lundi 20 septembre 2010

Le procureur militaire exige au moins deux ans de prison pour Abdallah Abu Rahmah, de Bilin

Bilin - 18-09-2010
Par Popular struggle coordination committee 


Il a déclaré qu’une condamnation sévère servirait de dissuasion aux autres protestataires. En dépit des ordres militaires disant le contraire, un officier de l’armée a affirmé que les balles de calibres 0,22’’ sont considérées comme des moyens de contrôle des foules.
Abdallah Abu Rahmah au tribunal, le 15 septembre (photo Oren Ziv/Active Stills)

La phase de détermination de la peine dans le procès d’Abdallah Abu Rahmah, coordinateur du Comité populaire de Bilin contre le mur et les colonies, a débuté le 15 septembre au tribunal militaire d’Ofer. Abu Rahmah est accusé d’organisation de marches illégales et d’incitation, mais blanchi des accusations de violence – jets de pierre et possession d’armes (il avait collecté des grenades lacrymogènes utilisées par l’armée contre les manifestants pour les montrer).
Le procureur a demandé qu’Abu Rahmah soit envoyé en prison pour une période d’au moins deux ans, disant qu’en tant qu’organisateur, une condamnation sévère était nécessaire pour servir de dissuasion non seulement à Abu Rahmah lui-même, mais aux autres qui pourraient suivre son exemple. Cette déclaration de l’accusation confirme les motifs politiques derrière l’acte d’accusation et la profonde préoccupation exprimée par Catherine Ashton, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, que « que le possible emprisonnement de Abu Rahma vise à l'empêcher, ainsi que d'autres Palestiniens, d'exercer leur droit légitime de protester de manière non violente contre l'existence des barrières de séparation. »
Autre argument avancé par l’accusation pour justifier la demande d’une condamnation lourde : les répercussions et les dépenses occasionnées à l’armée par les manifestations anti-mur. Celles-ci ont été présentées en détail dans un rapport (en hébreu) par ce que l’accusation a appelé « un témoin expert » qui, de fait, est le Major Igor Mussayev, officier des opérations de la Brigade Binyamin.
Le document comprend de nombreuses erreurs factuelles, comme la mention de 7 victimes palestiniennes dans les manifestations de Bil’in et Ni’lin, alors qu’il y en a eu 6. Dans une tentative ridicule visant à montrer que l’armée n’a pas de supériorité sur les manifestants, le « expert » a aussi affirmé la portée effective des balles caoutchouc-acier ou des balles réelles de calibre 0,22’’ est bien plus faible que celle d’une fronde. Le rapport affirme que la portée effective d’une balle caoutchouc-acier est de 50 mètres – la portée minimale d’utilisation, selon les règles de l’armée pour ouvrir le feu.
Pendant l’audience, le major Mussayev a affirmé que toutes les armes mentionnées dans le document sont des mesures non létales de dispersion de foule. Interrogé précisément sur les balles de calibre 0,22’’, qui avaient été explicitement classées comme balles réelles par le juge avocat général de l’armée et interdites d’utilisation pour le contrôle des foules, il a répondu qu’elles font aussi partie des mesures de contrôle des foules. Une telle réponse venant d’un officier en charge des opérations dans la brigade responsable de la plupart des lieux de manifestation en Cisjordanie montre clairement la politique je-m’en-foutiste d’usage des armes de l’armée pour tenter de réprimer la lutte populaire palestinienne.
Le document hautement tendancieux présenté à la cour détaille aussi les frais de dépense de munitions tirées sur les manifestants (près de 6,5 millions de shekels (1,3 millions d’€) entre août 2008 et décembre 2009). Il mentionne également les coûts de construction d’un mur de béton à Ni’lin pour empêcher les dégâts à la barrière (8,5 millions de shekels – 1,8 millions d’€), mais omet de mentionner les coûts occasionnés par le déplacement du mur sur un nouveau tracé à Bil’in à cause de l’illégalité du tracé original, ou le fait que même aujourd’hui, trois après la décision de la Cour Suprême de modifier le tracé du mur, il est toujours à sa place originale.
L’audience, qui a duré plus de trois heures, a vu une salle d’audience pleine de diplomates, de représentants d’organisations humanitaires internationales et israéliennes, ainsi que des amis et des membres de la famille d’Abu Rahmah.  
Traduction : MR pour ISM
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