jeudi 11 novembre 2010

"Boycott Désinvestissement Sanctions", une arme pacifique contre la colonisation israélienne

publié le mercredi 10 novembre 2010

Pierre Leparoux, Président Association France Palestine Solidarité 44 et d’autres signataires*
 
C’est la colonisation qui est illégale et non le boycott des produits des colonies auquel nous incitons les consommateurs français.
Dans l’avion qui nous ramène en France d’une mission de solidarité avec le peuple palestinien, nous découvrons l’article publié dans le journal "Le Monde" du 2/11/2010 et signé de personnalités françaises qui dénoncent en la déformant la campagne Boycott-Sanctions-Désinvestissement.
Au cours de nos missions solidaires, cette année comme l’an dernier, nous avons constaté sur place la réalité et la brutalité de la colonisation israélienne en Palestine.
À Hébron, les Palestiniens sont victimes de violences quotidiennes de la part de quelques centaines de colons protégés par plusieurs milliers de soldats : insultes, coups, jets de pierres et d’ordures déversées dans la rue sur les Palestiniens, rues interdites aux Palestiniens, magasins fermés dont les portes ont été soudées. Nous avons aussi relevé cette inscription signée de la Ligue de Défense Juive : "gas the arabs". C’est cela la colonisation à Hébron.
Dans la vallée du Jourdain, nous avons été témoins directs des violences de colons israéliens contre un campement de bédouins installés depuis plus de 40 ans. Le 29 octobre au matin, quelques-uns d’entre nous qui étaient sur place ont vu une quinzaine de colons dont certains étaient armés, arriver avec une machine à enfoncer des pieux : ils ont ceinturé les installations palestiniennes (habitations et bergeries) d’une clôture en grillage : deux femmes qui tentaient de s’opposer ont été blessées . Les soldats israéliens sont arrivés et ont laissé faire. But de l’opération : s’accaparer les terres des éleveurs palestiniens pour y installer des serres maraîchères. Ces colons venaient de la colonie proche de Massu’a. Dans cette colonie, nous avons vu et photographié l’an dernier un camion VEOLIA qui collectait les ordures ménagères pour les déposer dans un centre de traitement exploité par sa filiale ONYX. Ces entreprises et bien d’autres contribuent au fonctionnement de la colonisation, c’est pourquoi nous incitons au désinvestissement de ces entreprises dans les colonies.
Les colons, avec la complicité et le soutien de l’armée d’occupation, volent la terre et l’eau des Palestiniens pour cultiver fruits et légumes qui sont exportés en Europe : refuser de les acheter est légitime. Les paysans palestiniens privés de leurs moyens de production sont réduits à travailler dans les plantations coloniales pour un salaire de misère sans aucun droit.
Le président de l’Union Générale des Travailleurs de Jéricho que nous avons rencontré nous indique qu’il y a 6 000 ouvriers palestiniens qui travaillent dans les entreprises coloniales de la Vallée du Jourdain : entreprises industrielles de la zone de Mishor Adumim, et principalement dans les plantations agricoles . Ce nombre d’ouvriers peut doubler en période de récolte. Par ailleurs, 300 enfants de 12 à 17 ans travaillent, notamment pour la cueillette des dattes. La plupart du temps, les ouvriers sont embauchés par des intermédiaires et mis à disposition des colons qui s’affranchissent ainsi de leurs obligations légales. Pour le syndicat palestinien UGTP, le boycott des produits des colonies est une arme essentielle qui, loin de nuire aux ouvriers palestiniens, renforce leur lutte sociale pour obtenir des droits en faisant la lumière sur les pratiques patronales. Ce syndicat nous encourage au boycott des produits des colonies.
Il faut préciser que la campagne BDS n’est pas une initiative française, mais qu’elle répond à un appel de 172 organisations palestiniennes lancé en 2005 et relayé dans de très nombreux pays.
Pour nous, il ne s’agit pas d’une opération "de rejet, de déni" ni de "rayer Israël des esprits et des cartes" comme le prétend l’article publié, mais d’un moyen de dénoncer la colonisation et de faire pression pacifiquement sur la politique israélienne . C’est la colonisation qui est illégale et non le boycott des produits des colonies auquel nous incitons les consommateurs français.
Dans les années 1970, l’isolement de l’équipe de rugby des Springboks, le boycott des oranges Outspan ou le boycott académique de l’Afrique du Sud ont contribué à la fin de l’Apartheid. Les signataires de l’article publié auraient-ils eu les mêmes propos à l’encontre de ce boycott ? Tous les Palestiniens rencontrés sur place nous incitent à ce boycott qui est également prôné par l’Autorité Palestinienne. Nous avons aussi rencontré en Israël des militants, malheureusement très minoritaires, qui luttent pour les droits des Palestiniens, eux aussi considèrent le BDS comme une arme pacifique efficace contre la politique israélienne.
Nous incitons fortement les signataires de l’article intitulé "le boycott d’Israël, une arme indigne" à aller sur place rencontrer les Palestiniens qui se battent contre la colonisation par des moyens pacifiques et non-violents. Alors, s’ils ne se contentent pas de rencontres officielles, ils comprendront le sens du combat engagé par la campagne BDS.
Si le mot "paix" a encore un sens en Palestine, cela passe par l’application du droit international et c’est parce que les gouvernements ne font rien dans ce sens que les citoyens doivent agir.
* signataires : Fabrice Roussel, maire de La Chapelle-sur-Erdre (44),
Eric Nozay, Conseiller municipal La Chapelle-sur-Erdre,
Daniel Chatellier, maire PS de Sucé-sur-Erdre (44),
Jean Jacques Kogan adjoint au maire de Sucé-sur-Erdre, VP de la CC Erdre et Gesvres,
Didier Bertin, adjoint au maire de Sucé-sur-Erdre,
Jean Luc Durand, maire de Grandchamp-des-Fontaines, 1er VP de la CC Erdre et Gesvres (44),
Christine Burckel, adjointe au maire de Grandchamp-des-Fontaines (44),
Philippe Trotté, Maire de Vigneux-de-Bretagne, VP de la CC Erdre et Gesvres (44)
Martine Morel adjointe au maire de Treillières(44),
Thérèse Leparoux adjointe au maire de Treillières,VP de la CC Erdre et Gesvres(44),
Bernard Etrillard, syndicaliste, Conseiller municipal Treillières (44),
Jean Pierre Legendre, maire de Brains (44),VP de Nantes-Métropole,
Yves Gilois adjoint au maire de Blain (44),
Monique Jamin, adjointe au maire de La Grigonnais , VP de la CC de Nozay (44),
Marie Thérèse Cogrel, Conseillère municipale Avessac (44) (44),
Dominique Lebreton, Président de la Confédération paysanne 44,
Pierre Leparoux, Président Association France Palestine Solidarité 44,
Camille Grousson, Marie Annick Huneau, Martine Godefroy, Yves Goaer, Solange Leray, Alain Grohan, Jean Claude Cogrel, Huguette Blin, Jean Marc Giblaine, militants de l’AFPS44