samedi 11 décembre 2010

Israël : Tollé après l’appel de 310 « rabbins racistes »

publié le vendredi 10 décembre 2010
Serge Dumont

 
Un arrêté religieux interdisant de louer ou de vendre un bien immobilier à des Arabes ou à des non-juifs. Les réactions n’ont pas tardé
« La Torah interdit de vendre ou de louer un bien immobilier à un étranger. » Les périodiques religieux et ultraorthdoxes israéliens publient ce vendredi un texte signé par 310 rabbins appelant leurs ouailles à ne pas louer ou vendre un bien immobilier à des Arabes israélien ou à des goyim (non-juifs). La liste des signataires comprend quelques dizaines de rabbins en fonction dans les colonies de Cisjordanie, mais la majorité d’entre eux officient dans des villes de l’intérieur de l’Etat hébreu, telles Eilat, Metulla, Ashdod, Sderot, Naharyha et Hod Hasharon.
« De nos jours, l’excommunication n’existe plus, mais ceux qui louent ou vendent à des étrangers font du tort aux Juifs et doivent être dûment morigénés en privé d’abord, en public ensuite », écrivent ces ministres du culte parmi lesquels figurent Haïm Drukman et Shlomo Aviner, deux grands noms du rabbinat israélien.
Statut de fonctionnaire
Tout a commencé le 15 novembre [1]lorsque le rabbin de Safed, ­Shmuel Eliyahou, a publié un premier manifeste appelant ses ouailles à dénoncer les personnes louant à des non-juifs. Agé de 89 ans, l’un des propriétaires visés a été boycotté par ses voisins et anonymement menacé de mort. Ce qui n’a pas empêché une cinquantaine d’autres rabbins de prendre à leur nom l’appel lancé par Shmuel Eliyahou. Celui-ci a ensuite fait boule de neige pour atteindre jeudi 310 signataires.
« Je ne suis pas raciste, mais il me semble normal que les Juifs préservent leurs droits dans le seul Etat dont ils disposent », a déclaré hier le rabbin Haïm Drukman interviewé par la radio publique.
En Israël, les rabbins sont des fonctionnaires rémunérés par l’Etat. Dans les villes, où ils incarnent l’autorité religieuse, ils bénéficient du même salaire que le maire ainsi que de collaborateurs et d’une petite infrastructure administrative indépendante. Leur pouvoir et leur influence sont donc plus importants que ceux des pasteurs et des prêtres européens.
Les nazis « ont fait de même »
Certes, l’appel des 310 « rabbins racistes » provoque une série de réactions vigoureuses à Jérusalem. Parmi elles, celle du président Shimon Peres qui demande aux signataires de « revenir aux vraies valeurs juives », et celle du premier ministre Benyamin Netanyahou pour lequel le texte litigieux « n’a pas sa place dans un Etat juif et démocratique ». Quant au président de l’Association internationale des survivants de l’Holocauste, Noah Flug, il rappelle que « les nazis ont fait la même chose aux juifs en Allemagne ». Des propos appuyés par la direction et par le personnel de Yad Vashem (Jérusalem), l’institut chargé de perpétuer la mémoire de la Shoah.
Mais le ministre de la Justice, Yaakov Neeman, et le Parquet général semblent n’en avoir cure. En tout cas, ils affirment ne pas vouloir se saisir de l’affaire alors que les signataires de l’appel ont trahi le devoir de réserve imposé à tous les fonctionnaires de l’Etat et qu’une législation condamnant les actes, les paroles ou les écrits à caractère raciste a été votée par la Knesset en 1988.
publié par le Temps
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8a7... ajout de note : CL, Afps
ajout de note : CL, Afps