dimanche 4 juillet 2010

Liban-Israël : La guerre du pétrole aura-t-elle lieu ?

publié le samedi 3 juillet 2010
Paul Khalifeh

 
Le Liban a vivement réagi à l’annonce par Israël de la découverte d’importantes quantités de gaz et de pétrole, à l’Est de la Méditerranée. Il soupçonne l’Etat hébreu de vouloir lui « voler » sa part et promet de revendiquer ses droits par tous les moyens. Un nouveau sujet de discorde qui vient se greffer aux nombreux contentieux qui séparent, déjà, les deux pays.
Cette carte de PGS montre les gisements prometteurs de Tamar et Dalit. Petroleum Geo-Services
L’occupation des terres et l’exploitation des eaux ont toujours été une source de conflit entre le Liban et Israël. Ces dernières semaines, un nouveau sujet, bien plus explosif, est apparu : celui des hydrocarbures [1]. Après l’annonce par Nobel Energy, une compagnie basée aux Etats-Unis, de la découverte d’un potentiel de 453 milliards de m3 de gaz au « large d’Israël », le Liban s’est mobilisé pour « revendiquer ses droits. » Les enjeux sont d’autant plus importants que l’Est de la Méditerranée pourrait renfermer d’énormes quantités de pétrole et de gaz dans des eaux non délimitées, où trois pays, le Liban, Israël et Chypre, peuvent faire valoir leurs droits.
Dès 2001, le gouvernement libanais avait ordonné un balayage sismique des fonds marins libanais. Deux compagnies étrangères, Spectrum et Petroleum GeoServices (PGS), avaient alors procédé à des prélèvements, respectivement en 2002 et 2006, et les études sismiques géologiques avaient révélé la présence possible de gaz et de pétrole.
« Les résultats en 2D combinés avec ceux en 3D précédemment acquis par PGS, ont identifié de nombreux indicateurs associés à la présence d’hydrocarbures. Ceux-ci confirment l’extension d’un système pétrolier actif au large des côtes du Liban », peut-on lire sur le site de PGS. Un rapport de l’USGS (US Geological Survey) estime le potentiel au large des eaux libanaises à près de 608 millions de barils de pétrole, 44 560 milliards de pieds cubiques de gaz et 1 107 millions de barils de gaz naturel liquide. De quoi réveiller toutes les convoitises.
Côté israélien, Tamar -qui se trouve à 90 km au large du port de Haïfa- possède une capacité de 238 milliards de m3 de gaz. Il s’agit du plus important champ gazier découvert au niveau mondial ces trois dernières années. Productive dès 2012, cette nappe répond aux besoins de l’Etat hébreu pour les 35 prochaines années.
Pour le projet appelé Léviathan, l’estimation est de 16 000 milliards de m3. D’autres sites alentours auraient une capacité totale de 850 milliards de m3. Pour comprendre l’importance des enjeux, il suffit d’écouter les propos du ministre israélien des Infrastructures nationales, Uzi Landau, qui a récemment déclaré lors d’un voyage en Chine qu’« Israël est devenu une superpuissance gazière. Ces découvertes ont le pouvoir de faire d’Israël un acteur principal sur le marché du gaz international ».
[1] cette question de l’appropriation par Israël des ressources naturelles de la région n’est pas nouvelle. Voir Le rapt des réserves naturelles de Gaza par Israël (partie 1)
Publié par RFI
ajout de note : C. Léostic, Afps