky a raison de discuter de ce que nous pouvons faire en Occident avec un public occidental. Mais sans aucune référence à la résistance palestinienne, il y a un risque que le mouvement BDS soit considéré comme un substitut au mouvement de libération. Ce qu’il n’est pas, et qu’il ne sera jamais. C’est un mouvement de solidarité, un autentique mouvement de solidarité internationale avec les Palestiniens.

Là Chomsky a mis en garde contre le fait de cibler Israël plutôt que les soutiens occidentaux d'Israël - les gros méchants étant les soutiens occidentaux. Voilà qui nous lie les mains d'une façon tout à fait inutile.
"

Notez que même avec Finkelstein, l’étudiant de Chomsky, il n’est jamais fait référence à la résistance civile palestinienne.

Notez également qu’alors qu’ils mentionnent les chiffres des violations des droits de l’homme, beaucoup des experts occidentaux n’utilisent jamais les chiffres des organisations palestiniennes pour les droits de l’homme.

Cela nous rappelle ce que disait Edward Said : « Comme si les sources arabes étaient intrinsèquement peu fiables, elles ne sont pas prises en considération. » Edward Said, Orientalism revisited.

Note ISM : On a eu, une nouvelle fois la semaine dernière, une illustration flagrante de la remarque d'Edward Saïd, quand tous les médias se sont excités sur un rapport d'Amnesty International accusant Israël de voler l'eau des Palestiniens... vol que les Palestiniens dénoncent depuis des décennies, sans aucun écho.