lundi 20 septembre 2010

Khaled Mesh’al énonce la nouvelle orientation politique du Hamas (2ème partie)

Palestine - 20-09-2010

Par Khaled Meshaal 
Dans cette partie de l'entretien réalisé par le journal jordanien Al-Sabeel en juillet 2010, le chef du bureau politique du Hamas énonce les positions du Mouvement de Résistance Islamique sur la place des femmes au sein du mouvement et dans la société, la spécificité du modèle de résistance choisi par le Hamas, ce qui peut sembler une contradiction entre les recommandations du Coran vis-à-vis de la vie humaine et les actions armées, l'avenir de la région et celui de l'entreprise sioniste.



















LE HAMAS ET LES FEMMES
Les mouvements islamiques sont souvent accusés de mépriser les femmes et de marginaliser leur rôle dans la vie politique et sociale. Que pensez-vous de ces accusations à la lumière de votre expérience au Hamas ?
Malheureusement, il y a un fossé entre les véritables concepts de l’Islam vis-à-vis des femmes et leurs applications pratiques plus récentes. Il y a une application et un comportement erronés qui découlent d’une mentalité rétrograde et ne vient pas des textes et de l’esprit de la Sharia.
Même à l’époque actuelle, cependant, et en dépit du bon niveau de progrès dans les pays arabes et islamiques, il y a toujours des erreurs dans l’application [de la Sharia], provenant de nombreux concepts, coutumes et traditions qui émanent de certaines situations et environnements spécifiques, et ne résultent pas des dispositions de l’Islam lui-même.
Dans les textes du Coran et les hadiths (traditions prophétiques), les femmes ont des devoirs tout comme les hommes, et lorsque le Coran parle de la Sharia et de ses dispositions, il mentionne les hommes et les femmes ensemble parce que chacun a des responsabilités individuelles. C’est évident dans la phrase de Dieu Tout-Puissant : « Les croyants, hommes et femmes, sont les protecteurs les uns les autres : ils prescrivent ce qui est juste, et interdisent ce qui est mal, » et « Jamais je ne souffrirai que soit perdu le travail d’aucun d’entre vous, que vous soyez homme ou femme. Vous êtes membres, l’un de l’autre. » Et, dans les paroles du Prophète : « Les femmes sont les moitiés jumelles des hommes. » Et il y a d’autres versets coraniques et hadiths similaires.
Dans le concept islamique de pensée, de jurisprudence, de mandat et de rôle, la femme est – en effet – la moitié de la société, et la société lui garantit prestige et respect. Cependant, il y a une énorme différence entre respecter et reconnaître la femme et son rôle légitime [d’un côté], et abuser d’elle et la présenter comme un produit bon marché, comme c’est le cas dans la civilisation occidentale [de l’autre]. Il y a une différence entre préserver la chasteté et la modestie de la femme et sauvegarder ses droits tout en lui accordant un rôle approprié, et la traiter comme un objet de désir et de plaisir. Ces règles éthiques ne sont pas seulement islamiques ; elles sont innées et humaines.
Nous, au Hamas, nous tenons, en ce qui concerne les femmes, à invoquer les concepts islamiques et leur application pure qui ne soient pas marqués par des siècles de retard ou le poids des normes sociales et des traditions qui s’enracinent dans l’environnement et non dans le texte religieux, en particulier depuis que l’environnement de la Palestine n’est pas un environnement fermé mais un environnement historiquement civilisé jouissant de la pluralité et de l’ouverture à toutes les religions, civilisations et cultures.
Avec cette conception pure et originelle, et comme une partie et une extension de l’expérience palestinienne et de son héritage, le Hamas a assigné un rôle distinct aux femmes dans ses opérations.
Le rôle des femmes a été souligné pendant l’Intifada, dans la résistance et dans toutes les formes de luttes, non seulement en tant que mères, épouses et sœurs des combattants, mais aussi en tant qu’elles-mêmes, menant des opérations de commandos et de martyrs, soutenant leurs frères et martyrs, et fournissant une assistance logistique. Il y a aussi des sœurs qui conduisent les combattants sur le lieu de l’opération, comme cela est arrivé dans l’opération Sbarro et d’autres. Dans les prisons sionistes, il y a des dizaines de sœurs captives qui endurent la souffrance de l’incarcération et payent leur tribu au jihad, aux côtés de leurs frères.
Le rôle des femmes est important dans l’arène palestinienne et dans le mouvement, que ce soit au travail, au jihad et dans la lutte, dans le domaine de l’aide sociale et du travail éducatif, ou dans le travail politique et syndical. La femme palestinienne est éduquée et cultivée, et son activité dans les écoles et les universités n’est pas moindre que celle d’un homme.
Partant de nos termes islamiques de référence, l’identité culturelle arabe et l’environnement palestinien distinct, les femmes au Hamas occupent une position de pointe. Dans l’action politique et avant que soit créé le Conseil législatif, les femmes ont eu des activités importantes dans le mouvement étudiant palestinien et dans différents syndicats ; et lorsque le Hamas a pris part aux élections législatives, les femmes ont joui d’une présence forte et d’une place importante sur nos listes, comme dans le gouvernement formé par le Hamas.
Il est vrai que certains mouvements et groupes islamiques sont critiqués pour négliger le rôle des femmes, mais nous trouvons, d’un autre côté, des cas de dépravation et de délit transgressant les préoccupations éthiques chez certains partis et forces laïques.
Le Hamas a tenu à développer une vision modérée qui garantisse aux femmes leur rôle authentique, sans enfreindre les principes, valeurs et éthique islamiques et en même temps, en leur évitant l’isolement, la solitude et la marginalisation. Je crois que nous avons réussi en cela, grâce à Dieu. Les femmes ont aussi un rôle important au niveau organisationnel du Hamas, qui privilégie le développement de leur rôle et de leur participation au sein de la structure organisationnelle du mouvement.
