mercredi 1 décembre 2010

Hamas est-il en train de dévier ?!

mardi 30 novembre 2010 - 12h:29
Collectif Cheikh Yassine
De notre point de vue, eu égard à l’ensemble des données factuelles, Hamas a donc fait le seul choix qui s’imposait !...
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Cet article est une volonté de répondre aux deux derniers paragraphes de l’article La saison "des abaissements" palestiniens (*) rédigé par le journaliste palestinien Abdel Bari Atwan paru originellement en langue arabe, dans le journal Al Quds Al Arabi.
« Notre reproche va au mouvement "Hamas" plus qu’à tout autre, nous le lui disons avec amertume car, en tant que chef de file des mouvements constitutifs du camp de la résistance en Palestine il aurait "facilité" ces concessions en fermant les yeux sur la pratique de certains de ses responsables ou considérés comme tels, pratique exactement comparable à celle de M. Abd Rabo : de leur propre initiative, et sans qu’il ne leur soit demandé, ils ont proposé des projets de règlement d’autant plus proches de ceux de l’Autorité que de tout autre, comme l’acceptation d’un Etat en Cisjordanie et à Gaza en échange d’une trêve ou par la reprise de nouveaux pourparlers de réconciliation avec l’Autorité dont ils mettent, par ailleurs en cause la légitimité, la représentativité et la capacité de traiter au nom du Peuple Palestinien.
Ainsi en fut-il de la rencontre à Damas avec une délégation de l’Autorité à laquelle il fut manifesté la propension au retrait de nombre de réserves et d’oppositions à la feuille égyptienne tout ceci en concomitance avec la poursuite des négociations directes auxquelles le Hamas s’est déclaré farouchement opposé. »
Abdel Bari Atwan


Il s’agit à la fois de répondre à la conclusion certainement hâtive faite par Mr Atwan et à tous ceux qui observent la cause palestinienne, uniquement et sans cesse, à travers leurs seules œillères !
Notre situation de militants de la cause palestinienne n’est en rien comparable à celle de tous les Palestiniens résistants vivant et agissant en Palestine occupée. C’est une donnée essentielle pour nous autres observateurs/militants et qui devrait nous conduire souvent, à avoir plus d’empathie envers ceux qui sont en train de vivre la réalité de la résistance et qui en paient le prix fort face au collaborationnisme, au soutien et au silence complice de l’humanité entière ! La situation est sans aucun doute bien plus complexe que celle que nous arrivons à observer vue de l’extérieur !
La réalité de la situation sur le terrain
Depuis le virage de Camp David, jusqu’à aujourd’hui, en passant par Oslo et Madrid, le père historique de la résistance, à savoir Fatah, n’a cessé de faire des concessions qui ont conduit à quasiment tuer la cause palestinienne ! Et sous couvert de légitimité historique on ne peut s’attaquer au père et encore moins le tuer (au sens psychanalytique de l’expression bien entendu) et ce aussi corrompu soit-il !!! Nous devons être capables d’admettre qu’hier la résistance existait à travers le Fatah et qu’aujourd’hui elle demeure... mais sans lui ! Ceci représentant évidemment le handicap majeur des forces de résistance loyales agissant en Palestine occupée !
La Palestine qui était censée être la première cause de 1,5 milliard de musulmans sur la planète s’apparente de plus en plus aujourd’hui à ce phénomène observé dans le monde chrétien : une tombe familiale que l’on va fleurir une fois par an, qui permet de se donner bonne conscience et de se sentir appartenir à une communauté de croyants !... (la très fameuse oumma...)
Les institutions internationales, (l’ONU & Co) qui ont été soi-disant créées sur la base de critères mettant en avant les concepts du droit des peuples à l’autodétermination, des droits de l’homme, de la nécessaire mise en place d’une justice internationale et blablabla... ont encadré de facto et légitimé le génocide que vivent les Palestiniens depuis plus de 62 ans et, dans le cadre d’une mise en scène servant un plan parfaitement établi dès l’origine, à savoir la disparition complète de la Palestine historique au profit « du peuple juif », elles ont adopté plusieurs centaines de résolutions qui ont été superbement ignorées et méprisées toutes, sans exception aucune, sans que cela ne nécessite - y compris sur un plan purement formel - la moindre réaction proportionnelle comme ce fut notamment le cas pour l’Irak, l’Afghanistan, ou pour d’autres terrains encore ...
