vendredi 18 juillet 2014

Fin de la trêve et invasion israélienne dans Gaza

Mohammed Omer - Middle-East-Eye
Les familles de Gaza se bousculent pour enterrer leurs morts, consolent les familles des victimes et se préparent pour la prochaine série d’attaques israéliennes.
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D-s la fin de la courte trêve, Israël a repris ses bombardements sur la population civile - Photo : AA
Le silence prudent entre les bruits de guerre dans la bande de Gaza a été brisé par les klaxons des voitures. Dans un laps de cinq heures, tout le monde s’est précipité dans les magasins, sur les marchés et aux guichets automatiques des banques, pour acheter de la nourriture, de l’eau et d’autres fournitures, puis se rendre rapidement auprès des parents et des voisins pour prendre de leurs nouvelles.
La pause humanitaire de cinq heures entre Israël et le groupe de résistance palestinien du Hamas a débuté dans la bande de Gaza après 10 jours de guerre ininterrompue.
Les frappes aériennes israéliennes et les tirs de roquettes à partir de Gaza ont continué jusqu’à ce que la courte trêve s’instaure à 10 heures, heure locale.
Plusieurs journalistes de Gaza ont eu la chance de voir leurs familles, que certains n’avaient pas vu depuis les 10 derniers jours.
Le nombre de morts est maintenant de 249 Palestiniens, et il y a environ 1880 blessés, fait savoir le Dr Ashraf al-Qidra, responsable de la santé dans le territoire sous blocus. Les Nations Unies indiquent que la plupart des victimes sont des civils. Les roquettes du Hamas ont tué un israélien et légèrement blessés quelques autres.
Comme à chaque fois au cours d’une période d’accalmie, la population de Gaza inspecte d’abord les dégâts, tente de trouver des gens blessés dans les décombres puis enterre ses morts avant de visiter les tentes de deuil pour offrir ses condoléances.
Quelques minutes avant le début du cessez-le feu, un obus d’un tank israélien a frappé une maison dans le sud de la bande de Gaza, tuant trois personnes, selon des sources médicales.
« Un cessez-cinq heures n’est pas suffisant pour que tout le monde puisse enterrer ses morts, présenter ses condoléances et se préparer pour les prochaines attaques », dit Ashraf al-Helow, âgé de 32 ans. La nourriture et l’eau sont devenues une priorité pour les familles, et ces fournitures sont de plus en plus difficiles à trouver alors que les attaques continuent.
« C’est vrai, nous sommes fatigués de cette guerre, mais nous ne voulons pas revenir à la situation d’avant la guerre non plus, » a-t-il ajouté. Tout le monde autour de lui attend avec impatience le vendeur de volailles, avant de se dépêcher de rentrer chez eux et se mettre à couvert avant la fin des 5 heures.
La trêve a été largement respectée par les deux parties. Ce fut un moment où une « population assoiffée pouvait prendre un peu d’eau, » selon la formule d’Abu Zyad Hajj, un homme de 61 ans qui faisait la queue, portant une jabaliyia de couleur blanche.
« Gaza a déjà subi une longue période de huit années très difficiles sous le siège israélien - qui ne peut pas et ne doit pas se poursuivre indéfiniment », a-t-il déclaré à MEE.
Il exprime l’idée qu’Israël est conscient que son occupation et son blocus tournent toute une population contre lui et favorisent un soutien croissant à la résistance palestinienne. Ce n’était pas le cas il y a quelques années, alors que des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens qui se rendaient en Israël - il était l’un d’entre eux - étaient contre le fait de nuire aux ressortissants israéliens.
« Jusqu’à ce moment, j’étais contre cette idée, mais alors que je suis sur le point de mourir, et que nos appels au monde tombent dans des oreilles de sourds, je ne sais vraiment plus quoi faire », se lamente-t-il.
Juste à ce moment, le commerçant annonce que ses réserves sont épuisées et que son fournisseur ne peut pas venir à cause des drones israéliens planant au-dessus de son élevage de volailles. Tout le monde doit rentrer chez lui, les mains vides.
Le cessez-le feu - qui devait durer jusqu’à 15 heures, heure locale - a été demandé par l’Organisation des Nations Unies, dans le but de distribuer des fournitures et de l’aide aux personnes qui cherchent le minimum de ce qu’il faut pour se nourrir et se laver lorsque l’on est obligés de s’abriter. Plus de 22 000 Palestiniens utilisent les écoles des Nations Unies comme abris, après que l’armée israélienne ait averti que leurs maisons serviraient de cibles.
Abu Zyad souhaite que la fenêtre de 5 heures de calme puisse être allongée de façon à ce qu’il puisse trouver tout ce dont il a besoin pour sa famille. Il pense que les attaques israéliennes seront bien pires après la trêve.
Invasion au sol
Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien et de la défense, a ordonné jeudi soir à l’armée israélienne de lancer une offensive terrestre sur Gaza, et ce avant le vendredi, le jour du sabbat musulman.
Un communiqué de l’armée israélienne a déclaré que l’offensive impliquera « l’infanterie, des blindés, des corps d’ingénieurs, de l’artillerie et des équipes de renseignement, combinés avec un soutien aérien et naval. »
L’occupation israélienne a amassé des dizaines de milliers de soldats à la frontière de Gaza pour son offensive terrestre.
L’opération qui a commencé jeudi soir, a déjà tué plusieurs personnes, la première victime étant un bébé de 3 mois, Fares Al-Tarabeen. Son corps est arrivé à l’hôpital Shifa. Il portait encore ses couches.
Attaque aux gaz
Les médecins de l’hôpital Abu Yousef al-Najjar ont dit à MEE que des dizaines de personnes ont été transportées à l’hôpital après avoir respiré des gaz toxiques de couleur blanche. Les patients n’étaient plus en mesure de reprendre leur souffle et les médecins ont été incapables de les traiter, ne sachant quel type de gaz était utilisé.
Les personnes ayant respiré le gaz criaient de façon incontrôlée et étaient difficiles à maîtriser pour le personnel hospitalier. Le ministère palestinien de la santé a fait appel à des groupes internationaux pour aider à traiter la crise et aider à identifier le type de gaz utilisé dans la première heure de l’invasion terrestre.
Selon l’ONU, au moins 1370 maisons ont été détruites dans la bande de Gaza et plus de 22 000 personnes déplacées dans les récentes attaques.
L’invasion au sol va fortement augmenter le nombre de familles déplacées dans les jours à venir.
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* Mohammed Omer est un journaliste palestino-néerlandais renommé, basé à Gaza.
18 juillet 2014 - Middle East Eye - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.middleeasteye.net/news/g...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib