dimanche 24 octobre 2010

Israël légifère contre les ONG

publié le samedi 23 octobre 2010
Damien Roustel
 
Louis Frankenthaler, le représentant de l’association israélienne Pcati dénonce trois projets de loi qui visent à restreindre les activités des défenseurs des droits de l’homme.
De passage hier à Paris dans les locaux du CCFD-Terre solidaire, Louis Frankenthaler, directeur de la communication internationale de l’ONG israélienne Comité public contre la torture en Israël (Pcati), a dénoncé l’existence de trois projets de loi qui viseraient ni plus ni moins qu’à mettre des bâtons dans les roues des ONG, considérées par Tel Aviv comme des empêcheurs de tourner en rond. «  C’est une réduction de l’espace des actions dissidentes de la société civile qui se prépare  », a-t-il prévenu.
«  Ces projets de loi sont la traduction législative d’un climat politique de dé-légitimation des organisations de la société civile et de restriction de leur travail par le gouvernement israélien, climat qui s’est alourdi depuis l’opération Plomb Durci menée dans la bande de Gaza et la publication consécutive du rapport Goldstone (sur les crimes de guerre – NDLR)  », indiquent dans un communiqué commun les associations ACAT-France, CCFD-Terre Solidaire et la Ligue des droits de l’Homme.
Le premier texte concerne le financement des ONG. Il impose des contrôles supplémentaires aux associations qui reçoivent des aides d’«  entité politique étrangère  » Sa lecture devant la Knesset est imminente. «  Nous allons devoir engager, et donc payer une personne pour s’occuper de ces contrôles. Autant d’argent en moins pour nos projets  », a expliqué Louis Frankenthaler.
Le deuxième projet de loi vise la juridiction universelle. Des ONG seront interdites si elles fournissent «  des informations à des entités étrangères concernant des poursuites juridiques à l’étranger contre des hauts représentants du gouvernement israélien ou des officiers de l’armée, pour crimes de guerre  ». Quant à la dernière proposition, elle interdit à quiconque de faire la promotion du boycott d’organisations, d’individus ou de produits israéliens. Des sanctions économiques sont prévues. Les étrangers sont passibles d’une interdiction de séjour en Israël de dix ans. Pour Helène Legeay, d’ACAT-France, ce «  musellement de l’opposition fragilise la démocratie israélienne  ».
publié par l’Humanité