LE MODELE DE RESISTANCE DU HAMAS
Quelle est la contribution du Hamas vis-à-vis du jihad et de la lutte ? Qu’est-ce qui distingue son modèle de résistance ?
Il faut d’abord souligner que le Hamas en tant que mouvement de résistance à l’occupation sioniste est une partie naturelle et authentique de l’expérience de la lutte palestinienne, son extension, et un de ses cercles qui continuent depuis une centaine d’années, commençant avec la première révolution et le premier martyr et toutes ses icones et dirigeants et leur grande lutte – en dépit des circonstances défavorables de leur époque. Ce furent des gens comme ‘Izzeddine al-Qassam, Haj Amin al-Husseini, Farhan al-Sa'adi, Abdul Qader al-Husseini, entre autres, jusqu’à la révolution palestinienne contemporaine avec toutes ses factions, forces, directions et icones de la lutte. La marche de la lutte palestinienne continue aujourd’hui, grâce à Dieu, et continuera jusqu’à ce que les objectifs de libération et de retour et de délivrance de l’occupation sioniste soient réalisés.
Ceci signifie que le Hamas, en tant que mouvement de résistance, n’est pas séparé ni n’existe sans racines dans un désert, mais qu’il fait partie d’un tout. Il fait partie de l’histoire de la lutte de notre peuple et sa marche jihadiste – pleine de sacrifices, de défis, de créativité, de patience, d’endurance et de détermination à continuer la marche et à surmonter tous les obstacles, les défis et les circonstances adverses et défavorables jusqu’à ce que le but ultime soit atteint, si Dieu le veut.
Ce sentiment d’appartenance et d’extension imprègne le Hamas – comme d’autres forces de la résistance palestinienne – avec l’héritage de cette histoire et son originalité, son esprit et son identité distincte, et nous fait saisir cette longue et riche expérience et les acquis de ses diverses étapes, avec tous ses succès et ses réalisations, et quelques échecs aussi. Pour nous et notre peuple, ces expériences sont un réservoir riche et précieux. Le choix du nom de Martyr ‘Izzeddine al-Qassam pour notre branche militaire et ses brigades n’est que l’expression de cette appartenance et sa manifestation.
Il est nécessaire et essentiel d’affirmer ce fait ici pour que chacun d’entre nous connaissent ses racines et les facteurs d’un pouvoir réel d’un côté, et aussi de connaître notre dimension réelle et nos positions spécifiques dans cette longue marche. Tout comme le fait d’appartenir à une telle histoire donne à la population et aux mouvements la force et la confiance en soi qui sont nécessaires, en particulier dans les moments difficiles, il leur donne aussi l’humilité et le respect dus aux rôles des autres. Nous et les autres faisons partie de cette marche bénie ; nous ne sommes pas les premiers, et nous ne serons pas les derniers.
Nous et les autres nous appuyons sur l’expérience de nos prédécesseurs et nous en tirons profit, et ensuite nous créons notre propre expérience à partir de leurs expériences positives et négatives, et nous interagissons avec nos alliés dans la marche. Tout ceci sera un héritage pour les générations futures qui porteront le drapeau et continueront la lutte jusqu’à la victoire et la libération, si Dieu le veut. C’est l’objectif auquel chacun doit contribuer – même s’ils ne sont pas témoins du résultat final.
Nous nous sommes efforcés de former notre modèle de résistance, que nous avons établi comme une contribution à cette grande lutte, et nous tenons à offrir – à travers lui – une contribution notable à la marche de la lutte palestinienne. Nous y avons enraciné une foule de concepts importants et nécessaires, de politique et de règlements, et lui avons donné beaucoup d’esprit, de créativité, de persévérance et de détermination.
Parmi ces visions, concepts et politiques, les plus importantes sont :
Premièrement : la résistance est notre moyen de parvenir à l’objectif stratégique, à savoir la libération et la restauration de nos droits, et la fin de l’occupation sioniste de notre terre et de nos lieux saints.
C’est-à-dire que la résistance est une stratégie de libération, et elle est l’axe principal de notre travail en tant que mouvement de résistance plutôt qu’un simple choix que nous avons fait. Elle est la colonne vertébrale de notre projet. En dépit de l’importance de notre programme et de l’autre travail qui est fait pour mettre en œuvre le programme du mouvement – tel le travail politique, populaire, social, caritatif et économique, la valeur et l’impact véritables de ces activités à servi les objectifs repose sur leur position au sein du contexte de la résistance comme programme clé, et au sein du système de travail pour lequel la résistance est la colonne vertébrale. Ceci parce que nous sommes un mouvement de résistance face à une occupation militaire colonialiste opposée à notre existence, et il est donc naturel que la résistance armée et globale soit la base et le facteur décisif dans cette confrontation.
Deuxièmement : pour nous la résistance est un moyen, pas une fin, au service du but et des objectifs ; ce n’est pas la résistance pour la résistance. L’élaboration du concept de résistance pour en faire une fin en soi comporte de nombreuses erreurs de compréhension, de vision et d’attitudes et de comportements pratiques, ainsi qu’une faille dans la prise de décision et l’évaluation de l’intérêt.
Oui, la résistance est très importante, et elle est l’axe premier de notre projet, mais elle n’est pas l’objectif. Elle est le moyen et la façon d’atteindre cet objectif, et un outil stratégique pour la libération.
Troisièmement : le Hamas n’est pas un groupe militaire, mais un mouvement de libération nationale intégral, avec la résistance comme axe principal, son moyen stratégique de libération et de réalisation du projet national palestinien. En même temps, le mouvement travaille dans tous les domaines, et a ses propres buts et sa propre vision politique. C’est un mouvement de la base populaire conscient des préoccupations de son peuple à la maison et à l’étranger, qui défend ses intérêts et qui cherche à les servir le mieux possible dans tous les aspects de la vie quotidienne.
