samedi 8 janvier 2011

L’Autorité Palestinenne livre des résistants à Israël, qui assassine un habitant de 65 ans

Publié le 7-01-2011

L’armée israélienne a admis une « bavure », après l’assassinat, d’un Palestinien de 65 ans, massacré dans son sommeil par une équipe de tueurs en uniforme.
Amr Qawasme dormait dans sa maison de Hébron (Al Khalil) lorsque les militaires israéliens y ont fait irruption, et l’ont fusillé sous le regard horrifié des autres membres de sa famille.
Cet habitant n’était pas connu pour avoir un engagement politique quelconque, et ne faisait l’objet d’aucun avis de recherche, ni de la part des Israéliens, ni de leurs collaborateurs au sein de l’Autorité Palestinienne.
Il avait le malheur d’habiter le même immeuble qu’un militant du Hamas, que l’armée israélienne était venue arrêter, quelques heures seulement après avoir été « libéré » des geôles de l’Autorité Palestinienne. Le militant du Hamas –capturé par l’armée israélienne dans les minutes suivant l’assassinat de Amr Qawasme- avait en effet été détenu, avec cinq autres compagnons du même parti, par la police de Mahmoud Abbas, depuis le mois de septembre 2010, et ce sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.
Les six militants du Hamas avaient eux-mêmes été arrêtés par l’Autorité Palestinienne, sur demande des autorités d’occupation israéliennes, après un attentat en Cisjordanie où quatre colons avaient péri. L’attentat avait été revendiqué par les brigades Ezzedine el Qassam, branche militaire liée au Hamas.
Mais ces six militants ont entamé une grève de la faim pour protester contre l’arbitraire de leur détention, et en ont appelé à l’arbitrage de l’émir du Qatar. Selon la presse israélienne et palestinienne de vendredi, l’émir du Qatar a alors demandé à Mahmoud Abbas de libérer les hommes, ce que le « Président » de l’Autorité Palestinienne a accepté.
Ou plutôt feint d’accepter. Car si les militants du Hamas ont bien quitté la prison de Bethléem où ils croupisssaient depuis septembre, et été autorisés à regagner leurs domiciles respectifs (Hébron pour cinq d’entre eux, dont le voisin de Amr Qawasme, Bethléem pour le sixième), rien n’a été fait, bien au contraire, pour les protéger de l’armée israélienne.
Il faut se rappeler qu’aux termes d’accords indignes signés par l’Autorité Palestinienne, la ville de Hébron a un statut encore plus monstrueux qu’ailleurs en Cisjordanie occupée.
Hébron est ainsi divisé entre un secteur H2, officiellement sous contrôle total israélien, où quelques centaines de colons, appuyés par 2.000 soldats, exercent au quotidien leur terrorisme à l’encontre de la population palestinienne, bien plus nombreuse, et un secteur H1, qui s’étend sur l’essentiel de la ville, théoriquement sous « contrôle palestinien ».
Ledit « contrôle palestinien » signifie qu’on peut voir, à tous les croisements de rue du secteur H1, des policiers palestiniens en uniforme, armés et dotés de véhicules flambant neufs. Mais l’armée israélienne continue en réalité de faire ce qu’elle veut, y compris dans ce secteur. « C’est bien simple : quand vous voyez les flics palestiniens remonter dans leurs voitures et s’éloigner vers leurs casernes, vous pouvez être sûr que dans le quart d’heure qui suit, des patrouilles israéliennes vont venir faire leur sale besogne : arrestations, voire assassinats. La fiction de ces policiers palestiniens, censés incarner une ‘autorité’ fantoche, ne trompe plus personne depuis longtemps . Au mieux, ils jouent le même rôle que les canaris en cage, dont le silence soudain avertissait les mineurs de charbon d’une catastrophe imminente », nous déclarait il y a quelques jours un militant de Hébron, lors de la mission de Noël en Palestine conduite par CAPJPO-EuroPalestine.
Mais le raid qui a coûté la vie à Amr Qawasme s’est produit de nuit, à une heure où les canaris étaient au bercail depuis longtemps.
CAPJPO-EuroPalestine