Au milieu de tout cet exceptionnel chaos, la résistance palestinienne se trouve exactement dans la situation décrite par Tarek Ibn Ziyad à son armée après qu’ils eurent traversé le détroit de Gibraltar et qu’il eut fait bruler tous les bateaux qui les avaient transportés : « La mer est derrière vous et l’ennemi est devant nous, et vous n’avez que l’authenticité et la patience (...) Et sachez que vous êtes comme des orphelins à la table des avars ! » (...)
Il ne faut jamais perdre de vue que nous avons d’une part, un morcellement tout azimut du territoire historique palestinien qui progresse inexorablement chaque jour et, que rien ni personne n’est en mesure ni n’a la volonté d’arrêter et, que d’autre part, le collaborationnisme éhonté de l’Autorité illégitime palestinienne est de plus en plus décomplexé et ouvertement observable par tous, en particulier sur le terrain de la répression de toutes les formes de contestation résistantes. (Il a atteint ces deux dernières années des sommets himalayens !)
Dans ce contexte précis, il y a déjà quelques années, si Hamas avait refusé la « trêve » et la possibilité d’établir une sorte de refuge (la Cisjordanie et Gaza) permettant à la résistance de se renforcer et de se structurer pour pouvoir mener son combat de manière organisée et efficace, espérant par ailleurs, que les masses arabes et musulmanes allaient s’identifier à cette résistance pour l’accompagner par un combat mené à l’extérieur, cela risquait bel et bien, de signifier tout simplement l’éradication définitive de la résistance et de la cause palestinienne !
Sur un point, Mr Atwan a remarquablement dévoilé la réalité : l’actuelle Autorité illégitime palestinienne, par une confiscation totale du pouvoir est en train de conclure la transaction qui mettra fin à la cause palestinienne ! Selon lui, la responsabilité en incombe à l’ensemble de l’appareil du Fatah, à l’OLP, aux autres factions ainsi qu’à l’ensemble du peuple palestinien. C’est un point de son analyse qu’il nous est impossible de partager ! S’il est manifeste que par son acceptation des Accords d’Oslo et par la pratique de la corruption enracinée chez le Fatah, l’OLP est responsable de la dilapidation des droits fondamentaux des Palestiniens ; il ne semble, ni raisonnable, ni juste de stigmatiser pareillement l’ensemble du peuple palestinien ! L’inclure lui, ainsi que les autres organisations qui ont dès le départ rejeté et dénoncé ces pratiques et ont opté pour d’autres stratégies est non seulement simpliste et erroné mais peut s’avérer en outre être dangereux !
Observons les deux principales voies suivies, à savoir celle du FATAH d’un côté puis celle de Hamas de l’autre. Nous avons là deux démarches diamétralement différentes ! Dans le cas du Fatah, nous sommes en présence d’un cartel mafieux organisé autour de ses seuls intérêts propres, en connivence totale avec l’ennemi comme l’a décrit si précisément et si finement le texte de Atwan. Ici, la volonté qui découle logiquement des décisions antérieures prises (Accords d’Oslo) est aujourd’hui pleinement dévoilée : mettre fin au conflit par l’abdication et pire encore in fine servir servilement le sionisme. Le résultat, déjà largement et dramatiquement observable, est en premier lieu le constat qu’un certain nombre de Palestiniens sont totalement soumis et subordonnés à la folie de l’idéologie sioniste et en second lieu aux diktats occidentaux (en particulier dans le domaine économique). D’un autre côté, pour le mouvement de résistance Hamas, la démarche consiste à sauvegarder l’ensemble des droits fondamentaux et des intérêts palestiniens et à s’en donner les moyens !