Quatrièmement : nous avons limité notre résistance à l’opposition à la seule occupation israélienne. Notre résistance est contre l’ennemi qui occupe notre terre et nos lieux saints, et contre personne d’autre. Nous n’avons pas utilisé la résistance même contre ceux qui soutenaient nos ennemis et leur fournissaient tous les moyens de la force et des armes qui tuent notre peuple. Nous avons aussi adopté, comme ligne politique, de confiner la résistance à la Palestine et pas en dehors – pas par impuissance mais en raison d’une estimation précise de l’intérêt, et pour concilier des considérations diverses.
Cinquièmement : nous avons clairement adopté une politique d’utilisation des armes et de la force seulement en face de l’occupant et de l’ennemi extérieur qui nous attaque : c’est une résistance légitime. Cela signifie de ne pas utiliser les armes et la force ni dans les affaires intérieures, ni pour régler des différends politiques et intellectuels. Le règlement des différends qui surgissent au sein des rangs nationaux doit se faire par le dialogue, le consensus et l’arbitrage du peuple, par la démocratie et les urnes.
Les événements tragiques récents dans la Bande de Gaza ne sont pas une dérogation à cette politique, c’est un cas entièrement différent. Il y a eu un parti palestinien qui a refusé le résultat des élections et a cherché à le renverser, c’est-à-dire à renverser la légitimité palestinienne et, malheureusement, ils ont collaboré avec l’ennemi sioniste et les Américains et ont pris les armes contre nous. C’est notre droit naturel de nous défendre quand nous y sommes forcés, d’autant que nous l’avons fait depuis la position d’un gouvernement légitime formé après des élections justes et démocratiques qui ont été approuvées par le Conseil législatif élu.
D’un autre côté, lorsque nous avons été hors du pouvoir de 1994 à 2006, et bien que l’Autorité ait arrêté des milliers de nos membres et qu’elle les ait torturés, qu’elle ait pourchassé la résistance, ses armes et ses hommes, et qu’elle ait coordonné (et continue à coordonner) la sécurité avec l’ennemi sioniste, nous n’avons pas répondu à l’époque en faisant usage de nos armes et de notre force contre elle et nous avons limité notre résistance au seul ennemi sioniste. Nous avons restreint notre opposition à l’Autorité, et le règlement de notre différend avec elle, à des moyens politiques et populaires pacifiques.
Sixièmement : nous avons adopté une politique de non engagement dans les batailles de la région, contrairement à ce que d’autres avaient fait dans les étapes précédentes. Nous n’avons jamais usé de la force et des armes contre aucun Etat ou parti arabe, même lorsqu’ils nous portaient préjudice ou nous assiégeaient, ou arrêtaient et torturaient nos frères, ou poignardaient la résistance dans le dos, ou incitaient contre nous.
Les Arabes sont nos frères et notre famille et ils constituent notre profondeur stratégique ; nous ne pouvons donc pas leur nuire même s’ils nous nuisent. Nous nous sommes engagés dans cette politique au cours des années passées, et nous y restons engagés, si Dieu le veut, parce que notre bataille est exclusivement contre l’ennemi sioniste.
Septièmement : dans la construction de la résistance, nous nous sommes efforcés de former l’activiste résistant d’un point de vue religieux, éducatif, psychologique et intellectuel, pour lui assurer un niveau élevé de discipline organisationnelle et comportementale, l’engagement aux règles religieuses et éthiques de résistance, et le développement de ses capacité d’endurance et de fermeté dans des circonstances extrêmes, ainsi que la prise de conscience et la clarté de la vision des combattants, la sincérité de la mission et de l’intention, et la fusion des dimensions religieuses et nationales pour développer une incitation forte dans le cadre du jihad et de la résistance. Les luttes des combattants contre l’ennemi occupant en défense de la patrie et des lieux saints, de son peuple et de sa nation, et de sa famille et de son honneur.
Pour ce qui est de la contribution du mouvement au jihad et la lutte, il faut noter comme point clé que le Hamas a réussi, grâce à Dieu, à bâtir et à renforcer sa résistance même lorsqu’elle a émergé à une période difficile, à un moment où de nombreux facteurs et conditions objectives pour le succès des révolutions et des mouvements de libération avaient disparu. Le plus notable de ces moments fut la fin de la guerre froide, l’absence d’un allié international et l’émergence d’un système international basé sur l’unipolarité des Etats-Unis d’Amérique, l’allié principal de l’entité sioniste, suivi par l’entrée du monde dans la « guerre contre le terrorisme », et la focalisation des accusations sur l’Islam et les mouvements de résistance.
Ajouté à cela, bien que ce facteur ait souvent des résultats et des implications variés, le fait que la résistance en Palestine subisse un siège étouffant depuis quelques temps, et est privée d’un environnement amical qui fournisse une profondeur stratégique et logistique et une base arrière sécurisée permettant la liberté de mouvement et de manœuvre. Tout ceci a conduit à une difficulté extrême dans la poursuite de la lutte armée comme elle se déroulait auparavant, en particulier le travail de l’extérieur vers l’intérieur, et la difficulté à fournir un soutien logistique à la résistance à la maison et à l’étranger.
A la lumière de cet énorme défi, pour poursuivre le projet de résistance et surmonter les obstacles et les blocus, le mouvement s’est centré sur une stratégie d’élargissement de la participation du peuple palestinien à la maison, et son implication dans la résistance et la confrontation [avec l’ennemi] ; en partant des jets de pierre, en apportant de la créativité à la première et à la deuxième intifada auxquelles tout le monde a participé (reflétant ainsi une nouvelle phase de la lutte palestinienne) et en introduisant de nouvelles formes de résistance innovantes et d’ouverture de la confrontation avec l’occupation.
