dimanche 3 août 2014

« Prêts à sacrifier nos maisons et nos enfants pour la victoire »

« Cette guerre va continuer ! » peste Nidal al-Khaldi sur les décombres de sa maison éventrée dans la nuit par des obus israéliens. Dans Gaza en ruines, les Palestiniens ne croient plus en un retour de la paix. Le silence des bombes au début de la trêve annoncée par les belligérants des deux camps aura été bref, Israël reprenant ses opérations dans la matinée avant d'annoncer le probable enlèvement d'un de ses soldats dans le sud du territoire, un casus belli. À al-Buraj, dans la banlieue de Gaza, les rues sont autant de tapis de poussière jonchés de gravats entremêlés de ferraille et de fils électriques, d'éclats de miroir, de souvenirs ensevelis, raconte Guillaume Lavallée de l'AFP. Un spectacle de désolation hérité de 25 jours de combats dévastateurs et meurtriers. Là, de jeunes hommes tassent des blocs de béton qui furent encore hier des briques d'une maison ; là un homme transporte dans une brouette sa chèvre blessée. Plus loin, à l'hôpital, les secouristes enfournent les cadavres, dont ceux de trois enfants, dans les réfrigérateurs à l'électricité chancelante de la morgue. Barbe anthracite encore finement taillée, Nidal, 42 ans, sans emploi, marche dans les décombres de sa maison. La nuit dernière, peu avant la trêve théorique de trois jours annoncée par le Hamas et Israël, les chars de « l'ennemi » ont bombardé les lieux, raconte-t-il.
« À cause d'eux, nous n'avons plus de maison, nous étions sept familles à vivre ici, mais nous sommes tous à la rue. Et pourtant, cette guerre va bien continuer, je n'ai aucun problème avec ça. La résistance peut continuer », lance-t-il. « Nous avons 1 500 martyrs et qu'est-ce que la communauté internationale fait ? Rien, absolument rien. Nous vivons dans une prison à ciel ouvert. Israël détruit nos maisons, tue nos enfants et même nos animaux. Il faut bien que quelqu'un fasse quelque chose. Nous sommes prêts à sacrifier nos maisons et nos enfants pour la victoire », dégaine-t-il, convaincu qu'il n'a déjà plus rien à perdre.
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