Cette voie exigeante, la plus difficile à suivre aussi, nécessite de mettre en place une politique intègre, à la fois responsable et réaliste qui repose sur une conscience de la valeur de l’éthique. C’est le chemin suivi par la Résistance en Palestine occupée ! Notons néanmoins que la voie empruntée par cette résistance ne saurait se réduire à l’usage sporadique de la violence (qui est en terre de Palestine occupée, comme sur tous les territoires colonisés et occupés de la planète une réponse tout à fait légitime aux droits inaliénables des peuples à se défendre contre l’occupant criminel !) Non, il s’agit d’une voie de résistance choisie en tant que stratégie qui mobilise tous les moyens à disposition pour le maintien des droits inaliénables du peuple palestinien. Cette stratégie devant avoir un impact positif sur l’ensemble de la société palestinienne de telle sorte, à ce que cette dernière supporte cet effort : al amâna. Dès lors, si le combat apparaît bien comme étant profondément juste et si c’est bien la dignité de tout un peuple qui est recherchée, alors comment pouvoir agir de telle sorte à mettre en péril ces intérêts supérieurs et à conduire le mouvement de résistance vers un suicide politique ?!!!
En tant que dirigeant responsable, il s’agit d’un devoir évident que de classer objectivement ces impératifs en fonction de ce qui apparaît clairement comme étant prioritaire. Jusqu’à preuve du contraire, la libération de la Palestine occupée par le biais de la résistance demeure le socle fondamental dont découlent toutes les autres exigences. Et si le mouvement Hamas en est le garant, il ne s’agit pas là, comme on voudrait nous le faire croire si souvent de l’option politique choisie pour contrer le collaborationnisme du Fatah pour en dernier ressort, ne gagner que d’une façon « cynique » le pouvoir. En aucune façon ! Hamas c’est la résistance ! C’est la résistance avant tout parce qu’il s’agit-là du choix de la majorité du peuple palestinien. HAMAS est aujourd’hui le porte-parole de la résistance parce que toutes les factions palestiniennes résistantes en ont décidé ainsi ! Il s’agit donc bien d’un consensus national et c’est à ce titre que Hamas représente le peuple palestinien en lutte pour sa libération ! Normal, puisque Hamas incarne totalement l’esprit de la Résistance dans l’absolu ainsi que ses valeurs. Dans cette perspective, il ne fait aucun doute que Hamas est resté fidèle à son engagement premier !
Certes, la réalité matérielle, psychologique et politique en Palestine occupée est plus que préoccupante ! Si préoccupante qu’elle pourrait même laisser paraître un début de perte de repères dans un jeu politique troublé. Pourtant, l’on s’aperçoit si l’on est lucide et un tant soit peu honnête que les décisions prises par la résistance palestinienne visent incontestablement l’objectif fondamental premier : libérer la terre de Palestine occupée de l’occupation criminelle sioniste et permettre à un peuple, indigènes et réfugiés, d’autodéterminer pleinement son avenir !
De fait, on peut largement apprécier les choix de la résistance palestinienne à la lumière des enseignements islamiques puisque cette dernière s’en nourri largement et en adopte la même ligne de conduite morale.
En terre de Palestine occupée, Hamas ne pouvait et ne peut toujours pas faire un autre choix que celui de suivre les traces du prophète Mouhammad (SWS) lorsqu’il a accepté le pacte d’al Houdaybiya ; pacte qui consistait en un repli stratégique pour réorganiser et renforcer les rangs des musulmans. A l’époque du prophète (SWS) celui-ci s’avéra in fine être un pas décisif pour la propagation de l’islam à travers le monde.

