samedi 3 octobre 2009

La résilience du Hamas est essentielle pour l’unité nationale

Palestine - 02-10-2009
Par Khaled Amayreh
Les nouvelles de bon augure venues du Caire selon lesquelles le Fatah et le Hamas seraient proches de convenir d’un pacte d’unité nationale qui mettrait fin à deux années d’hostilité farouche entre les deux principaux groupes politiques en Palestine occupée sont un vrai cadeau pour le peuple palestinien. Inutile de dire combien nous, Palestiniens, avons souffert de la scission entre les deux groupes. En outre, Israël, l’occupant de notre pays et bourreau de notre peuple, a su tirer pleinement parti de notre désunion, de notre stupidité et de nos troubles internes.






















Je sais que ce n’est pas le moment de récriminer et de montrer du doigt. Toutefois, par souci de vérité, il est impératif d’essayer de rétablir les faits.

Il est peu probable que l’organisation Fatah ait accepté de se réconcilier avec le Hamas par pure préoccupation de l’unité nationale palestinienne. Il est plus vraisemblable qu’il en soit arrivé à la conclusion que le Hamas est là pour rester et qu’il est futile de continuer à tenir des paris sur sa disparition, parce qu’elle ne se produira pas.

Par conséquent, on peut avec certitude avancer que le facteur principal qui a contribué à pousser le Fatah à abandonner ses desseins hostiles contre le Hamas est la résilience légendaire de ce dernier et sa fermeté face à l’énorme pression exercée par Israël, l’occident, et certains régimes arabes, en plus du Fatah.

Le Fatah, ou plus exactement le camp de la trahison au sein de ce mouvement, pensait et espérait que le blocus économique et financier presque hermétique de la Bande de Gaza mettrait le Hamas à genoux.

En outre, lorsqu’Israël a lancé son attaque criminelle contre la Bande, le Fatah a pensé qu’il avait là l’occasion tant attendue de voir le Hamas vaincu et humilié. La guerre éclair de décembre-janvier a tué et mutilé des milliers d’innocents et causé des ravages sur l’infrastructure civile du territoire côtier.

Nous savons avec certitude que certains (pas tous) des éléments du Fatah étaient en pleine euphorie lorsque l’aviation israélienne faisait pleuvoir la mort sur Gaza. Certains agents du Fatah, dans certaines parties de la Cisjordanie, ont même célébré le bombardement aveugle et le bain de sang à Gaza par des distributions de bonbons.

Nonobstant, le Hamas ne s’est pas effondré sous le poids de la pression, et Israël, au regard de ses propres considérations politiques et militaires, n’a pas poursuivi la guerre « jusqu’à la fin », comme l’Autorité Palestinienne le lui avait semble-t-il demandé.

Ce fait a renversé les calculs du Fatah et a poussé le groupe à se résigner au fait qu’il ne pourrait échapper à un rapprochement avec le Hamas.

De plus, le Fatah avait espéré qu’en persécutant systématiquement les partisans du Hamas en Cisjordanie et en les soumettant à toutes les formes de traitements cruels, dont la torture à mort, Israël accorderait au Fatah un certificat de bonne conduite, et à la direction Abbas-Fayyad des concessions politiques.

Mais cela ne s’est pas passé ainsi puisque les Israéliens ont élu un gouvernement d’extrême-droite qui considère l’Autorité Palestinienne comme une sorte de judenrat palestinien dont le boulot principal est de tourmenter son propre peuple pour le bénéfice d’Israël.

Tel est le message que nombre de dirigeants du Fatah ont été forcés d’intérioriser, surtout ces derniers temps où le gouvernement Netanyahu a commencé à traiter l’AP et la direction du Fatah avec le plus grand mépris.

Puis finalement, vint la goutte qui a fait déborder le vase quand le Président Obama a tacitement admis son incapacité à faire pression sur Israël pour le gel de l’expansion maligne des activités de peuplement dans toute la Cisjordanie, en particulier à Jérusalem-Est occupée.

Le Fatah avait espéré qu’Obama honorerait sa parole et contraindrait Israël à mettre fin à l’agrandissement des colonies, qui ont déjà tué toute perspective réaliste de création d’un Etat palestinien viable en Cisjordanie.

D’où l’énorme déception et le sentiment de trahison du Fatah lorsqu’Obama a dit au chef de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas que l’AP devait reprendre les négociations de « paix » au point mort avec Israël sans conditions préalables. Inutile de préciser que l’expression « sans conditions préalables » ne signifie qu’une chose, à savoir qu’Israël peut continuer à construire et à étendre les colonies en Cisjordanie et que la direction palestinienne devra revenir à la table des négociations indépendamment de la question des colonies.

Ce qu’Obama a dit à Abbas, lors de cette infâme rencontre tripartite à New-York la semaine dernière, c’est qu’Israël pourra effectivement continuer à dévorer «le morceau de fromage disputé » jusqu’à ce qu’il reste très peu, ou rien, à négocier.

Aujourd’hui, le Fatah est confronté à un véritable dilemme.

D’un côté, le groupe ne peut pas simplement accepter de revenir à des pourparlers de paix sans fin avec le gouvernement israélien extrémiste, qui a à sa barre un menteur pathologique, l’arrogant Benjamin Netanyahu. Une telle démarche serait un désastre de relations publiques et coûterait cher au Fatah en termes de popularité et de soutien populaire. Le Fatah, après tout, avait juré qu’il ne reprendrait pas le processus de paix effectivement moribond tant qu’Israël ne gèlerait pas toute expansion des colonies en Cisjordanie.

De l’autre, succomber à la pression américaine et céder à l’arrogance israélienne ferait perdre la face au Fatah, ainsi que toute crédibilité et popularité.

Il est sûr que le Fatah accepterait de reprendre les pourparlers de paix avec le régime sioniste, même en l’absence d’un gel de la colonisation, s’il y avait la moindre chance d’un accord de paix honnête et digne.

Mais avec Netanyahu et ses acolytes, les chances d’une paix réelle, c’est-à-dire obtenir le retrait d’Israël aux frontières de 1967 et le rapatriement des réfugiés, sont moins que nulles.

D’un autre côté, le Fatah ne peut pas contenter de dire « non » à l’administration américaine. Il n’est pas assez indépendant et patriotique, car cela pourrait avoir un effet boomerang préjudiciable au mouvement, qui n’est maintenu à flot que grâce aux subventions occidentales.

C’est pourquoi le Fatah tente apparemment de surmonter cette situation difficile, d’abord en cherchant une formule qui permette à l’OLP de sauver la face et de reprendre les pourparlers à moindre frais, c’est-à-dire en obtenant l’assurance de l’administration Obama que la finalité des discussions avec Israël prendra la forme d’un retrait israélien aux frontières du 4 juin 1967.

Mais il est peu probable que cela se produise car Netanyahu préfère voir la dissolution de son gouvernement que d’accepter de se retirer de Cisjordanie et de démanteler les colonies.

Et deuxièmement, en reconstruisant des ponts avec le Hamas, le Fatah espère pouvoir se retrouver dans une situation moins défavorable vis-à-vis d’Israël.

Dans tous les cas, il est essentiel que le Hamas reste fort et résilient, comme il l’a toujours été. C’est une question sine qua non non seulement pour l’unité nationale palestinienne, mais aussi pour contrecarrer les efforts et les desseins israéliens de forcer le peuple palestinien à abandonner ses constantes nationales et ses aspirations à la justice et à la libération de l’occupation israélienne néo-nazie.