mardi 14 octobre 2014

La saison des olives gâchée par le mur et l’occupation

Les fermiers palestiniens du département de Silfit sont obligés de passer par les portails du mur de séparation discriminatoire, pour aller ramasser leurs olives ; c’est la saison.
Sur les portails, les soldats de l’occupation sioniste n’épargnent rien pour humilier ces fermiers palestiniens : inspection, fouille et insultes de toutes sortes.
Mahmoud Achtih est un fermier dont la terre a été isolée par le mur discriminatoire, qui l’a séparée de son village de Silfit. Il dit au correspondant de notre Centre Palestinien d’Information (CPI) :
« Chaque année, nous attendons la saison de la cueillette d’olives, avec beaucoup d’impatience. L’arrivée de la saison de l’olive est pour nous comme l’arrivée d’un bébé. Mais cette joie, les occupants sionistes la transforme malheureusement en une souffrance quotidienne tout au long de la saison ».
Le périple de la cueillette
Mahmoud Achtih parle de son périple pour arriver à sa terre : « A l’aube, vers quatre heures et demi du matin, j’ai fait mes ablutions. J’ai tout préparé pour la cueillette des olives. Puis je suis parti vers le portail consacré par les occupants sionistes pour traverser le mur discriminatoire qui sépare notre terre de nos domiciles ».
Il continue :
« Après un moment d’attente à côté de ce portail, une jeep militaire sioniste arrive. Un soldat en descend et ouvre le portail. Il ne laisse personne passer avant de montrer nos cartes d’identité, avant de nous fouiller, avant de fouiller nos bagages. »
Les fermiers palestiniens ne peuvent travailler leur terre comme ils veulent. Les heures de travail sont effectivement limitées. Mahmoud Achtih explique :
« Le soldat sioniste fait ses fouilles en criant et en proférant des insultes. Puis il confisque les cartes d’identité jusqu’à notre retour. Il nous ordonne de retourner avant quatre heures de l’après-midi. Celui qui dépasse cette heure délimitée ne pourra dépasser le portail ».
Le bon vieux temps
Pour sa part, le fermier Ahmed Moqidi, du village d’Az-Zawiya, à l’ouest de Silfit, se rappelle du bon vieux temps, le temps avant l’occupation, avant le mur, avant la colonisation. A cette époque-là : « Nous entrions dans nos fermes quand bon nous semblait, et nous en sortions à notre guise. Nous dormions sur notre sol. Nous travaillions notre terre quand nous voulions. En revanche, maintenant, nous avons besoin d’une autorisation, nous sommes le sujet de fouilles humiliantes ».
Le fermier Ali Nasser du village de Masha, à l’ouest de Silfit, se plaint, lui aussi, de l’humiliation qu’ils subissent de la part des soldats sionistes. En fait, les soldats de l’occupation sioniste ouvrent les portails un quart d’heure avant la levée du soleil. Ils font tout pour humilier les Palestiniens, pendant leur passage à travers les portails et pendant leur travail, en tirant les sonnettes d’alarme et en criant contre les fermiers.
Une joie manquée
De son côté, le fermier Khalil Hassan compare leur cas à celui de prisonniers à ciel ouvert. Et même lorsqu’un fermier a un accident, les soldats ne lui permettent pas de partir, sous prétexte que l’heure d’ouverture du portail serait un ordre militaire intouchable.
Occupation, mur et colons
Ce ne sont pas seulement les soldats de l’occupation sioniste qui gâchent la joie des Palestiniens lors de leur saison d’olive, mais les colons viennent compléter le travail malsain des soldats.
En effet, le chercheur Khaled Maali confirme le fait que les colons profitent de cette saison pour mener leurs agressions contre les Palestiniens et contre leurs biens. Ils coupent leurs oliviers. Très récemment, ils ont coupé des dizaines d’oliviers dans les fermes du village de Yassouf, à l’est de Silfit.
Quant au mur de séparation discriminatoire, il est la source de divers dangers, ajoute Maali. A titre d’exemple, ce mur isole et confisque quelque 95% des terrains, environ 550 hectares, du village de Masha. Et c’est le cas de beaucoup d’autres villages.
Environ deux tiers du département de Silfit sont confisqués, interdits d’exploitation, ou bien leurs fermiers sont agressés. Des centaines d’hectares de terrains palestiniens se trouvent désormais derrière le Mur. Ils sont menacés de ratissage par l’expansion coloniale.