Le pacte d’al Houdaybiya et ses enseignements
Une mise à l’épreuve
‘Othman bin ‘Affan se rendit alors à la Mecque et transmit le message du Prophète (SWS) à Abou Soufyan et aux autres leaders de Qouraish. Après avoir entendu le message, ils dirent : « Si tu veux aller au sanctuaire, tu peux y aller. » Mais ‘Othman répondit : « Je n’en ferai rien tant que le Prophète ne l’aura pas fait lui-même après en avoir reçu l’autorisation. »
Le pacte de Ridhwan
Les musulmans, de leur côté, attendaient avec impatience le retour de ‘Othman. Comme il tardait à revenir, ils s’imaginèrent qu’il avait été tué par Qouraish. Ils en firent part au messager d’Allah (SWS) qui leur demanda de faire le vœu de venger la mort de ‘Othman. Ils se rassemblèrent tous autour du messager (SWS) sous l’ombre d’un arbre, le messager (SWS) reçut le serment de chacun, un par un, et lorsque tous furent passés devant lui, il frappa ses mains ensemble et dit : « Ceci est le serment que je fais au nom de ‘Othman. » C’est ainsi que, à l’ombre d’un acacia, fut conclu le pacte de Ridhwan dont le Coran parle en ces termes :
« Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté serment d’allégeance sous l’arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs cœurs et a fait descendre sur eux la quiétude. Et Il les a récompensés par une victoire proche. » (Coran, 48:18)
Pourparlers, conciliations et accord
L’impasse persistait toujours lorsque, dans le but de la dénouer, Boudayl bin Warqa’, de la tribu de Khouza’a, apparut tout à coup en compagnie de membres de sa tribu. Il demanda au messager (SWS) : « Pour quelle raison êtes-vous venus ici ? ». « Nous sommes venus ici », répondit ce dernier, « dans le but de faire la ‘Omra ». Puis il poursuivit : « Les gens de Qouraish sont déjà complètement épuisés par les guerres. S’ils acceptent, je ferai la paix avec eux pour une période de temps déterminée, en échange de quoi ils nous céderont le passage à mes compagnons et à moi. S’ils décident d’embrasser l’islam à leur tour, ils seront accueillis à bras ouverts. Mais si aucune autre solution que la guerre ne leur paraît acceptable, alors par Celui qui tient mon âme entre Ses mains, je les combattrai jusqu’à ce que je sois décapité ou qu’Allah donne la victoire à Sa religion. »
Boudayl bin Warqa’ communiqua à Qouraish les propos du messager (SWS). Ourwa bin Masoud al-Thaqafi, qui était présent, conseilla à Qouraish d’accepter la proposition du prophète (SWS) car elle lui apparaissait plus que raisonnable. Il proposa également d’aller lui-même rencontrer le Prophète (SWS) ce que Qouraish s’empressa d’accepter. Ourwa alla donc le voir pour discuter de cette affaire avec lui. Tandis qu’il était près de lui, il observa attentivement le comportement des musulmans envers leur chef et remarqua à quel point il le respectait. Quand il parlait, ils l’écoutaient tous avec grande attention et nul n’osait le regarder droit dans les yeux. Lorsqu’Ourwa retourna voir les leaders de Qouraish, il dit : « J’ai visité les cours des rois et j’ai vu les splendeurs de César, de Chosroes et de Négus. Mais jamais je n’ai vu de roi plus révéré que ne l’est Mouhammad de ses compagnons. » Il leur rapporta les détails de sa discussion avec le messager (SWS) et leur réitéra son conseil d’accepter sa proposition.
Le traité de paix
Durant ce temps, un homme de Bani Kinana, Mikraz bin Hafs, arriva à la Mecque. Il confirma les informations rapportées à Qouraish par les émissaires précédents ; ils décidèrent donc d’envoyer Souhayl bin ‘Amr pour négocier les termes du traité. Dès que le prophète (SWS) le vit arriver, il dit : « Le fait qu’ils envoient cet homme semble signifier qu’ils veulent faire la paix. » Il demanda également à ce que l’on prépare le traité.
Prudence et modération exemplaires
Le messager d’Allah (SWS) fit venir ‘Ali et lui dit d’écrire : « Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux... ». Souhayl protesta immédiatement : « Je n’admets pas le terme ""Miséricordieux" ; écrivez plutôt ce qui est d’usage. » Alors le prophète (SWS) dit à ‘Ali : « Écris : en Ton nom, ô Allah. » Certains musulmans élevèrent des objections : «  Non ! Nous devons écrire : au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux. » Mais le prophète (SWS) dit à nouveau : « Écris : en Ton nom, ô Allah. »
Puis il demanda à ‘Ali d’écrire : « Voici ce que Mouhammad, le Messager d’Allah, a décidé. » Encore une fois, Souhayl protesta : « Je jure par Allah que si nous t’avions reconnu comme messager d’Allah, nous ne t’aurions pas chassé de Sa Maison ni ne t’aurions combattu. Écrivez plutôt : Mouhammad bin ‘Abdallah. » « Même si tu ne crois pas en moi, je suis bel et bien le Messager d’Allah », répondit le prophète (SWS) mais il demanda à ‘Ali d’effacer ce qu’il venait d’écrire. « Par Allah, j’en suis incapable », répondit ce dernier. Le messager (SWS) lui demanda de lui indiquer les mots qui devaient être effacés (car il ne savait pas lire) ; il les lui indiqua et le messager (SWS) les effaça lui-même.
Le traité
Le Messager (SWS) se mit ensuite à dicter les clauses du traité : « Selon cet accord, Qouraish n’aura pas le droit d’interdire le passage aux musulmans qui voudront se rendre à la Maison d’Allah et devra leur permettre d’y circuler librement. » Souhayl souleva une objection : « Je crains que les Arabes disent que nous avons été trop souples avec vous en acceptant cette clause. Vous pourrez circuler librement autour de la Ka’bah l’an prochain. » Le prophète (SWS) accepta d’inclure cette clause au traité.
Enhardi, Souhayl dit alors : « Si l’un des nôtres trouve refuge auprès de toi, il nous sera retourné même s’il a adopté ta religion. » Les musulmans bondirent : « Quoi ?! Comment pouvons-nous vous renvoyer un homme après qu’il soit venu, en tant que musulman, chercher refuge auprès de nous ? » Tandis que la dispute se poursuivait, Abou Jandal bin Souhayl (le fils de Souhayl) apparut soudain, enchaîné. Il venait de s’enfuir de la Mecque et avait fait tout le chemin jusqu’au messager (SWS) s’étranglant dans ses fers sur la route rocailleuse.
Souhayl ne perdit pas de temps. Il dit aussitôt : «  Mouhammad, voici le premier homme que je te demande de rendre en vertu du traité. » Le messager (SWS) répondit : « Mais le traité en question est encore en cours de rédaction ! » Énervé, Souhayl s’écria : « Et bien si c’est comme cela, je ne suis prêt à conclure aucun accord avec vous ! » Le messager lui demanda : « Laisse-le aller, pour me faire plaisir. » Mais Souhayl refusa. Il dit : « Je ne le laisserai pas partir, même pour te faire plaisir. » Alors le messager (SWS) répondit : « Et bien fais ce que tu veux. » Toujours en colère, Souhayl répliqua : « Je n’ai rien à faire. »
Peiné d’entendre cela, Abou Jandal dit, d’un ton plaintif : « Je suis venu à toi en tant que musulman et on me renvoie aux polythéistes. Ne vois-tu pas ce qu’ils me font endurer ? » En effet, Abou Jandal avait été sévèrement torturé pour avoir embrassé l’islam. Le prophète (SWS) fit comprendre à Abou Jandal qu’il ne pouvait pas aller à l’encontre du traité qu’il venait de conclure et, pris de sympathie pour lui, il lui enjoignit la patience en lui promettant qu’Allah allait bientôt lui fournir un moyen de s’échapper.
Il rendit donc Abou Jandal à son père, comme ce dernier l’avait demandé. Le traité conclu entre les musulmans et Qouraish stipulait que les deux parties observeraient une trêve de dix ans de façon à ce que les hommes puissent vivre en paix. Aucune des deux parties ne devrait initier les hostilités de quelque façon que ce soit. Une autre condition du traité stipulait que si un membre quelconque de Qouraish venait voir le prophète (SWS) sans avoir au préalable obtenu la permission d’une personne détenant une autorité sur lui, il serait retourné à Qouraish. Mais si une personne quelconque parmi celles qui se trouvaient avec le prophète (SWS) décidait de joindre les rangs de Qouraish, elle ne serait pas retournée aux musulmans.
Enfin, selon une autre clause, quiconque voudrait prendre un engagement envers le prophète (SWS) ne pourrait être empêché de le faire et de la même façon, quiconque voudrait prendre un engagement avec Qouraish serait libre de le faire.
