lundi 31 août 2009

Apaiser Israël – A quel prix ?

USA - 30-08-2009
Par Jeff Gates
Jeff Gates est auteur, avocat, banquier d’investissement, éducateur et consultant auprès du gouvernement, de dirigeants d’entreprises et de syndicats reconnu dans le monde entier. Son dernier livre est “Guilt By Association—How Deception and Self-Deceit Took America to War” (2008). Ouvrages précédents : “Democracy at Risk: Rescuing Main Street From Wall Street” et “The Ownership Solution: Toward a Shared Capitalism for the 21st Century”. Il a été pendant vingt ans Conseiller auprès de décideurs politiques du monde entier. Conseiller juridique du Comité des Finances du Sénat américain de 1980 à 1987.
Le discours de Barack Hussein Obama, le 4 juin au Caire, était attendu avec une vive impatience par une population mondiale de 1,3 milliards de Musulmans indignés par les abus que le sionisme inflige depuis longtemps à ses voisins avec l’appui des Etats-Unis. Dix semaines ont passé depuis. L’impact potentiellement positif de son intervention s’est promptement réduit lorsqu’il est apparu le lendemain au camp de la mort de Buchenwald, en Allemagne. Le moment choisi pour cette photo d’opération-Holocauste a levé tous doutes sur qui orchestre cette présidence.




















La colonisation sioniste en pleine expansion. Ici Maale Adumim, près d'Al-Qods.


L’attention des médias s’est immédiatement reportée sur le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu. Dans la période qui a précédé le discours du Caire, les gestionnaires de la Maison Blanche d’Obama ont autorisé cet homme de droite à proclamer – depuis la Maison Blanche – que la paix avec les Palestiniens se classait loin derrière les préoccupations de Tel Aviv sur l’Iran. Peu après le discours du Caire, M. Netanyahu a fait référence, du bout des lèvres, à une « solution à deux Etats », mais seulement sous la contrainte de l’envoyé au Moyen Orient George Mitchell. Obama s’est empressé de présenter comme une « avancée importante » cette référence à une stratégie convenue faite à contrecœur.

En réalité, M. Netanyahu a annoncé plusieurs pas de géant en arrière. Plutôt que d’accepter de négocier une solution à deux Etats, il a posé des conditions préalables, certain d’empêcher deux Etats, ne laissant rien à négocier. Encore une fois, annulant l’impact potentiellement positif du Caire, Obama a fait l’éloge du dirigeant israélien, allant jusqu’à insister pour que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un « Etat juif » où Jérusalem « comme capitale d’Israël restera unie. »

Netanyahu a également insisté sur le droit d’Israël à coloniser encore plus de terre palestinienne par l’expansion de ces mêmes colonies destinées à empêcher un Etat palestinien viable. En applaudissant ce discours provocateur, Obama a attisé les conditions même qui ont empêché la paix au Moyen Orient depuis plus de six décennies. Dans les dix semaines suivantes, la position de Netanyahu n’a fait que se durcir – avec l’approbation tacite d’Obama.

Anticipant la pression de négocier de bonne foi, Tel Aviv a lancé une attaque tri-frontale.

D’abord, le Ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman (qui vient de Moldavie) a entamé des discussions avec Moscou. En conduisant la diplomatie en parlant couramment le russe, il a montré qu’Israël était en mesure de se tourner ailleurs pour la « relation spéciale » dont Tel Aviv jouit depuis longtemps avec les Etats-Unis.

Ensuite, le lobby pro-israélien a ouvert un front intérieur sur Obama en annonçant que « les dirigeants juifs sont profondément troublés par ses récentes initiatives au Moyen-Orient. » Le lobby a également rappelé à Obama, produit politique des financements ashkénazes de la partie ouest de Chicago, où étaient ses intérêts présidentiels.

Enfin, dès que l’envoyé au Moyen-Orient George Mitchell a entamé des pourparlers avec Damas, les premières négociations depuis que les USA ont rappelé leur ambassadeur en 2005, Netanyahu a fait un discours sur la Syrie dans lequel il n’a fait aucune mention des Hauts du Golan (saisis pendant la guerre préemptive d’Israël en 1967), tout en incluant des conditions qui ne manqueraient pas de garantir que la paix avec la Syrie resterait également hors d’atteinte.

