mercredi 16 novembre 2011

Les réactions israéliennes aux "Freedom Riders"

Cisjordanie - 16 novembre 2011
Par Mya Guarnieri
Après une courte conférence de presse à Ramallah mardi en début d'après-midi, des journalistes ont suivi le taxi collectif qui emmenait six Voyageurs de la Liberté palestiniens à l'arrêt de l'autobus, dans la colonie juive de Psagot, en Cisjordanie. Là les activistes, dont le docteur Mazin Qumsiyeh, professeur et auteur de "Résistance populaire en Palestine", et Huwaida Arraf, co-fondatrice du Mouvement Free Gaza, ont attendu l'autobus pour Jérusalem. La ligne 148, de la compagnie Egged, qu'ils devaient prendre, passe par le checkpoint Hizma, à l'entrée de la colonie juive de Pisgat Zeev, située à Jérusalem Est, à l'extérieur de la Ligne verte.
Les réactions israéliennes aux 'Freedom Riders'
Les Israéliens qui attendaient à l'arrêt de l'autobus, une femme dans la quarantaine et un soldat en permission, ont rapidement pris leurs distances par rapport aux activistes qui portaient des keffieh et des t-shirts portant les mots Liberté, Justice et Dignité en arabe et en anglais.
Magi Amir, résidente de Rimonim, a expliqué à +972 qu'elle s'était écartée du groupe parce qu'elle a entendu des gens parler arabe.
"Je ne pense pas qu'ils ont besoin d'être ici," continue Amir. "Ils n'ont qu'à rester dans leurs villages et dans leurs maisons, pourquoi sont-ils sur notre secteur ? Pouvons-nous aller à Ramallah ? Si nous allons à Ramallah, ils nous tuent. Pouvons-nous aller dans leurs villages ou leurs secteurs ? Nous ne pouvons pas y entrer."
Amir ajoute que, selon elle, les Israéliens juifs ne peuvent pas se fier aux Palestiniens ni les croire. "Ils vont faire des attaques terroristes," dit-elle.
D'autres colons juifs qui sont arrivés et ont attendu l'autobus font écho au sentiment d'Amir, remarquant qu'ils ont peur pour leur sécurité.
Un jeune de 16 ans, qui a souhaité rester anonyme, dit que les Voyageurs de la Liberté ne devraient pas monter dans l'autobus parce que, "C'est un autobus israélien."
"Nous vivons ici, c'est notre terre," dit-il.
Interrogés sur ceux qui pensent différemment, le jeune répond : "Ceux qui disent que c'est une terre palestinienne n'en ont pas la preuve."
Il ajoute que les Palestiniens ont beaucoup de liberté. "Nous leur donnons des cartes d'identité et ils peuvent faire ce qu'ils veulent."
+972 a demandé au jeune, qui habite Maale Adumim, si les Palestiniens peuvent faire ce qu'ils veulent, alors pourquoi ne peuvent-ils pas monter dans un bus pour Jérusalem ?
"Ok", a-t-il dit, "ils peuvent faire ce qu'ils veulent... Je ne veux pas qu'ils montent dans le bus."
Deux autobus Egged ont ralenti puis ont continué. Lorsque le troisième s'est arrêté et a ouvert ses portes, les six activistes sont montés, ainsi qu'un policier israélien et une bonne vingtaine de journalistes.
Une adolescente aux longs cheveux blonds, voyant les activistes monter dans l'autobus, a dit à une amie au téléphone : "Qu'est-ce qu'ils font ? Ils ont leurs propres bus ?" Elle a écarté le portable de sa bouche et a crié aux activistes masculins : "Fils de putes !"
"Espèce de putain," a-t-elle crié à Arraf, la seule femme du groupe des Voyageurs de la Liberté.
A bord de l'autobus, la présence des Palestiniens a déclenché une dispute entre deux jeunes juives israéliennes, âgées de 13 et 17 ans.
"Ce sont des animaux," a dit la plus jeune.
"Non, pas tous," a répondu l'autre.
Lorsque la plus jeune a mentionné qu'un membre de sa famille avait été blessé dans une attaque terroriste, la plus âgée a dit qu'un de ses amis aussi.
La plus jeune a insisté. La violence, "c'est les Arabes ; c'est le peuple."
"Tu es juive et toi aussi tu as ton peuple. Quel est le lien ?" a dit la plus âgée, en roulant les yeux.
L'autobus a été stoppé à Hizma et n'a pas été autorisé à passer le checkpoint. Les forces israéliennes ont pris les cartes d'identité des militants et ont essayé d'emmener Badia Dweik, un activiste qui a été arrêté pendant la Première intifada, alors qu'il avait 15 ans. Dweik a résisté sans violence et s'est retrouvé étendu par terre sur les marches de la sortie arrière de l'autobus pendant un moment.
Après être resté quelques temps au checkpoint, le véhicule a été dirigé vers un parking.
Au coucher du soleil, les forces israéliennes ont envahi l'autobus et ont dit aux six activistes qu'ils étaient sous arrestation et qu'ils avaient le choix entre descendre du bus tranquillement ou bien d'en être délogés de force. Les activistes ont tous refusé de quitter l'autobus. La police et des policiers des frontières les ont saisis aux bras et aux jambes et les ont tirés à l'extérieur du bus. On a entendu le bruit de la tête d'un militant cognant les marches de l'autobus alors que les forces israéliennes le traînaient.
Les six ont été embarqués dans une jeep militaire via la prison d'Atarot.
Mohamed Jaradat, journaliste palestinien basé à Ramallah qui a une carte d'identité verte, a été détenu par la police israélienne. Les membres de +972 ont rappelé à un policier que Jaradat était journaliste.
"Et alors ?" a répondu le policier.
Jaradat nous a dit que la police avait décidé de l'emmener au checkpoint et de le laisser de l'autre côté. Plus tard dans la soirée, toutefois, Hurriyah Ziada nous a appris que Jaradat avait été arrêté.
PS. Tous les détenus ont été libérés dans la soirée.
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Source : +972mag
Traduction : MR pour ISM
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