La foi soumise à l’épreuve
Les clauses du traité et l’obligation dans laquelle ils se voyaient de rebrousser chemin sans avoir pu accomplir la ‘Oumra avaient plongé les musulmans dans une profonde dépression. Ils avaient peine à croire que le messager (SWS) ait pu accepter des conditions en apparence si ignominieuses. Ils étaient terriblement consternés. Ne pouvant plus garder le silence, ‘Omar s’approcha d’Abou Bakr et lui demanda : « Le messager ne nous avait-il pas dit que nous allions visiter la Maison d’Allah et tourner autour ? » « Oui », répondit Abou Bakr, très calme, en regardant dans les yeux son ami en colère, « mais t’a-t-il dit que tu irais visiter la Maison d’Allah et circuler autour cette année-ci ? »
Après la conclusion du traité, le messager d’Allah (SWS) sacrifia les animaux et se rasa le crâne. Les musulmans, déprimés et abattus, restèrent d’abord immobiles, mais lorsqu’ils le virent accomplir ces rituels, ils l’imitèrent et sacrifièrent à leur tour leurs animaux avant de se raser la tête.
Une victoire éclatante
Le prophète (SWS) leva ensuite le camp et reprit le chemin de Médine. En cours de route, Allah lui confirma que la trêve de Houdaybiya était en fait une victoire éclatante : « En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante afin qu’Allah te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’Il parachève sur toi Son bienfait, te guide sur une voie droite et te donne un puissant secours. » (Coran, 48:1-3)
‘Omar demanda au Prophète (SWS) : « Est-ce une victoire, ô Messager d’Allah ? » « Oui », répondit ce dernier.
Echec ou succès
Peu après le retour du prophète (SWS) à Médine, Abou Basir ‘Outba bin Ousayd quitta Qouraish et s’enfuit à Médine. Deux émissaires de Qouraish, chargés de le ramener, arrivèrent peu après. Ils rappelèrent au messager (SWS) les conditions qu’il avait acceptées et ce dernier leur remit sans tarder Abou Basir. Mais sur le chemin du retour, celui-ci déjoua la vigilance de ses gardes et s’enfuit vers la côte. Puis, quelque temps après, ce fut au tour d’Abou Jandal et de soixante-dix musulmans persécutés par les Mecquois de s’échapper et de rejoindre Abou Basir sur la côte, où ils s’établirent sur la route qu’empruntait régulièrement Qouraish dans le cadre de son commerce avec la Syrie.
La bande d’Abou Basir se mit à attaquer les caravanes de Qouraish, volant leurs biens, répandant la crainte et la terreur, et tuant tout Qouraishite qui leur tombait sous la main. Tout cela mit en péril le commerce de la Mecque. Les choses s’aggravèrent au point que Qouraish se vit dans l’obligation d’écrire au messager (SWS) pour l’implorer de rappeler ces bandits de grand chemin à Médine, et s’engagea, du même coup, à ne plus jamais demander à ce qu’on lui rende les fuyards à l’avenir.
Le traité devient victoire
Les événements qui suivirent prouvèrent que la trêve de Houdaybiya avait constitué un pas décisif pour la victoire de l’islam. Au lendemain de l’accord, les marchands et les hommes d’État de la Mecque exultaient d’avoir pu arracher au prophète (SWS) des concessions excessives tandis que les musulmans, de leur côté, ayant foi en leur prophète, n’avaient eu d’autre choix que de les accepter bien qu’elles leur parussent totalement inadmissibles. Chaque partie, cependant, pu bientôt constater la rapide propagation de l’islam dans la péninsule arabe. Ce phénomène ouvrit rapidement la porte à l’ouverture de la Mecque et il devint alors possible d’envoyer des délégations chez César, Chosroes et Négus pour les inviter à l’islam. La révélation d’Allah s’était enfin réalisée.