Une autre stratégie d’auto-construction à la maison a été adoptée, aussi bien en termes de recrutement, d’entraînement, d’armement et de manœuvre, tout en s’efforçant de collecter autant que possible des soutiens financiers et techniques et des armes venant de l’étranger. Quand le blocus s’est encore intensifié, l’idée de manufacturer des armes, en interne, à partir de matériaux bruts, a émergé.
Nous avons donc accepté cette tâche avec ces défis énormes, le siège et les persécutions, et nous y avons fait face avec courage et résolution par l’innovation, la créativité, la diversification, l’autonomie et en comptant sur Dieu en toutes circonstances, et en cherchant continuellement des amis, des alliés et des soutiens disponibles. Nous nous sommes dit que, même si nous restions seuls sur le terrain, et si nous perdions tout soutien des autres, nous poursuivrions notre résistance et nous ne nous rendrions pas ni n’y mettrions fin, et nous continuerions à exhorter notre nation à nous soutenir et à prendre part à cette tâche honorable, citant la déclaration d’Allah Tout-Puissant au Prophète (que la paix soit sur lui) : « Combats dans le sentier d'Allah, tu n'es responsable que de toi même, et incite les croyants (au combat). Allah arrêtera la violence des mécréants. Allah est plus redoutable en force et plus sévère en punition. » (Sourate 4, verset 84) (1). Nous avions coutume de dire ceci en dépit de notre conviction et de notre confiance en la loyauté de notre nation et en son engagement à ne pas abandonner ses responsabilités envers la question centrale de la Palestine et à affronter l’entreprise sioniste. Notre nation se rend clairement compte de l’essence de l’entreprise sioniste et du danger qu’elle pose à la région toute entière et au monde.
Un autre ajout du Hamas, en terme de jihad et de lutte, est l’innovation dans la résistance et ses méthodes, tactiques et outils, comme l’expansion des opérations martyr et leur développement jusqu’à devenir une arme mortelle contre l’ennemi, et une frappe profonde dans sa sécurité. Un autre exemple est la fabrication d’armes localement et la transformant en un véritable projet sur lequel compter, même provisoirement, étant donné la difficulté pour obtenir des armes de l’extérieur. L’exemple le plus important à ce sujet est la fabrication d’armes qui, initialement, étaient légères étant donné leur simplicité, leur portée et leur efficacité limitées, mais qui ont évolué vers des stades avancés et sont devenues un véritable problème pour l’ennemi, avec un impact grandissant sur sa sécurité.
Un autre important ajout est le développement des capacités de la résistance face aux incursions israéliennes, et le succès dans la défense des secteurs et villes palestiniens suivant le modèle distinct de Gaza et la tentative héroïque dans le camp de Jenin, où toutes les méthodes conventionnelles ont été utilisées et complémentées par la méthode des tunnels et leur utilisation à grande échelle pour se défendre. Cela a même été jusqu’à résister à une vraie guerre dans laquelle l’ennemi a été mis en déroute et ses objectifs ont été déjoués – comme dans la guerre de l’ennemi sioniste sur la Bande de Gaza en 2008-2009, qui fut en fait la plus grande guerre lancée par Israël sur la terre palestinienne.
Un autre ajout est l’amélioration de la résistance pour qu’elle soit capable de libérer une partie de la terre. La résistance palestinienne, avec ses branches militaires et ses opérations martyres, et avec l’impact important du deuxième soulèvement de notre peuple, a été en mesure de forcer l’ennemi sioniste à quitter la Bande de Gaza et à démanteler ses colonies pour la première fois dans l’histoire de l’entité sioniste.
Ceci signifie clairement que la révolution palestinienne, par le développement de ses capacités, de ses initiatives et de ses outils, ainsi que par l’innovation et la diversification des méthodes et tactiques, et par la détermination et la patience, est devenue une option réelle et fiable, avec une capacité à résister, à défendre et à réussir, même si c’est pas à pas, sur laquelle le peuple peut compter en dépit de l’énorme différence et le déséquilibre de la force, comparée à celle de l’ennemi.
Un autre aspect important de l’expérience de la résistance en tant que mouvement de résistance est l’alternance de hauts et de bas suivant la situation et les circonstances vécues par notre peuple, au service de l’intérêt public et d’un jugement politique sain. Le calme a pu être notre choix ou non déclaré si c’était nécessaire, et comme partie de la décision de la résistance, ou bien il a pu être annoncé publiquement après accord avec les forces de la résistance, en échange d’exigences spécifiques comme l’interruption de l’agression sioniste, la levée du siège, etc.
Avec les autres factions de la résistance, nous avons exercé cela en toute conscience et courage et en avons pris la responsabilité pour notre peuple et ses intérêts. Mais, dans tous les cas, nous l’avons exercé sur la base de l’attachement à la résistance et à son développement en tant qu’option stratégique de libération. Sur le champ de bataille et sur le chemin de la résistance et de la libération, le mouvement a offert – comme d’autres l’ont fait pour notre peuple – une galaxie éminente de martyrs, depuis ses meilleurs dirigeants, icones et cadres, conduits par Sheikh Admad Yassin, fondateur du mouvement, Abdul Aziz al-Rantisi, Jamal Mansour, Jamal Salim, Ibrahim al-Makadmeh, Isma'il Abu Shanab, Salah Darwazeh, Yousef Sarakji, Saed Siam, Nizar Rayyan, et des milliers d’autres nobles martyrs.

Le mouvement a aussi offert des personnalités illustres dans l’histoire de l’activité militaire palestinienne comme Imad Akel, Yahya Ayyash, Salah Shehadeh, Mahmoud Abu Hannoud, et des dizaines d’autres martyrs qui ne peuvent pas être tous cités ici, bien que leurs noms demeurent dans la mémoire palestinienne et dans l’histoire de la lutte.
