jeudi 26 août 2010

Le Caire incontournable

Le président Moubarak se rendra à Washington début septembre prochain pour assister aux côtés du roi Abdallah II de Jordanie et du président Obama au lancement des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens.
La présence du chef de l’Etat à ces pourparlers est symbolique et hautement significative. En effet, l’Egypte déploie depuis des mois des efforts intenses pour amener Israéliens et Palestiniens à s’asseoir sur la même table de négociations. La reprise des négociations, organisée sous l’égide de Barack Obama, sera précédée, le 1er septembre, de discussions bilatérales auxquelles le président Obama conviera les présidents Moubarak et Mahmoud Abbass, le roi Abdallah II de Jordanie et le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahu, suivies d’un dîner auquel sera convié le représentant du Quartette, Tony Blair. « La présence de l’Egypte à ces négociations vient en reconnaissance à son rôle dans les efforts de paix », explique une source ayant requis l’anonymat. L’Egypte a été le premier pays à signer un traité de paix avec Israël en 1979. Depuis, elle joue un rôle modérateur dans la région, soutenant les efforts de paix entre Israéliens et Palestiniens. Au cours des derniers mois notamment, l’Egypte a été un acteur principal dans les pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens. Le président Moubarak avait reçu en juillet tous les protagonistes de la paix. Tour à tour, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass, l’émissaire américain George Mitchel, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahu et le président israélien Shimon Pérès avaient fait le détour par Le Caire.
Des divergences de taille
La tâche était difficile pour l’Egypte. En effet, comment rapprocher les points de vue entre Palestiniens et Israéliens dans une situation où les points d’accord sont minimes face aux divergences nombreuses et profondes ? Il s’agit des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, des frontières du futur Etat palestinien, du statut de Jérusalem et du droit au retour des réfugiés palestiniens. Le Caire avait deux tâches à accomplir. Premièrement, le gel des colonies israéliennes qui est le principal point d’achoppement entre le premier ministre israélien Netanyahu, qui voulait entamer des discussions directes sans conditions préalables, et le président de l’Autorité palestinienne qui exigeait au préalable leur gel. Deuxièmement, les questions de statut final. « L’Egypte a réussi à atteindre son objectif et le résultat est que les pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens reprennent le 2 septembre à Washington et peuvent même aboutir d’ici un an au statut final », déclare la source diplomatique sous couvert de l’anonymat. Pourtant, certains observateurs estiment que si ces pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens ont pu se tenir, c’est surtout grâce aux pressions américaines sur le président Abbass. Ces pressions auraient été plus fortes que Abbass à tel point qu’il n’a pas mentionné le gel des colonies. En effet, les Palestiniens ont résisté depuis plusieurs mois aux pressions américaines, les invitant à discuter directement avec Israël, arguant que Netanyahu n’avait pas sérieusement l’intention de se retirer des territoires occupés, notamment de Jérusalem-Est, dont ils veulent faire la capitale de leur futur Etat. « Bien que Washington ait décidé de peser de tout son poids pour aboutir à une solution entre Palestiniens et Israéliens, on ne peut pas nier le rôle joué par Le Caire entre les deux parties », explique Ali Howeidi, politologue. Selon lui, il ne faut pas oublier qu’il y a toujours eu une coordination entre Le Caire et Washington concernant les pourparlers directs. Le président Moubarak avait reçu, la semaine dernière, un appel téléphonique du président Obama, au cours duquel les deux dirigeants ont discuté des conditions nécessaires au lancement des pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré pour sa part que le président Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie ont été invités, par le président Obama, à assister aux rencontres organisées à Washington, étant donné le rôle décisif que l’Egypte et la Jordanie ont joué dans cet effort de paix.
Chérif Ahmed