« Il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. » (Coran, 2:216)
Grâce à la trêve, les musulmans ne furent plus considérés comme des exilés ou des hors-la-loi, mais plutôt comme une communauté méritant la considération de Qouraish, avec laquelle elle avait conclut un traité d’égal à égal. Cette alliance donnait aux musulmans la place qu’il leur revenait de droit au sein de la classe politique d’Arabie. Et peut-être que le plus important était l’atmosphère de paix et de tranquillité qui en découlait. La (longue) guerre d’usure si longtemps endurée par les musulmans pour leur survie les avait affaiblis ; ils pouvaient maintenant utiliser ce qui leur restait d’énergie pour propager le message de l’islam chez toutes les tribus du désert. Cette trêve fournit aux musulmans la possibilité de rencontrer et de discuter avec des tribus qui leur avaient jusqu’alors été hostiles, ce qui permit à ces dernières d’apprécier la beauté et les vertus de l’islam. Ils découvrirent comment des gens qui étaient nés et avaient grandi à la Mecque comme eux et qui mangeaient la même nourriture, portaient les même vêtements et parlaient la même langue qu’eux s’étaient, en quelques années, totalement métamorphosés ; ils haïssaient le polythéisme et l’idolâtrie, désapprouvaient la fierté tribale, la vengeance et la soif de sang ; bref, ils avaient pris le chemin de la vertu et de la justice. Ils comprirent que c’était l’islam et l’exemple du prophète d’Allah (SWS) qui avaient amené ce profond changement dans leur cœur.
Ibn Shihab al-Zouhri a dit : « Il n’y a pas eu de plus grande victoire que celle-là dans l’histoire de l’islam. Lorsque vint l’armistice et que les armes furent déposées, les gens purent commencer à se rencontrer et à converser entre eux en toute sécurité. Et pas un seul homme intelligent qui apprit l’islam n’hésita une seconde à y adhérer. C’est ainsi que durant la première année qui suivit cette trêve, autant d’Arabes (sinon plus) embrassèrent l’islam qu’au cours des quinze années précédentes. »

URL du pacte d’al Houdaybiya (nous en avons corrigé les fautes d’orthographe et de syntaxe) : http://www.whymuhammad.com/fr/conte....

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De notre point de vue, eu égard à l’ensemble des données factuelles, Hamas a donc fait le seul choix qui s’imposait ! Ce sont nous autres qui avons été particulièrement défaillants et ce, malgré le cadre institutionnel dans lequel bon nombre d’entre nous vivent et qui garantit des libertés (inaliénables) protégées par des articles de lois constitutionnels nationaux et supranationaux permettant aux citoyens que nous sommes, d’agir pour tenter de sauver le peuple palestinien du lent et permanent génocide qu’il subit ! Par nos silences impardonnables et nos perpétuelles inactions coupables, nous avons tout simplement envoyé ces incroyables et monstrueux signaux en direction de l’entité sioniste et de ses amis de toujours et ceux plus récents qui sont : « Vous avez carte blanche pour terminer le travail démarré après la Deuxième Guerre mondiale et porter l’estocade finale fatale dans le cœur d’un peuple et d’une terre ! » Détruire à tout jamais la Palestine historique et permettre la réalisation de Eretz Israël, Etat juif ethniquement pur, parce que définitivement débarrassé de sa population indigène palestinienne, décimée ou devenue errante faute d’avoir pu être installée dans une Palestine libre ?! Est-ce vraiment cela que nous voulons voir se produire ! Evidemment non !
A la lumière de cette réflexion, nous estimons qu’il est nécessaire de laisser les dirigeants du Hamas prendre les décisions qu’ils jugent possiblement salvatrices surtout lorsque de toute évidence, elles ne remettent pas en cause les principes fondamentaux et inaliénables de la résistance palestinienne et ce pour tenter d’essayer de construire un futur viable pour la nation palestinienne avant qu’il ne soit définitivement trop tard !
Enfin, nous disons que nous-mêmes avons à prendre nos pleines responsabilités et à œuvrer sérieusement et avec constance dans des chantiers qui apporteront un soutien réel et efficace à la Cause palestinienne... Une seule voie existe pour y parvenir ; être nous-mêmes à la tête d’un travail qui s’inscrit là où nous sommes, par l’intermédiaire des outils spécifiques dont nous disposons dans nos pays respectifs dans une logique de résistance basée aussi sur une éthique universelle infaillible même si elle n’est pas compréhensible de tous !
Le Collectif Cheikh Yassine
(*) La saison « des abaissements » palestiniens
1er novembre 2010 - Soutien Palestine
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