Un autre aspect, et un ajout très important, est l’introduction de la dimension religieuse islamique dans la bataille, aux côtés de la dimension nationale, avec toute la signification de l’Islam dans la vie de la population et de la nation, et l’esprit, la force et la vigueur dont elle dote les combattants, comme elle valorise la motivation pour la résistance et la capacité à endurer davantage, à persévérer et à résister, sans parler de la capacité de l’Islam à mobiliser les masses et à galvaniser leurs sentiments en face des occupants.
De plus, cette dimension essentielle a accru le ralliement des masses des nations arabes et islamiques et leur soutien envers le peuple palestinien et sa résistance, en particulier lors d’événements majeurs comme la guerre et le blocus contre Gaza, et tout ce qui a trait à Jérusalem et à la Mosquée Al-Aqsa. Les sentiments islamiques sont parmi les liens les plus importants entre les masses de la nation et leurs élites et la Palestine. Ainsi, l’entrée vigoureuse du Hamas – avec sa claire identité islamique – sur le champ de bataille fut un facteur décisif de la recrudescence d’un élan arabe et islamique ample, et de son invocation pour la cause et la résistance palestinienne.
Comment voyez-vous la question du laxisme dans le fait de faire couler le sang ?
Il y a des conditions strictement établies concernant le sang et les vies des gens, exprimées par le Coran et la Sunna. Le Prophète (que la paix soit sur lui) n’a rien traité comme il a traité cette question. Il l’a soulignée à maintes reprises, en particulier dans son Sermon d’Adieu, et elle est devenue centrale dans la charte de la nation. Il y a aussi des codes d’éthique et des coutumes nationales auxquelles les gens souscrivent pour établir la paix dans leurs sociétés, et chacun doit obéir à ces règles et ne pas les transgresser.
Nous, dans le mouvement, nous y sommes très attachés et nous instillons ces contraintes et ces règles légales, éthiques et nationales, en sensibilisant les membres du mouvement, en les éduquant, en les astreignant à obéir à ces règles dans leur comportement, et à être responsables de toutes infractions ou violations.
Ceux qui ont besoin que l’accent soit mis sur ces questions sont, sans aucun doute, ceux du domaine militaire et ceux qui portent les armes, pour que les armes ne soient utilisées que dans leur domaine naturel contre l’ennemi occupant. Parce que ceux qui portent les armes pourraient être pris par un sentiment de puissance qui les pousserait à se servir de leurs armes inutilement. Dans une société, plus l’environnement de tension interne devient intense et plus l’excès dans l’usage des armes est prévisible.
Il faut noter ici que la gravité de l’expérience sécuritaire avec l’Autorité palestinienne dans les années 1990, la pauvre performance de son appareil sécuritaire, la corruption, le harcèlement de la population – en particulier des mouvements de résistance, et en premier du Hamas, et la torture et les insultes envers ses dirigeants, tout cela a créé un sentiment d’indignation et de douleur profonde, et a blessé des âmes qui ne guériront jamais de cette dure expérience. Ceci a rendu l’environnement domestique de la communauté palestinienne malsain, tendu et irascible, et a aggravé les postures partisanes étroites et la partialité au dépens de l’intérêt national global. Ce sont des écueils que nous devons tous nous efforcer de combattre ; nous devons travailler ensemble et prendre la responsabilité de nous en débarrasser, parce qu’il en va de l’intérêt du pays, de la cause et de nous tous, et parce que la perduration de ces anomalies nous porte préjudice à tous, et est préjudiciable à la cause et à l’intérêt national.
La possession d’armes, le sentiment de puissance et des forces importantes instillent souvent dans leurs propriétaires la vanité et l’auto-admiration, les pousse à utiliser les armes avec laxisme et peut les pousser à faire des erreurs et à violer les droits des autres. Par nature, l’homme dépasse ses propres limites lorsqu’il devient riche ou fort, comme dit Dieu Tout-Puissant : « Mais l’homme transgresse toutes les limites, dès qu’il estime qu’il peut se suffire à lui-même. » (Sourate 96, versets 6-7) Empêcher de telles transgressions requiert de la discipline et du contrôle par l’engagement religieux, moral et patriotique, et par l’édiction de contraintes, de règles et de sanctions, et par la responsabilisation pour les abus et les irrégularités.
Dans le mouvement, nous exerçons cette approche avec ses deux composantes : la dissuasion religieuse, morale et patriotique, et les vérifications et les bilans, la responsabilité et les sanctions en cas de violation. Ce sont des questions liées à la religion, à l’intérêt national et aux droits des personnes. Nous sommes aussi vigilants sur l’intégrité de nos intentions et la pureté des motivations des combattants, de manière à ce que le jihad, l’effort et le comportement soient toujours purement au nom de Dieu, et pour la patrie et ses intérêts, loin de la passion de la revanche ou de motivations personnelles. En dépit de tout ceci, des erreurs peuvent toujours se produire ; cela fait partie de la nature humaine.
Des abus et des erreurs surviennent dans les expériences de toutes les nations et de tous les peuples, comme avec les armées du monde et la laideur que nous voyons pratiquée contre les peuples vulnérables et occupés en Irak et en Afghanistan.
Cependant, en tant que nation arabe et musulmane, et grâce à nos principes religieux, notre héritage moral et culturel, nous devons toujours nous engager dans les plus hautes normes de la discipline éthique et comportementale, and la fermeté envers nos erreurs et nos abus, car notre éthique ne doit pas être pratiquée seulement parmi nous-mêmes, mais elle est universelle et humaine et doit être mise en œuvre vis-à-vis de chacun, quelle que soit sa religion ou sa race.
