mercredi 2 avril 2014

Pourparlers de paix : Coup de théâtre de Mahmud Abbas

Rien ne vas plus au proche orient, Kerry annule sa réunion avec avec le président palestinien Mahmoud Abbas. La décision du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry est révélatrice de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers de paix entre Autorité Palestinienne et Israël.
L’ administration Obama baisse-t-elle les bras ?
Le New York Times  cite un haut responsable qui vient de déclarer que les Américains pensent qu’Israël et les Palestiniens doivent maintenant trouver un moyen de sortir de cette impasse d’eux-mêmes, car les efforts de Kerry sont épuisés.
Les pourparlers de paix, il y a encore quelques jours à l’agonie, semblaient avoir repris du poil de la bête, hier, lorsqu’ Israël était prêt à libérer plus de 400 prisonniers palestiniens et prêt aussi à geler les constructions en Judée Samarie en échange d’un accord palestinien à poursuivre les négociations en 2015 et la libération de  Jonathan Pollard par les américains. Kerry avait rencontré le Premier ministre Netanyahu deux fois en 12 heures et avait  l’intention de revenir dans les territoires palestiniens aujourd’hui pour rencontrer Mahmud Abbas.
Que s’est-il passé depuis hier ?
Coup de théâtre, Abbas est apparu en direct à la télévision palestinienne  en compagnie de tous les membres de la direction palestinienne et  a signé une demande d’adhésion à 63 instances internationales. A la manière de Yasser Arafat, Abbas a mis en scène tous les membres de la direction palestinienne qui ont approuvé à l’unanimité la décision d’adhérer à 15 agences de l’ONU.
« Nous ne faisons pas cela contre l’Amérique, mais nous ne voyons aucun autres moyens d’avancer », a déclaré Abbas, avant de signer la pile  de documents.
Paradoxalement à cette décision de se tourner unilatéralement vers l’ONU (menace brandie mais retenue depuis le début de ces pourparlers ), Mahmud  Abbas a, cependant, précisé   qu’il ne voulait pas abandonner les négociations et qu’il les poursuivraient jusqu’au 29 avril (date butoir).
Aucun détail précis de ce qu’il a signé n’a été divulgué, mais un haut responsable palestinien, Mohammed Shtayyeh, a déclaré à Reuters que l’un des documents était la Convention de Genève, qui définit les normes du droit international de la guerre et de l’occupation. La signature de cette convention donnerait aux Palestiniens une base plus solide pour adhérer à la Cour pénale internationale et, éventuellement, déposer des plaintes formelles contre Israël concernant sa présence sur les territoires conquis lors de la guerre des six jours en 1967 .
Suite à cet épisode, Kerry a annulé sa rencontre avec Abbas, mais  a précisé que les négociations n’étaient pas mortes même si elles n’avaient jamais été aussi mal : »C’est le moment d’être vraiment lucide et sobre sur ce processus, il est est tout à fait prématuré de tirer des conclusions définitives sur les événements d’aujourd’hui, nous sommes encore, à  l’heure  où je vous parle, en prise directe avec les deux parties afin de trouver la meilleure façon de progresser »  a déclaré Kerry aux journalistes à Bruxelles hier, où il assistait à une réunion ministérielle de l’OTAN.
Selon le New York Times, les Etats-Unis voit l’ annonce télévisée d’Abbas comme une tentative de faire pression sur Israël, plus que de déclarer la fin des pourparlers. Le journal précise  même que des responsables américains avaient souligné que M. Abbas n’avait pas réellement cherché à rejoindre la Cour pénale internationale.
Et la tension monte en Israël, le ministre du Tourisme, Uzi Landau a averti que cette décision unilatérale de l’Autorité palestinienne de violer les conditions  de paix, coûtera cher à Mahmud Abbas, et qu’Israël pourrait répondre de plusieurs façons.
« En proférant ce genre de menaces, ils doivent s’attendre à payer un lourd tribut » a déclaré Uzi Landau.
Landau a averti qu’ Israël pourrait sanctionner économiquement l’Autorité Palestinienne en stoppant tout simplement  toute aide financière. À la mi-Mars, l’AP avait  annoncé la dette astronomique de 4,8 milliards de dollars   et un déficit budgétaire 2014  de 1,5 milliards de dollars. En Février, l’Autorité palestinienne devait  à la compagnie Electricité Israélienne 1,2 milliard de shekels (375 millions de dollars).
Mais des représailles israéliennes beaucoup plus dures sont à craindre, par exemple celles d’annexer  la Judée Samarie.  »L’une des mesures possibles est qu’ Israël applique la souveraineté sur les zones qui feront clairement partie de l’Etat d’Israël dans toute solution future », a ajouté Landau. Uzi Laudau se réfère ici aux  zones de Judée et de Samarie à forte population juive, proposées dans les négociations comme pourraient faire partie d’Israël. D’autant que si Abbas concrétise vraiment sa mise en scène télévisée, c’est un Casus Belli, une manière de déclarer les accords d’Oslo Caduc. C’est aussi ce qu’a précisé le Vice-président de la Knesset, Moshe Feiglin, (Likoud) :  »Si Abbas va à l’ONU il declare ainsi l’annulation des Accords d’Oslo et  la souveraineté israélienne absolue sur tous les territoires ».
par H.P. Benhamou pour Tel-Avivre -
http://www.tel-avivre.com