mardi 8 juin 2010

Une seule solution : la levée du blocus

publié le lundi 7 juin 2010
Pierre Barbancey

La paix passe par la condamnation sans appel du terrorisme d’État israélien et par la fin immédiate des mesures inhumaines qui frappent les 1,5 million de Gazaouis enfermés, appauvris. [1]
Une semaine après l’acte de terrorisme d’État, de piraterie internationale, commis par Israël dans les eaux internationales, au large de Gaza, de nombreuses questions restent posées. Elles ne sont pas vraiment nouvelles : le conflit Israël-Palestine dure depuis bien trop longtemps pour cela. On pensait pourtant que Tel-Aviv avait épuisé toutes ses formes d’oppression, était allé au bout de ce qu’une puissance occupante peut infliger à un peuple. On se trompait. Au milieu des débris de la tuerie perpétrée, une question émerge cependant, essentielle : comment, maintenant et tout de suite, mettre fin au blocus de la bande de Gaza, mis en place depuis trois ans, qui asphyxie à petit feu plus de 1,2 million de personnes et constitue un point de blocage pour toute reprise des négociations politiques entre Israéliens et Palestiniens. C’est à cela que nous tentons de répondre dans les pages qui suivent.
La flottille humanitaire qui a été arraisonnée de la pire des manières, lundi dernier, si elle n’est pas parvenue jusqu’à Gaza, a très certainement brisé une idée : celle de l’impunité d’Israël. Dans le monde entier, le choc a été terrible. Les images, pourtant contrôlées au départ par l’armée israélienne, ont montré ce qu’il y avait d’insupportable dans l’argumentaire israélien, à savoir ce soi-disant danger qu’aurait couru le pays de Ben Gourion si ces bateaux avaient touché les côtes gazaouies. Des commandos très bien entraînés et lourdement armés contre des civils utilisant ce qu’ils avaient sous la main pour se défendre ? Fallait-il que ces derniers, dans les eaux internationales, se laissent faire comme des moutons alors que des femmes et des enfants se terraient dans les cabines des ponts inférieurs ?
L’Europe et les États-Unis doivent maintenant prendre leurs responsabilités, devant leurs peuples et devant l’histoire.
Plus salutaire peut-être, l’onde de choc traverse maintenant la société israélienne, comme le montrent les reportages de notre envoyée spéciale à Jérusalem, à Tel-Aviv mais aussi au sein de la population arabe israélienne. Des voix réputées sionistes ou anciennement sionistes manifestent, dénoncent la politique d’un gouvernement incapable de se présenter sous un autre jour qu’en treillis et armé. Daniel Bensimon, ancien responsable du groupe travailliste à la Knesset (le parlement israélien), le dit en substance : la société israélienne est malade, elle n’a que des réponses militaires à toutes les situations. C’est un cri de détresse de sa part que de dire que les Israéliens sont incapables d’apporter la moindre réponse politique. L’inquiétude est d’autant plus grande qu’Israël, c’est un secret de polichinelle maintenant, est une puissance nucléaire, non signataire du traité de non-prolifération (TNP). Israël a même réussi le tour de force de se priver d’un allié musulman dans la région : la Turquie, membre de l’Otan, prend ses distances et veut faire valoir son droit. L’Europe et les États-Unis doivent maintenant prendre leurs responsabilités, devant leurs peuples et devant l’histoire. Si le blocus israélien a tenu depuis trois ans c’est d’abord et avant tout à cause de leur lâcheté. Ils prônent la démocratie et les droits de l’homme d’un côté mais, refusant la victoire pourtant démocratique du Hamas, ils laissent sanctionner tout un peuple. Il n’y aurait pas à la clé la mort de milliers de Palestiniens à Gaza (par la guerre menée en décembre 2008-janvier 2009 ou par le blocus), on pourrait sourire de cette attitude consistant à attendre le bon vouloir des Israéliens pour faire entrer le matériel nécessaire dans la bande de Gaza. Des aliments, bien sûr, des médicaments, évidemment, mais surtout des matériaux pour reconstruire les maisons détruites il y a dix-huit mois. Les Palestiniens veulent vivre de leur travail, pas de la mendicité internationale.
Comment briser le blocus de Gaza ? En faisant pression sur nos gouvernements, nos députés, nos sénateurs pour qu’une autre politique se mette en place. En se situant dans une optique de BDS (boycott, désinvestissement, sanction), en manifestant pour que l’Union européenne suspende ses accords d’association avec Israël tant que le droit international n’est pas respecté.
[1] Numéro exceptionnel, demain dans l’Humanité, huit pages spéciales en solidarité avec le peuple palestinien. Des entretiens (Leïla Shahid, le rabbin David Meyer…), nos reportages en Israël, des points de vue (le curé de Gaza, le père Manuel Musallam, Haneen Zoubi, députée arabe). Un numéro à ne pas manquer !