lundi 17 octobre 2011

Rencontre sous tension entre Sarkozy et Abbas

publié le lundi 17 octobre 2011
Alain Barluet - Le Figaro

 
Le président de l’Autorité palestinienne déplore la tiédeur du soutien français.
Derrière les sourires, les arrière-pensées. Reçu vendredi à l’Élysée par Nicolas Sarkozy pendant une heure, Mahmoud Abbas n’a pas manqué, à sa sortie, de remercier son hôte pour ses initiatives en faveur de la relance du processus de paix. Le président palestinien a même souhaité que « la France joue un rôle essentiel et de plus en plus grand » dans ces efforts. Mais le mutisme des porte-parole officiels, à l’issue de la rencontre, a laissé entrevoir que, sur le fond, les choses n’ont guère progressé depuis que la Palestine a demandé son adhésion à l’ONU, le mois dernier.
Entre Paris et l’Autorité palestinienne, quelques ressentiments se sont même installés après le vote, à l’Unesco, le 5 octobre, d’une recommandation visant l’attribution à la Palestine d’un statut de membre au sein de cette agence onusienne en charge de la science et de la culture. Cette recommandation doit maintenant être soumise aux suffrages de la Conférence générale de l’Unesco qui se tiendra du 25 octobre au 10 novembre. L’Espagne a d’ores et déjà annoncé qu’elle voterait pour. En s’abstenant, le 5 novembre, la France a suscité dans le camp palestinien une incompréhension à laquelle certains de ses représentants n’hésitent pas à faire écho dans le privé.
Vendredi, sur le perron de l’Élysée, Mahmoud Abbas a salué le discours prononcé par Nicolas Sarkozy à la tribune de l’ONU, le 21 septembre, et consacré, a-t-il dit, « au soutien de la cause palesti­nienne ». Manifestement toutefois, le chef de l’État n’entend pas dévier d’une ligne qu’il juge équilibrée. Après son abstention à l’Unesco, Paris s’est justifié en soulignant que la priorité était la reprise du dialogue et que ni l’enceinte, ni le moment n’étaient « appropriés » pour une reconnaissance de la Palestine. D’autres sources palestiniennes reprochent à la diplomatie française, non sans quelque mauvaise foi, de n’avoir pas indiqué assez tôt sa préférence pour le vote, par l’Assemblée générale, d’un statut intermédiaire d’« État observateur » de la Palestine aux Nations unies. Une piste toujours privilégiée à l’Élysée, où elle est considèrée comme « la seule option qui permettrait à Mahmoud Abbas de faire un pas de géant ».
Surplace
Le dirigeant palestinien n’en a pas moins réaffirmé, vendredi, sa détermination à voir se poursuivre le processus au Conseil de sécurité, sans toutefois mentionner d’échéance. « C’est comme une voiture qui fonce contre un mur en accélérant », commente un diplomate français en soulignant que « pourtant nous avons déployé tous nos efforts pour éviter une solution qui n’arrange personne, y compris les Israéliens ». L’option du passage par l’Assemblée générale n’est officiellement pas envisagée par Mahmoud Abbas, pour qui changer de cheval au milieu du gué serait coûteux politiquement. D’autant que les Occidentaux, dont la France, souhaitent assortir un éventuel statut d’observateur de restrictions empêchant les Palestiniens de recourir à la Cour pénale internationale. Par ailleurs, aucune ouverture ne se dessine côté israélien, notamment sur le dossier crucial de la colonisation qui se poursuit. Le surplace prévaut. À l’ONU, « le malade palestinien a été placé en coma artificiel dans son propre intérêt », souligne un diplomate, en estimant que les Palestiniens ne disposeraient pas des neuf voix nécessaires au Conseil de sécurité. Tous les espoirs se reportent donc sur le Quartette (UE, ONU, Russie, États-Unis). Des espoirs bien maigres, Paris répétant que « la méthode du Quartette a échoué ».
Publié par le Figaro
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