vendredi 11 avril 2014

Israël impose des sanctions financières aux Palestiniens

Par mesure de rétorsion après la récente demande d'adhésion des Palestiniens à une quinzaine de traités internationaux, Israël a annoncé, jeudi, des sanctions financières contre les autorités de Ramallah. Le reversement des taxes collectées par Israël pour le compte des Palestiniens est gelé jusqu'à nouvel ordre, selon un responsable de l'Etat hébreu qui s'est confié à l'AFP sous couvert d'anonymat.

Cette décision a des conséquences importantes pour les Palestiniens. Les taxes douanières et la TVA prélevées sur les marchandises transitant par Israël, qui les rétrocède à l'Autorité palestinienne, s'élèvent à quelque 80 millions d'euros par mois. Un montant qui représente plus des deux tiers des recettes budgétaires propres de Ramallah et contribue au paiement de plus de 150 000 fonctionnaires et aux coûts de fonctionnement des ministères. 

« PIRATERIE ISRAÉLIENNE »

Parmi les autres sanctions d'ordre économique, Israël a dans le même temps suspendu sa participation au développement d'un champ gazier au large de la bande de Gaza adjacent à un champ israélien. Un projet promu depuis plusieurs années par Tony Blair, l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, Union européenne et Russie).
L'Etat hébreu va également plafonner les dépôts bancaires palestiniens dans ses établissements financiers. En réponse, le négociateur palestinien Saëb Erakat a condamné jeudi soir « la piraterie israélienne et le vol des fonds du peuple palestinien », s'insurgeant contre « la violation du droit et des normes internationales par Israël ».
Auparavant, une nouvelle rencontre entre négociateurs israéliens et palestiniens, sous la houlette de l'émissaire américain Martin Indyk, s'était tenue dans un hôtel de Jérusalem pour tenter de surmonter la crise des pourparlers de paix, à laquelle participait Saëb Erakat, de même que la ministre de la justice israélenne, Tzipi Livni. « Il y a encore des divergences importantes. La rencontre n'a débouché sur aucune percée », a indiqué Saëb Erakat.
« VIOLATIONS FLAGRANTES DES ACCORDS »
D'après un responsable israélien, les nouvelles sanctions financières annoncées le 10 avril ont été décidées en réponse aux « violations flagrantes des accords conclus » précédemment sous la supervision des Etats-Unis. Israéliens et Palestiniens multiplient les gestes d'hostilité depuis qu'Israël a, fin mars, refusé de libérer des prisonniers palestiniens.
Selon l'entente conclue en juillet 2013, Tel-Aviv s'était pourtant engagé à libérer en quatre phases 104 prisonniers incarcérés avant 1993. En contrepartie, la direction palestinienne avait consenti à suspendre jusqu'à la fin des pourparlers toute démarche d'adhésion aux organisations internationales, y compris les instances judiciaires à compétence mondiale susceptibles de poursuivre Israël.
Les dirigeants israéliens réclament désormais une prolongation des négociations de paix au-delà du 29 avril pour pouvoir libérer la dernière vague de prisonniers prévus dans cet accord. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a riposté en signant le 1er avril les demandes d'adhésion de la Palestine à 15 conventions et traités internationaux, estimant que les nouvelles exigences posées par Israël pour ces libérations le déliaient de son engagement.
LA PALESTINE « CONTRACTANTE » DE LA CONVENTION DE GENÈVE
L'ONU a annoncé jeudi avoir jugé conformes aux procédures internationales les demandes palestiniennes d'adhésion à 13 traités ou conventions internationales dont les Nations unies sont dépositaires. La Palestine a par ailleurs demandé à la Suisse d'adhérer à la IVe Convention de Genève d'août 1949 sur la protection des civils en territoire occupé et aux Pays-Bas l'adhésion à la Convention de la Haye d'octobre 1907 sur les lois et coutumes de la guerre sur terre.
Selon des responsables palestiniens, la Palestine est officiellement devenue jeudi une « haute partie contractante » de la IVe Convention de Genève, qui interdit à la puissance occupante de transférer sa population en territoire occupé. Un texte considéré par les organisations de défense des droits de l'Homme comme une interdiction de la colonisation israélienne.