dimanche 27 avril 2014

"Israël" reconnaîtra-t-il le mouvement du Hamas ?

Palestine – CPI
Les événements de ces derniers jours passés au Sud (de l’entité sioniste) laissent penser à la politique à suivre envers la bande de Gaza. Cette politique devra être basée sur une bonne définition des intérêts. Et intérêt ne veut pas dire souhait. L’intérêt est une affaire très importante. Pour l’avoir, l’on doit être prêt à en payer le prix. Le problème, c’est que les intérêts israéliens auprès de la bande de Gaza sont très étroits et seulement sécuritaires.
Tout d’abord, nous les Israéliens, nous voulons le calme et en même temps empêcher la montée en puissance de Gaza, militairement parlant. La dernière opération de l’armée de l’air en est un exemple probant. Puis "Israël" n’a pas un intérêt politique dans la bande de Gaza. Et il y a un grand intérêt palestinien, ainsi qu’égyptien et jordanien, pour que la Cisjordanie et la bande de Gaza forment une seule entité politique. Mais "Israël" n’en a aucun.
Nos intérêts exigent que dans la bande de Gaza se trouve un pouvoir stable et politiquement responsable. Et c’est l’avis du général Sami Torjoman, le chef de la région sud. Et nous remarquons que seul le mouvement du Hamas peut constituer un pouvoir stable. Donc il est de l’intérêt d’"Israël" que le pouvoir du Hamas soit stable.
Par ailleurs, Gaza est un Etat, dans tous les sens du terme, en ayant les quatre conditions nécessaires. La bande de Gaza a ses frontières reconnues, son pouvoir central, sa politique extérieure indépendante et enfin, sa force militaire. Plus "Israël" traite Gaza comme un Etat, plus il aura des raisons de conserver un calme qui est de nos intérêts essentiels.
Cette dernière année, il y a eu une bonne opportunité. L’Egypte est devenue un ennemi du Hamas. Erdogan, de Turquie, ne pourrait aider le Hamas, vu ses problèmes intérieurs. La bande de Gaza est donc dépendante, plus que jamais, d’"Israël". Et ce dernier pourrait en profiter, par une bonne application de la politique du bâton et de la carotte.
En ce qui concerne la carotte, "Israël" pourra permettre à plus de produits de traverser les points de passage, à plus d’électricité et de carburant de servir la bande de Gaza. Il pourra même encourager les investissements étrangers dans la bande de Gaza, entre autres.
Et en ce qui concerne le bâton, "Israël" devra leur faire comprendre que toute violation du calme sécuritaire causera la cessation de ces avantages. De plus, toute violation engendrera une réplique militaire forte non seulement à ceux qui ouvrent le feu, mais aussi au Hamas, à ses intérêts et aux intérêts de son gouvernement.
Cette politique à deux tranchants ne pourra réussir qu’en cas de reconnaissance du Hamas comme le pouvoir supérieur, s’il peut bien évidemment imposer son pouvoir sur toutes les autres organisations et s’il comprend qu’il aura beaucoup à perdre si le calme ne perdure pas.
Lorsque la politique israélienne envers le Hamas a été fixée en le considérant comme un mouvement terroriste, avec qui tout contact est interdit, nous avons réagi de façon très puérile, en se disant que bien que le Hamas gouverne l’Etat de Gaza et qu’il ait été démocratiquement choisi, nous ne sommes pas obligés de reconnaître le Hamas, politiquement, comme il ne nous reconnaît pas. Cependant, il est de l’intérêt d’"Israël" de reconnaître la réalité du terrain pour en profiter pour nos intérêts. Notre intérêt est de créer de bonnes relations de voisinage, basées sur la persuasion.
Apparemment, renforcer le pouvoir du Hamas affaiblira les chances d’arriver à une solution politique. Toutefois, si ce n’était pas le Hamas qui maîtrise la bande de Gaza, ce serait le Djihad Islamique, ou pire : des organisations liées à Al-Qaïda qui n’ont aucun sens de la responsabilité. Le mouvement du Hamas reste le moins mauvais des régimes.
Article paru dans le journal hébreu Yediot Ahronot en avril 2014, traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI)