dimanche 4 juillet 2010

Anatomie d’une attaque israélienne contre l’Iran

publié le samedi 3 juillet 2010
David Moon

 
Un article publié sur le site internet Asia times online relate en détails une attaque aérienne d’Israël contre l’Iran. Extraits
Etant donné le statut quo régional comment l’IAF (Israeli Air force) pourrait frapper l’Iran sans que son approche ne soit détectée ou au moins non reconnue au retour si la décision est prise à Jérusalem que la menace existentielle posée par le progrès du nucléaire iranien ne peut plus être tolérée sur le plan sécuritaire ?
Bien que la coordination des logistiques et les tactiques d’une telle mission longue distance - 1600 KM - directe de Tel Aviv jusqu’à la centrale d’enrichissement d’uranium de Natanz - soit redoutable, les réalités stratégiques ou politiques doivent être définies avant d‘entreprendre quoi que ce soit.
Le survol de l’Irak pour atteindre directement l’Iran est hors de question. Une telle voie créerait des frictions avec les US qui sont responsables de la souveraineté aérienne de l’Irak, et le prochain gouvernement irakien sera surement de composition fragile. On peut affirmer que les US considèrent la stabilité de l’Irak bien plus importante pour leurs intérêts que des appartements à Jérusalem Est, donc la ligne droite pour Israël par survol de l’Irak serait un prix trop cher à payer pour Israël.
L’itinéraire possible pour aller en Iran, démarrant au crépuscule dans la nuit noire d’une nouvelle lune, c’’est de faire un grand cercle autour de l’Iran. Seule une planification prudente faite avec un minutage et une exécution précise permettra de réussir. Pour cet itinéraire, pratiquement tous les atouts possibles de logistiques et de soutiens de l’AIF seraient utilisés.
Pour tout bombardier F-151 et F-161 le premier soutien serait méditerranéen à proximité d’une ville syrienne de Latakin, où jusqu’à 3 KC-707 (tankers aériens) seront stationnés là pour assurer en vol le ravitaillement du groupe d’attaque. Cet approvisionnement en carburant est absolument nécessaire pour les F-161 dont les capacités de vol sont de 1780 KM. Réapprovisionner les F-151 (capacité de 4425 KM) est souhaitable mais pas nécessaire sauf si les renseignements suggèrent des cibles au-delà de l’est iranien.
Pour contourner l’espace aérien turc et la capacité de l’armée turque à lancer l’alerte entendue dans tout l’OTAN le groupe d’attaque doit voler à basse altitude dans le nord de la Syrie accompagné de deux paires de Golfstream G-550 l’une des deux servant de NCCT (network -centric collaborative targeting ) et l’autre utilisant la technologie Senior Suter . Le G-550 est un petit avion qui peut accompagner sur la distance et à la même vitesse le groupe d’attaque aller retour sans avoir besoin de se réapprovisionner en carburant - donc capable de relever le défi.
Le NCCT des avions détecte les radars de défense anti aérienne. Le Suter émet un rayon contenant ce que l’on appelle dans le jargon informatique « un ver « dans ces radars capable de paralyser la totalité d’un réseau de défense aérienne, si un tel réseau fonctionne sous contrôle centralisé.
Cette technologie dont l’US Air Force a été pionnière et une partie du code appelé le programme « Big Safari » constitue quelque chose de grisant qu’on dit avoir fait des prouesses contre la Syrie lors de l’attaque sur le réacteur nucléaire (version israélienne ndlt) conçu par la Corée du Nord au Nord de la Syrie en Septembre 2007. Le soutien des G-550 sera instrumental à chaque kilomètre de la mission.
De l’artillerie anti aérienne (AAA) non regroupée en réseau dans des états hostiles à Israël peut nécessiter des F-161 expérimentés et de vrais missiles AGM-88 anti radiation de haute vélocité pour la mission.
Ainsi le lancement le 11 Juin 2007 du satellite Ofek-7 une nouvelle application de haute technologie comme l’a noté Richard B Gasparre, également une source sur les G -550 au service de l’IAF sur le site airforcetechnology-com, est un « … satellite de reconnaissance qui fournit aux spécialistes des renseignements israéliens une capacité de cartographie de sites et systèmes d’une précision sans précédent ». Nul doute qu’Ofek-7 a contribué à la planification de la mission d’attaque de l’IAF contre la Syrie.
On peut compter sur ces puissants outils pour permettre au groupe d’attaque d’esquiver de quelque 240 KM soit l’espace aérien irakien ou turc pour atteindre l’espace aérien iranien sans être détecté. La distance en ligne directe de Latakin à Tabriz en Iran est de 988 KM. Le vol est plus court si les Israéliens évitent la Turquie et coupe à travers le coin kurde.
A un point désigné au dessus du Nord de l’Iran, le groupe d’attaque se divise en vols Q et E. Le vol Q vole 560 Km en direction du Sud Est pour atteindre les sites d’enrichissement d’uranium connus de Qom (en construction) et Natanz (opérationnel). Le vol E se dirige vers le site de développement de stockage de gaz d’Esfahan et de l’installation du réacteur à l’eau lourde à Arak vers une direction plus au Sud à 774 KM.
