jeudi 29 juillet 2010

USA : la ville de Rachel Corrie passe au boycott d’Israël

Publié le 28-07-2010

Olympia (Etat de Washington, nord-ouest des USA), la ville américaine dont la jeune pacifiste Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer israélien à Gaza en 2003 était originaire, vient de passer au boycott.

Déjà le mois dernier, le conseil étudiant du l’Université Evergreen d’Olympia, dont Rachel était une ancienne élève, avait passé une résolution condamnant tout investissement de l’établissement dans les firmes tirant profit du viol des droits du peuple palestinien par Israël, et une seconde visant explicitement la société Caterpillar, qui développe spécialement pour l’armée d’occupation israélienne des bulldozers géants.
C’est un de ces monstres chenillés qui avait écrasé Rachel, le 16 mars 2003 dans la bande de Gaza, alors que la jeune militante de l’International Solidarity Movement (ISM) tentait, en faisant rempart de son corps, de s’opposer à la démolition de maisons palestiniennes.
Jeudi dernier, le conseil d’administration des magasins coopératifs d’Olympia, une ville de petite taille -42.000 habitants- mais symbolique car elle est la capitale de l’Etat de Washington, a décidé de bannir les produits « made in Israel » de ses deux supermarchés.
« La résolution de boycott a été présentée par 40 des membres de notre structure, ce qui est un chiffre assez conséquent. Il y a eu quelques questions sur l’impact financier de la mesure, mais ce fut un aspect marginal de la discussion. En ce qui me concerne, nous sommes confrontés à un impératif moral, qui dépasse de loin les questions d’argent. Le boycott a donc été voté, et il est entré en vigueur le lendemain », a déclaré un des promoteurs de l’initaitive, Rob Richards, à la journaliste du Haaretz Natasha Mozgovaya.
Interrogé sur la question de savoir si le boycott vaut pour tous les produits israéliens, ou seulement ceux issus des colonies, Richards répond : « Pour autant que je sache cela concerne tous les produits. Nous avons seulement exempté une huile, labellisée « Huile de la Paix », qui est une marchandise co-produite avec des paysans palestiniens. Et nous exempterons du boycott toute firme qui travaille à améliorer la situation des Palestiniens ».
« Deux des membres de notre conseil d’administration appartiennent à la communauté juive de la ville, et ils soutiennent le boycott. Mais vous savez, ici à Olympia, on est des gens assez libéraux », ajoute-t-il.
Richards a bien conscience qu’Olympia ne pèse pas lourd, à première vue, dans le paysage politique étatsunien, où Netanyahou et ses sbires bénéficient d’un soutien écrasant au niveau institutionnel : Maison-Blanche, Parlement, médias, etc. « Mais comme on dit, ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Je crois bien qu’on verra d’autres chaînes coopératives rejoindre le boycott, et d’autres voix s’élever », commente-t-il.
Côté sioniste, Natasha Mozgovaya a recueilli la réaction de Jennifer Laszlo Mizrahi, du lobby Israel Project. « C’est une ville où nous ne sommes pas bien organisés. On a raté le coche, parce que la plupart d’entre nous sommes actuellement accaparés par la campagne contre l’Iran », commmente Mizrahi.
Des représentants de l’ambassade israélienne, interrogés par le Haaretz, minimisent également la défaite d’Olympia, la qualifiant de marginale.
Pour la correspondante du Haretz, en revanche, le boycott voté à Olympia est représentatif de l’éclosion, désormais aussi aux Etats-Unis, de la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions), dont la pression sur les firmes américaines ne fait qu’augmenter. Encore lundi, des militants d’Une Voix Juive pour la Paix (Jewish Voice for Peace) devaient déposer une motion à l’assemblée générale annuelle de la caisse de retraite des enseignants et chercheurs, TIAA-CREF, demandant le désinvestissement de firmes telles que Caterpillar et Motorola, ainsi que de l’Israélienne Elbit qui toutes « profitent des violations du droit international que sont les destructions de maisons, le saccage des vergers, la construction de routes réservées aux seuls Israéliens juifs, l’assassinat de civils avec des drones, et bien d’autres infractions ».
Pour Natasha Mozgovaya, « il est clair que dans de nombreux cas, la communauté juive combat avec vigueur les tentatives de boycott. Mais de nombreux partisans de la politique israélienne ne cachent pas leur inquiétude, et estiment qu’en fait, la bataille est déjà perdue, au moins en ce qui concerne les campus ».
CAPJPO-EuroPalestine