Même à l’époque du Prophète Muhammad (que la paix soit sur lui), il y a eu des excès et des erreurs, mais la manière de les traiter fut ferme et rapide. Le Saint Coran parle d’un de ces cas dans le verset : « Ô les croyants! Lorsque vous sortez pour lutter dans le sentier d'Allah, voyez bien clair (ne vous hâtez pas) et ne dites pas à quiconque vous adresse le salut (de l'Islam) : "Tu n'es pas croyant", convoitant les biens de la vie d'ici-bas. Or c'est auprès d'Allah qu'il y a beaucoup de butin. C'est ainsi que vous étiez auparavant; puis Allah vous a accordé Sa grâce. Voyez donc bien clair. Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Sourate 4, verset 94).
Le Prophète (la paix soit sur lui) était ferme en traitant de ces violations, aussi peu nombreuses qu’elles fussent, et les traditions prophétiques à ce sujet sont bien connues, car le parti-pris envers les principes, les valeurs et la morale est la base de la religion et la fondation de la nation.
De là, en respect des règles et de l’éthique islamiques, suivant l’exemple du Saint Coran et de la Sunna – parce que nous considérons que notre engagement vis-à-vis d’eux est une obligation religieuse et une source de bonté et de félicité, et pour la satisfaction de l’intérêt national de notre peuple et de notre nation, la politique du mouvement est fondée sur la désapprobation des erreurs et des violations, et leur non-légitimation, peu importe d’où elles viennent. Nous estimons plutôt qu’elles divergent de l’approche du mouvement, de sa pensée et de son engagement, et nous punissons fermement les contrevenants.
L'AVENIR DE LA REGION
Comment voyez-vous l’avenir de la région dans les cinq prochaines années ?
La région est aujourd’hui dans les affres de l’enfantement et les cinq prochaines années verront vraisemblablement la continuation et l’expansion de ce travail. Nous espérons qu’il en résultera finalement des changements positifs et des fruits prometteurs, si Dieu le veut, malgré les difficultés. Nous avons confiance et espoir que l’avenir, dans les prochaines années, sera au bénéfice de la nation et de la résistance et de la cause palestiniennes. Il ne fait aucun doute que la nation traverse aujourd’hui une phase de progression, mais elle est, inévitablement, difficile car elle est accompagnée de beaucoup de douleurs, et elle demande donc plus de patience et de détermination, le redoublement des efforts d’un côté, et la montée de la résistance et de la confrontation avec l’ennemi occupant de l’autre.
Certains diront que votre lecture est optimisme et sans fondement. Sur quelle base construisez-vous vos perspectives ?
Notre lecture de la situation n’est pas frivole, et elle n’est certainement pas défaitiste. C’est une lecture réaliste et fondée sur de nombreux faits, preuves et indicateurs. Un de ceux-ci est que l’effort de résistance s’est considérablement développé dans la région et a montré sa présence et son efficacité. Non seulement cela, mais la résistance a remporté des succès importants, même si elle travaille dans des conditions défavorables et qu’elle est face à des défis majeurs, le plus important étant le déséquilibre de pouvoir régional et international, et l’état de faiblesse et de division des pays arabes et islamiques.
Ceux qui observent la réalité de la résistance en Palestine, au Liban, en Irak et en Afghanistan se rendent compte que la résistance est devenu la seule véritable option sur laquelle les populations de la région peuvent compter pour combattre les forces de l’hégémonie et pour résister à l’occupation, défendre la terre et les intérêts et sauvegarder leur indépendance, et pour repousser l’agression de n’importe quelle nation du monde, même si elle est aussi puissante et imposante que les Etats-Unis d’Amérique.
Dans la région, la résistance n’a pas seulement tenu le coup et réussi à réaliser des progrès sérieux pour la libération – comme à Gaza et au Liban sud – et a tenu le coup face de grandes guerres, mais elle a également empêtré les forces d’invasion qui cherchent à contrôler directement la région dans de tels énormes problèmes et dilemmes qu’elles sont maintenant obligées de reconsidérer leurs calculs. La population et la résistance de la région ont – grâce à Dieu – forcé ces puissances et nations majeures à accorder quelque considération à notre nation, après avoir été tentées par la politique faible des gouvernements arabes à plus d’avidité et de sous-estimation et de mépris envers nous lorsqu’elles ont formulé leur politique étrangère et des décisions importantes pour la région.
La guerre sioniste à Gaza et l’incident de la Flottille de la Liberté ont exposé quelque chose d’important dans le cours du conflit, à savoir que la nation considère toujours la Palestine comme sa première cause, et que la population de la nation, même découragée, est toujours capable de se reprendre et de se mobiliser de façon importante en un temps record, de faire face aux problèmes réels et aux confrontations sérieuses avec l’ennemi. Cette vitalité inhérente de la nation, reflétée dans certaines circonstances et points chauds, fut un des facteurs et une des causes – selon nos informations – qui ont poussé les pays occidentaux à faire pression sur Israël pour accélérer la fin de la récente guerre à Gaza, par crainte des répercussions du déferlement de colère arabe et islamique et de ses effets vis-à-vis de la réalité politique actuelle et des intérêts occidentaux dans la région.
Il y a eu également des transformations positives importantes ces récentes années dans les prises de position de plusieurs pays arabes et islamiques qui, avec les forces de la résistance, ont créé une situation de pouvoir et d’indépendance croissants, un préjugé favorable envers les efforts de la résistance et les intérêts de la nation, et le refus des conditions et pressions extérieures. Il y aussi des pays réjectionnistes alliés à la résistance, et ils ont fait des progrès remarquables en terme de leur rôle dans la région, aux côtés d’autres Etats arabes qui ont développé leur position et ont exprimé, avec courage et honnêteté, leur soutien à la résistance palestinienne, au choix du peuple palestinien et au choix démocratique exprimé lors des élections de 2006.
Nous avons vu récemment l’émergence du rôle régional de la Turquie, et son évolution positive vers l’indépendance de sa prise de décision politique et du progrès économique, la promotion de l’expérience démocratique, l’ouverture aux nations arabes et islamiques, l’engagement remarquable et efficace sur la question de la Palestine et les autres problèmes régionaux, et l’adoption de positions fortes et courageuses ; tout ceci indique une transformation dans la région et dans la nation, renforçant la tendance vers une avancée et un changement pour le meilleur.
Il ne fait aucun doute qu’il y a une claire reconnaissance par tous, même ceux qui s’obstinent à le nier, que la stratégie de règlement et de négociations a misérablement échoué et a atteint une impasse, après presque 20 ans de son adoption comme seule option pour la politique arabe officielle globale basé sur une soi-disant « modération ». [Il y a aussi une reconnaissance] que toutes les administrations états-uniennes successives, sur lesquelles les Etats arabes ont compté pour les aider à faire réussir cette stratégie, n’ont rien fait pour eux sauf les embarrasser et les laisser tomber, leur donnant de simples paroles et promesses, et changeant les délais, tout en continuant à donner soutien politique et pratique à l’entité sioniste.
Bien que les tenants de cette stratégie refusent d’admettre publiquement leur échec, de peur qu’un vide se forme résultant de l’appel à une alternative, le travail dans cette région doit absolument conduire chacun à chercher une stratégie alternative plus sérieuse et plus respectueuse d’elle-même, qui sera plus à même de faire face à la réalité posée chaque jour par Israël sur le terrain, au mépris de tous – modérés et non modérés. La politique de l’attente, du gain de temps, de l’adhésion à la politique actuelle, du recours à des options qui ont échoué et de leur reproduction systématique n’est plus faisable ni possible.
En plus, la politique officielle arabe générale semble, malheureusement, incapable de prendre le pas sur les changements dans la région, l’avènement de nouveaux acteurs et le rôle grandissant d’autres acteurs, et les défis conséquents auxquels sont confrontés les Arabes et leur sécurité, leurs intérêts et leurs rôles régionaux – en particulier ceux des principaux pays.
Bien que les Etats-Unis continuent de peser de tout leur poids sur plusieurs pays de la région, un ressentiment caché commence à grandir contre eux dans ces pays. Ceci inclut même ceux qui sont amis avec les Etats Unis, simplement parce qu’ils les laissent tomber et ne les aident pas sur des questions concernant la nation arabe – en particulier en ce qui concerne le conflit arabo-israélien – et font plaisir à l’entité sioniste et à d’autres pays régionaux à leurs frais, ce qui accroît leur embarras en face de leur population, et affaiblit leur capacité à continuer à promouvoir et à défendre la stratégie politique de la modération basée sur les accords et les négociations.
Une des preuves qui renforce notre confiance que l’avenir de la région est en notre faveur est la position de plus en plus faible de l’entité sioniste. Il est vrai qu’elle est toujours en avance d’un point de vue militaire, et que l’équilibre du pouvoir continue de travailler pour elle, mais elle compte aujourd’hui de nombreux échecs. Oui, elle est capable de lancer une guerre, mais il y a longtemps qu’elle est incapable de remporter la victoire.
Tous les faits mentionnés ci-dessous, et ce qu’ils reflètent quelquefois d’amertume et quelquefois de signes prometteurs, avec une prise de conscience croissante parmi les populations de la région – en particulier les populations arabes, avec l’espace médiatique ouvert et l’impossibilité de cacher les faits, avec le retour grandissant des peuples de la nation à leur identité authentique et à leurs racines culturelles arabo-islamiques et leur préoccupation croissante sur la situation actuelle de la nation arabe et sa destinée et son avenir, la sécurité nationale et les rôles régionaux et internationaux et ses questions majeures, à l’avant-garde de laquelle se trouve le conflit arabo-sioniste… Tout ceci, à mon avis, stimule la nation vers un changement réel et important qui est devenu inévitable. C’est ceci qui me rend (moi et ceux qui pensent comme moi) confiant que l’avenir dans les prochaines années sera, si Dieu le veut, à l’avantage de notre nation, nonobstant l’amertume, la souffrance et les inquiétudes actuelles. Cette vision est renforcée par le fait que cette région, comme mis en évidence par les faits historiques, a toujours réussi à reprendre l’initiative et à défaire les forces de l’agression.
L’AVENIR DE L'ENTREPRISE SIONISTE
Au travers de votre lecture du cours de l’entreprise sioniste et de sa réalité actuelle, comment voyez-vous l’avenir de cette entreprise ? Se dirige-t-elle vers la réalisation du « Grand Israël » ou est-elle en déclin et en régression ?
Les données factuelles renforcent la conviction que l’entreprise sioniste n’a aucun avenir dans la région. Il y a un réel déclin de cette entreprise, dont l’expansion fut une caractéristique importante, et elle n’est plus en mesure de poursuivre sur cette voie. La construction du mur (tout en reconnaissant ses répercussions négatives sur le peuple palestinien) et le retrait du Liban sud et de la Bande de Gaza ne sont que des exemples pratiques de son déclin et de sa régression.
Israël, qui avait l’habitude de déclarer la guerre à ses voisins et à gagner facilement, était capable d’attaquer ses ennemis et de frapper partout ; aujourd’hui il a son centre comme champ de bataille de la résistance palestinienne. C’est un phénomène qui se répète. Le soi-disant “front intérieur israélien” est maintenant menacé dans chaque guerre ou confrontation et paie le prix des aventures de ses dirigeants. De plus, la classe au pouvoir en Israël aujourd’hui – et au niveau de nombreux dirigeants militaires, politiques et sécuritaires – n’a plus la capacité de la première génération qui a construit cette entité, ni la volonté de combattre qu’elle avait, sans parler de la corruption rampante de la classe dirigeante, un nombre croissant de suicides, le refus du service militaire et la performance déclinante des institutions sécuritaires.