Pendant tout ce temps les avions G-550 Suter et NCCT travaillent en tandem et avec les F-161 suppriment les radars et AAA tandis que les F-151 assurent une couverture contre toute menace d’attaque aérienne par les forces aériennes de l’Iran.
Le groupe d’attaque peut compter sur l’aide de missiles de croisière turbo Popeye lancés d’au moins un sous marin nucléaire dans la Mer Arabe contre des cibles en Iran afin de protéger les avions israéliens, dégrader la réponse de l’ennemi et semer la confusion au sein de l’armée iranienne.
A un moment donné l’une des 3 plateformes de l’US Air Force RC-135 Rivet Joint ELINT (renseignements électroniques) dans la zone « verra » les radars de la défense aérienne iranienne et entendra une explosion de voix iraniennes sur les ondes ouvertes et synthétisera rapidement ce qui se passe en Iran. Ces données collectées seront immédiatement transmises via le Commandement Central à Washington pour dissémination comme l’exige le Conseil National de Sécurité, incluant le président US, Barack Obama.
7 heures auparavant, au moins 3 KC-707 de l’IAF auront effectué 5600 KM autour de la Péninsule Arabe, probablement peints comme des avions 707 de transport de fret commercial, transitant dans l’espace aérien international vers un point de rencontre au dessus de la partie nord du Golfe Persique. A cette grande distance, chaque KC-707 va transporter seulement environ 85 000 lbs de carburant pour réapprovisionner les F-161 gourmands parcourant 725 KM de Qom et 563 KM d’Esfahan.
Chaque F-151 nécessitera au moins 5000 lbs de carburant pour le dernier parcours d’environ 1600 KM à travers le Nord de l’Arabie Saoudite puis retour à la base. Les Israéliens doivent déterminer la combinaison de F-161 et de KC-707 engagés pour la mission.
Au dessus et au-delà du Golfe Persique, étant donné la présence de l’US Navy et de plateformes aériennes AWACS telles l’EC-2 Hawkeys et E-3 Sentry avec en parallèle des radars SPY-1 de croiseurs de l’US Navy et de destroyers, les Israéliens ne peuvent pas du tout espérer que le réapprovisionnement des F-161 passera inaperçu. Au cours de cette évolution tout avion de l’IAF endommagé et incapable de rentrer à sa base peut plonger à proximité d’un navire de l’US Navy pouvant raisonnablement compté être secouru.
Beaucoup de choses dépendront de ce que feront les US des informations disponibles. Obama choisira t-il d’informer de la situation le Conseil de Coopération irakien et des alliés du Golfe ou bien différents radars US vont-ils simplement passer en « mode diagnostic » comme si les opérateurs ne peuvent croire ce qu’ils voient ?
Si la décision d’Obama c’est de regarder et d’écouter, le groupe d’attaque peut essayer de rentrer à sa base à travers le Nord de l’Arabie Saoudite. Là les Saoudiens ont une décision à prendre. L’armée de l’air saoudienne peut défendre l’espace aérien du royaume, essuyant éventuellement des pertes et en infligeant, ou les Israéliens peuvent parier sur un brouillage par les G-550 du système de défense aérienne du royaume qui fournira aux Saoudiens une excuse pour dire qu’ils ont été aveuglés par l’IAF et qu’il y a eu non -coopération des US.
En volant au Nord, l’IAF recueille les bénéfices d’un moyen de nier plausible, une nécessité politique pour les US et les états arabes alliés. Ces états peuvent honnêtement dire qu’ils n’avaient eu à l’avance aucune connaissance que des avions de l’IAF volaient vers l’Iran remplis à ras bord de missiles et de bombes.
Autre option disponible pour les Israéliens c’est d’accroître les chances de l’IAF de voler via le Nord sans être détectés. Ce choix c’est de frapper le « Duché de Nasrallah » - Hezbollah sous Hassan Nasrallah au Liban - pour créer une couverture et semer la confusion. Si l’IAF attaque l’Iran, on peut s’attendre à une volée de missiles non guidés du large inventaire du Hezbollah soutenu par l’Iran.
Le 18 Juin, le porte avion USS Henry S. Truman, et un groupe de navires d’accompagnement dont la frégate allemande Hessen en compagnie d’un navire israélien non identifié ont rapidement transité par le Canal de Suez. Non seulement les Egyptiens ont fermé le Canal à tout trafic, tous les bateaux de pêche sont restés à quai tandis que l’armée égyptienne était alignée le long des berges du canal. Tous les éléments de cette traversée sont extraordinaires.
C’est évident que le Département d’Etat et le Pentagone ont collaboré étroitement avec un pays arabe(l’Egypte pour ne pas le citer ndlt) pour créer une voie rapide de transit non seulement pour les navires de l’US Navy et un navire allié de l’OTAN mais également pour un navire israélien.
Un élément de plus : l’IAF a lancé Ofek-9 leur satellite de reconnaissance amélioré le 22 Juin. Est-ce là une coïncidence ou une programmation ordinaire ?
Article complet publié par Asia Times http://www.atimes.com/atimes/Middle...
et en français (avec complément d’information par la rédaction) par Planète non violence
Mireille Delamarre introduction traduction complément info