samedi 11 décembre 2010

Pour Washington, la paix incombe aux Israéliens et aux Palestiniens

11/12/2010
Dans une lettre à la chef de la diplomatie de l'UE, 26 anciens responsables européens, dont Javier Solana, demandent des sanctions contre Israël en raison de la poursuite de la colonisation.
Washington demeure engagé dans la recherche de la paix au Proche-Orient mais il incombe à Israël et aux Palestiniens de mettre fin à leur conflit, selon le porte-parole du département d'État, P.J. Crowley.
La secrétaire américaine d'État, Hillary Clinton, doit prononcer samedi à Washington un discours dont le département d'État a dévoilé les grandes lignes. « Elle affirmera que les États-Unis restent engagés dans ce processus mais que la responsabilité de mettre fin au conflit repose en fin de compte sur les parties elles-mêmes », a annoncé M. Crowley.
L'administration Obama a entériné cette semaine l'échec des négociations directes relancées début septembre à Washington, en annonçant qu'elle ne cherchait plus à parvenir à un nouveau moratoire sur les constructions dans les colonies juives de Cisjordanie. Washington essaie toutefois de reprendre la voie des négociations indirectes, multipliant les navettes diplomatiques entre les deux parties pour tenter de progresser sur la question des frontières ou de la sécurité.
« (Mme Clinton) va appeler les deux parties à commencer à se saisir des questions au cœur du conflit : les frontières, la sécurité, les réfugiés, les colonies, l'eau et (le statut de) Jérusalem », a poursuivi P.J. Crowley. La secrétaire d'État, qui a rencontré ces derniers jours les négociateurs israélien et palestinien et devait voir avant son discours le Premier ministre palestinien Salam Fayyad et le ministre israélien de la Défense Ehud Barak, devrait exposer les mesures que Washington souhaite leur voir prendre dans les semaines et les mois à venir.
Pour éviter un retour de la violence dans la région, les États-Unis doivent « combler le vide » actuel au moyen de « négociations séparées avec chacune des parties », a préconisé pour sa part Ziad Asali, leader du lobby américain propalestinien ATFP, dans une tribune publiée par le site Huffington Post. Mais le négociateur palestinien Saëb Erakat, première personnalité reçue hier au département d'État, a jugé à sa sortie « prématuré d'évoquer un plan d'action ».
Le président américain Barack Obama refuse de baisser les bras, a de son côté souligné son porte-parole Robert Gibbs : « Quels que soient les revers à court terme, il continuera à s'impliquer. »
La Ligue arabe doit se réunir la semaine prochaine, après une rencontre à Ramallah entre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et l'émissaire américain, George Mitchell. Mais les Palestiniens ont déjà indiqué clairement qu'une reprise des pourparlers directs serait impossible sans le gel des colonies. Ce sujet était d'ailleurs au menu d'une réunion, hier à Ramallah, du Comité politique palestinien, qui regroupe des membres du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Par ailleurs, les pressions se sont accumulées hier sur l'Europe pour durcir sa position à l'égard d'Israël. Dans une lettre à la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton, 26 anciens responsables européens, dont son prédécesseur Javier Solana, demandent des sanctions contre Israël en raison de la poursuite de la colonisation. Ils réclament un ultimatum pour avril 2011, faute de quoi ils proposent d'en référer « à la communauté internationale », c'est-à-dire aux Nations unies, alors que l'Argentine et le Brésil viennent de reconnaître unilatéralement l'État palestinien.
Initiée par l'ex-commissaire aux Relations extérieures, Chris Patten, et l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, la lettre est signée notamment par l'ex-chancelier allemand Helmut Schmidt et l'ancien président de la Commission européenne, l'Italien Romano Prodi.
Les ministres des Affaires étrangères se réunissent lundi à Bruxelles pour parler du sujet. Mais ils devraient se contenter de réclamer des « progrès urgents » en vue d'un État palestinien et proposer de l'aide à Gaza.