Israël n’a pas gagné de vraie guerre depuis 1967, à part l’invasion de Beyrouth en 1982. C’est un indicateur important du déclin des capacités de l’entreprise sioniste, et le fait qu’elle n’a aucun avenir.
A mon avis, le projet de « Grand Israël » est fini, simplement parce que l’ennemi sioniste n’est plus capable de le réussir, et parce qu’Israël continue dans la même voie que celle de l’Afrique du Sud de l’apartheid. C’est une conviction grandissante pour de nombreux hommes politiques et observateurs neutres.
Plus de 60 ans après l’établissement de cette entité, et quand la rue israélienne s’interroge non pas seulement sur la sécurité d’Israël, mais aussi sur son futur et son destin, c’est un développement important et grave. Quand la communauté israélienne questionne le fondement de son existence et son avenir, et la faisabilité de son entreprise, c’est que le compte à rebours a commencé, si Dieu le veut.
Dire ceci n’est cependant pas suffisant ; ce qu’il faut, c’est construire dessus. Nous n’appelons pas à une sous-estimation de la force et des capacités de l’entité sioniste (car il est important de ne pas sous-estimer son ennemi) qui a toujours de nombreux éléments de puissance. Néanmoins, cette lecture et cette vision réalistes, basées sur beaucoup de facteurs et d’indicateurs, doivent nous pousser à ne pas succomber aux menaces et aux exigences israéliennes pour un règlement politique, et à ne pas traiter avec l’entreprise sioniste comme destin inévitable. L’option et l’alternative réelles à la politique de soumission et à l’état d’impuissance, à attendre et à s’enliser dans des négociations, sont la résistance. Le peuple palestinien est capable, si Dieu le veut, de continuer à résister, mais il a besoin du soutien et de la participation de la nation.
Le débat existe parmi beaucoup d’acteurs internationaux pour savoir si Israël constitue toujours un atout pour les intérêts occidentaux dans la région ou non. Pensez-vous qu’il y ait une chance que certaines parties internationales reconsidèrent l’utilité de continuer à soutenir l’entité sioniste ?
L’un des points forts d’Israël fut sa capacité à se promouvoir en Occident comme faisant partie de la civilisation européenne et comme son extension, portant ses valeurs, son mode de vie et son système politique de gouvernance démocratique. Il avait aussi coutume de se présenter comme une victime du nazisme pour s’attirer la sympathie occidentale. Aujourd’hui, Israël n’est plus dans cette situation, en particulier après le Rapport Goldstone, ses crimes pendant la guerre à Gaza et au Liban avant, et ses crimes contre la Flottille de la Liberté, car ses agressions ont touché des centaines de nationaux venant de dizaines de pays, dont des pays occidentaux. Aujourd’hui, Israël vit dans un état d’exposition, et dans une situation où la justification morale qu’il avait l’habitude de clamer et de promouvoir auparavant est ébranlée. Israël tombe d’un point de vue moral, et son véritable visage hideux est dévoilé. C’est un développement très important.
L’étreinte occidentale d’Israël a subi un grand choc, surtout parmi les populations et les élites occidentales, à cause de ses crimes haineux et aussi de la détermination palestinienne qui l’expose pour ce qu’il est, et met en exergue la juste cause palestinienne et son visage humain. Les négociations permettront à Israël de polir son image pour des objectifs de relations publiques. Lorsqu’Israël perd sa couveuse internationale, il subit une lourde perte parce qu’il ne fait pas authentiquement partie de la région, mais il survit plutôt grâce au soutien de la communauté internationale, en particulier de l’Occident. La mentalité occidentale, d’un côté, glorifie la force, l’adore et fonde sur elle sa politique. Aujourd’hui, l’entité sioniste n’apparait plus, pour l’Occident, capable d’imposer ce qu’elle veut dans la région, et ceci signifie que la confiance occidentale dans la capacité de cette entité à imposer par la force ses désirs dans la région s’érode. Ceci a sans aucun doute changé l’image d’Israël et son rôle fonctionnel en Occident, passant d’un investissement intéressant à un fardeau onéreux ; ceci aura de plus en plus d’impact sur l’interaction occidentale avec l’entreprise sioniste à l’avenir.
Tous ces facteurs démontrent le vieillissement prématuré de cette entreprise. Habituellement, lorsque la sénescence apparaît de bonne heure dans une structure physique, cela indique un point faible dans le développement et l’immunité, ainsi qu’un environnement de rejet qui a provoqué ce vieillissement. Sans le moindre doute, la fermeté et la résistance palestiniennes, et la détermination et le soutien de la nation, ainsi que les confrontations continues avec l’entreprise et le non-alignement sur sa volonté, ont dénoncé cette entreprise et ses vices. Par conséquent, elle a vieilli tôt et n’est plus capable de mener les mêmes aventures et d’engranger les mêmes succès que par le passé. En bref, l’entreprise sioniste, comme toutes les autres entreprises d’occupation, de colonisation de peuplement et d’agression à travers l’histoire, n’a aucune légitimité parce qu’elle est étrangère à notre région et manque des éléments de survie. Elle se terminera donc comme toutes les autres entreprises similaires.
Nous sommes une grande nation, nous sommes fiers de nous, de notre religion, de notre terre, de notre histoire, de notre culture et de notre identité, avec la Palestine et Jérusalem comme cœur battant et indicateur de nos vies et de notre survie. C’est pourquoi nous ne tolèrerons pas l’entité sioniste encore longtemps et nous la vaincrons, tout comme nous avons vaincu les Croisades et l’avancée mongol par le passé.
« Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et mauvais) parmi les gens, afin que Dieu reconnaisse ceux qui ont cru, et qu'Il choisisse parmi vous des martyrs - et Dieu n'aime pas les injustes. » (Sourate 4, verset 140).
(1) Les traductions des versets des sourates cités dans cet article sont tirées de Oumma.com. 
Traduction : MR pour ISM