dimanche 17 octobre 2010

Mais qu’aurait fait Nasser ?

dimanche 17 octobre 2010 - 05h:01
Jamal Elshayyal - Al Jazeera
Ainsi, après avoir laissé en rade 400 humanitaires, une valeur de 5 millions de dollars d’aide et 148 véhicules pendant plus de huit jours, le gouvernement égyptien a finalement donné son feu vert pour que le convoi d’aide de Viva Palestina accoste dans le port d’Al-Arish.
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Certains d’entre vous se rappelleront le dernier convoi organisé par Viva Palestina, forcé de retourner de Jordanie en Syrieaprès que les Egyptiens aient fait savoir qu’ils ne lui accorderaient aucun accès sauf s’il accostait à Al-Arish. Et bien cette fois-ci, les organisateurs ont fait exactement ce que le Caire avait demandé - ils sont allés directement en Syrie et ont demandé la permission de passer par l’Egypte pour se rendre dans la bande de Gaza assiégée.
Et malgré cela, le gouvernement égyptien à refusé de donner son autorisation pendant plus d’une semaine. La raison du rejet initial ? Il n’y en avait pas une seule. Pour beaucoup, il est déroutant de voir comment, en l’espace de 40 ans, le rôle de l’Egypte dans le monde arabe s’est transformé de gardien du pan-arabisme en sujet de plaisanterie.
L’Egypte d’aujourd’hui est très loin de la puissante nation qui a aidé l’Algérie à conquérir son indépendance, qui a concédé d’inestimables sacrifices pour le peuple palestinien, tenté d’unifier le monde arabe à travers Damas et, surtout, résisté fermement face à l’impérialisme britannique, français et américain.
Au lieu de cela, son gouvernement a aujourd’hui tellement réduit le rôle du pays qu’afin de donner lune fausse impression d’importance, les médias d’état doivent utiliser Photoshop et trafiquer la position de leur chef mal placé.
Je me demande combien Mubarak a dû se sentir fort quand il s’est vu précédé Barack Obama et Bibi Netanyahu ! L’Egypte a été par le passé dirigée par un président qui a cru que la force de son pays venait de celui de toute la région, que la seule voie par laquelle son peuple pourrait se sentir en sécurité était celle de tous les peuples arabes. On était alors guidé par l’idée que tant qu’un seul mètre de terre arabe était occupée, aucun Arabe n’était vraiment libre.
Mais aujourd’hui, il est ordonné par un gouvernement tellement impopulaire, tellement coupé de son peuple qu’au moment où la santé du président était en péril et que celui-ci ait été transporté au loin en Allemagne, 40 de ses alliés les plus puissants se sont enfuis du pays.
Le gouvernement égyptien prétend que permettre à des convois d’aide d’entrer dans le pays est une question de sécurité nationale et de souveraineté.
Je ne suis pas certain que des convois chargés de médicaments, de fournitures scolaires et d’incubateurs puissent menacer la sécurité nationale de l’Egypte.
Beaucoup de gens savent, cependant, combien Israël qui dispose de l’arme nucléaire représente une menace pour la sécurité nationale égyptienne. Beaucoup se rendent compte de la façon dont Israël - un pays qui a occupé chacun de ses voisins - constitue la plus grande menace vis-à-vis la souveraineté étatique égyptienne.
Je suis sûr que ces mêmes personnes se rendent également compte de combien est dangereux un Soudan divisé pour la stabilité au Caire.
Mais en dépit de ces sonnettes d’alarme retentissantes aux frontières sud et est de l’Egypte, son gouvernement est davantage concentré sur la question de permettre l’entrée ou non à un convoi d’aide humanitaire.
Il s’était montré plus soucieux de savoir où un sommet demandant la fin de la guerre contre Gaza devait se tenir, plutôt que du fait que la guerre elle-même [décembre 2008] avait été déclarée à partir de son propre territoire par celui qui était alors le ministre israélien des affaires étrangères.
Les organisateurs du convoi Viva Palestina me disent qu’ils couvriront leurs bateaux de drapeaux égyptiens, et que les participants brandiront les couleurs rouge, noire et blanche haut dans le ciel au moment où ils accosteront à Al-Arish. Ils me disent que ce sera un message pour les citoyens égyptiens, qu’ils considèrent toujours comme leurs frères, en dépit du comportement de leur gouvernement.
Je me demande qu’elle sera la réponse des Egyptiens. Je suis sûr que beaucoup d’entre eux se poseront alors la question : « mais qu’aurait fait Nasser ? »
13 octobre 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://blogs.aljazeera.net/middle-e...
Traduction : Info-Palestine.net
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