dimanche 28 novembre 2010

Un “paquet-cadeau” pour… 90 jours de gel !

28 Novembre 2010
Par : Djerrad Amar
Après l’entêtement d’Israël à étendre la colonisation, qui a bloqué le processus de paix engagé, voilà de nouveau les États-Unis s’aventurent avec une nouvelle proposition au gouvernement d’Israël qui consiste, selon les médias occidentaux, en l’introduction d’un moratoire sur la colonisation en Cisjordanie pendant 90 jours sans l’inclusion de Jérusalem-Est et les chantiers qui ont débuté après le 26 septembre, en échange d’un engagement américain en matière de soutien sécuritaires, militaire et politique.
On en est donc, maintenant, à lui solliciter le “gel”  de la colonisation et non à lui exiger, de droit, son arrêt total avec le démantèlement des colonies. Israël s’est même permis un chantage à la “prolongation du moratoire”, à la condition d’une reconnaissance comme “État du peuple juif”. Selon Netanyahu, “un tel engagement prouverait (…) la sincérité de la volonté de paix des Palestiniens”. Bien que les États-Unis, l’Onu, l'Union européenne et la Russie aient dénoncé la poursuite de la colonisation suite à la construction de 1 300 nouveaux logements à Jérusalem-Est, Netanyahu se fait encore désirer, voire prier, pour au minimum “geler”, en déclarant qu’il convoquerait “en temps utile les 15 ministres de son cabinet de sécurité pour se prononcer sur cette proposition…”, mais après réception d’une “confirmation écrite de leurs engagements envers Israël”.
Cela ne l’a pas empêché de déclarer aussi qu’il envisage faire immigrer quelque 8 000 Falashmoras (juifs éthiopiens) durant les 4 prochaines années.
Rappelons que plus de 100 colonies juives sont installées en Cisjordanie et 200 000 colons juifs vivent à Jérusalem-Est qui est considérée, au regard du droit international, comme “territoire occupé”. Il est à se demander si l’expansionnisme d’Israël, interdit par les lois internationales, n’est pas laissé sciemment impuni, dans le but de le faire accepter, avec le temps, comme un droit ; par l’artifice du fait accompli ! Mahmoud Abbas avait maintes fois réaffirmé, avec le soutien arabe, qu'il refusait de reprendre les négociations tant qu’Israël poursuivra l'implantation de colonies en déclarant : “Tout le monde sait qu'Israël a donné le feu vert à de nombreux chantiers de construction tant à Jérusalem que dans d'autres territoires palestiniens. C'est inadmissible, et nous n'accepterons pas d'être mis devant le fait accompli.” Les Palestiniens menacent, en cas d’impasse, de recourir à l’ONU pour faire reconnaître un État palestinien dans les frontières de 1967, c'est-à-dire en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza. Il y a de fortes présomptions qu’il s’agisse d’un malsain jeu de rôle américano-sioniste qui consiste non pas à trouver une solution “juste” — en fait envers les Palestiniens, à ce conflit interminable et honteux pour l’Occident qui en est la cause — mais à faire en sorte à formuler des propositions telles que, les sachant inacceptables pour les Palestiniens, cela  permette de leur imputer la responsabilité de l’échec ; et faire éviter ainsi à leur protéger plus de condamnations et d’isolement dans le monde. Il ne peut en être autrement qu’une autre tromperie, puisque selon des informations palestiniennes, l'administration américaine aurait promis d'utiliser son veto contre toute décision unilatérale de création d’un État palestinien.
Au demeurant, ce n’est pas une nouveauté quand on connaît toute la bassesse des États-Unis devant les infamies d'Israël et la puissance du lobby sioniste. La réaction de la Ligue arabe a été vive, considérant qu’il s’agit d’un “paquet-cadeau” qu’elle assimile à “des pots de vin à Israël” pour le persuader d'un nouveau gel partiel sur une question de respect de droit international relative à un fait colonial que condamne de nombreuses résolutions internationales ! “Dans une telle situation, essayer de sauver le processus de la paix et les négociations directes n'est qu'une tentative vouée à l'échec”, précise la ligue. Beaucoup d’observateurs y voient une énième impasse et malheureusement aussi les prémices d’un processus d’affrontement qui risque d’embraser la région, surtout lorsqu’on apprend que la nouvelle proposition américaine est assortie de concessions alléchantes et de mesures de soutien politique financier et militaire dont la fourniture de vingt avions furtifs F-35, qui ne peut qu’inciter à plus d’arrogance, et l’opposition des USA à tout contrôle de leurs installations nucléaires, et ce pour uniquement quémander…3 mois supplémentaires de gel de la colonisation !