Là encore, l’équipe d’Obama a apaisé le dirigeant israélien. Sans avoir besoin de citer l’opération photo-Holocauste hautement symbolique, le journal officiel syrien a simplement noté : « C’est le principe qui guide toujours Israël lorsqu’il aborde le conflit arabo-sioniste. Les Israéliens se considèrent comme les victimes plutôt que comme l’agresseur. »

En refusant à nouveau de tenir tête à l’Etat sioniste et à son considérable lobby aux USA, Obama, une fois de plus, laisse libre cours à la conduite même qui met le plus en danger la sécurité nationale des Etats-Unis. Alors que ses paroles au Caire promettaient « un nouveau départ », ses actes tant avant qu’après ce discours signent le retour au « business-as-usual ».

S’il continue à apaiser les extrémistes israéliens, sa conduite pourrait bien provoquer une nouvelle attaque terroriste. Si un nouvel attentat se produisait, l‘histoire récente suggère qu’une orgie de preuves montrera du doigt le Hezbollah soutenu par l’Iran, tandis qu’Israël se dépeindra à nouveau comme une malheureuse victime ayant besoin de la protection US contre une «menace existentielle ». En l’absence de résolution présidentielle à s’assurer que « spéciale » est extirpée de la relation US-Israël, l’implication dans cette alliance dévoyée continuera à garantir que les USA peuvent être considérés comme coupables de leur association avec la conduite extrémiste de cette enclave.

Avec ses remarques, Netanyahu a transformé la solution à deux Etats en un marchandage. Par son insistance sur des conditions qui empêchent un règlement final, il a réaffirmé l’engagement de Tel Aviv à maintenir le conflit. En poursuivant l’expansion des colonies israéliennes, il s’assure que la paix reste hors de portée. La propension d’Obama à apaiser chaque fois les moments critiques suggère qu’il continuera sur une voie qui invite à plus de terrorisme – soit par Israël, soit par ceux que l’appui US à son extrémisme exaspèrera.

Toute évaluation objective de cette présidence révèle sa composition pro-israélienne disproportionnée. Le démocrate Harry Truman, un chrétien sioniste, avait étendu la reconnaissance comme Etat-nation de cette enclave sioniste. Le républicain G.W. Bush, un autre chrétien sioniste, s’était virtuellement entouré de la même équipe que le démocrate Obama – avec un large encadrement de pro-Israéliens. Avec si peu de différence en perspective, il n’est guère étonnant qu’il y ait si peu de différence dans le comportement israélien. Ni dans les risques que cette relation fait courir aux Etats-Unis.

Cette opération d’ « initiés » trans-partis ne fait allégeance ni à un parti, ni à un président. Sa seule loyauté va à une alliance dont les obligations envers l’expansion d’un plus grand Israël prennent le pas sur les intérêts US. La portée et l’ampleur de cette tendance suggère que la seule manière pour les Etats-Unis de rétablir sa sécurité est d’arrêter de financer Israël, de rappeler ses diplomates et de remodeler sa politique étrangère autour d’intérêts US.

Si ce dernier occupant de la Maison Blanche continue d’agir en contradiction avec les intérêts US, il faut rappeler à ce jeune commandant en chef pourquoi les pères de la constitution ont mis la barre si bas pour faire la preuve de la trahison. En tant qu’ancien professeur de droit constitutionnel, il sait sûrement qu’une condamnation pour ce délit capital ne requiert que la preuve d’ « adhérer» (ou d’octroyer « aide et réconfort ») à un ennemi, qu’il soit intérieur ou étranger.

Les coûts d’un empêtrement dans cette alliance en sang, en trésorerie et en crédibilité difficile à gagner sont connus. Par ses concessions au lobby israélien, et en apaisant une minorité extrémiste au détriment de la majorité, Barack Obama s’expose à une accusation de trahison.
Le blog de Jeff Gates : Criminal State.
Source : Alarab Online
Traduction : MR pour ISM