mardi 8 juin 2010

Erdogan tient tête aux Israéliens, les positions se radicalisent

07/06/2010  
Le bras de fer entre la Turquie et l’entité sioniste pourrait prendre une tournure dramatique.
La raison en est surtout qu’il persiste, à l’insu des tentatives israéliennes incessantes de faire plier Ankara, depuis le fameux face à face de Davos en février 2009. Les risques de dérapages sont d’autant plus plausibles qu’à chaque fois, Israël en ressort encore plus diminué, avec toutefois un taux d’agressivité qui ne cesse de monter.  
La dernière tentative israélienne date de la rencontre entre le vice-chef de la diplomatie israélienne et l’ambassadeur de Turquie en Israël. Le premier avait tenté d’humilier le turc, usant de tromperie mesquine : l’asseyant sur un siège plus bas devant les caméras, le tournant en dérision en hébreux devant les journalistes pour qu’il ne comprenne pas,…
La mise en scène qui devait servir de réplique au face à face de Davos, entre Erdogan et le président israélien Shimon Perez a tourné à la mascarade pour Israël.   En fin de compte, le cabinet israélien s’est résolu à s’excuser, très humblement, voire à deux reprises.
Mais, sans toutefois parvenir à changer le comportement d’Ankara, concernant les défis de la région. Allant obstinément dans le sens inverse des intérêts israéliens.
Il en est ainsi sur le blocus imposé contre la bande de Gaza. Les Turcs s’efforcent d’amener les Israéliens à l’alléger par tous les moyens. Leur participation active à la flottille de la liberté n’étant qu’un indice.
Il en est de même concernant le programme nucléaire iranien, qui tient particulièrement à cœur à l’entité sioniste qui s’attelle depuis près de deux années à obtenir un durcissement des sanctions contre Téhéran. Sur ce dossier, Ankara ne se contente pas de dénoncer de telles sanctions, ni de se lasser de rappeler  l’existence du nucléaire militaire israélien dont personne ne se soucie, tout en fustigeant le double poids et mesure des Occidentaux.
Plus encore, Ankara œuvre activement en vue d’entraver ces sanctions. L’accord tripartite Brésil-Turquie-Iran conclu récemment à la veille d’un vote de sanctions au Conseil de sécurité en est la preuve la plus fraîche.
D’ailleurs, ce n’est pas par hasard qu’est survenue l’attaque israélienne meurtrière du bateau turc. Selon les témoignages recueillis par les rescapés, tout laisse croire à la version de sa préméditation à laquelle  les Turcs semblent le plus ralliés.
De surcroit, d’aucuns analystes turcs ne perçoivent nullement avec candeur l’attaque simultanée avec celle de la flottille,  perpétrée contre la base militaire navale turque dans la province de l’Eskandarune . Réalisée par le PKK kurde séparatiste qui entretient des relations étroites avec le Mossad, les empreintes israéliennes ne seraient pas surprenantes.     
Côté israélien, tout laisse croire que l’impuissance face à l’entêtement turc exacerbe les dirigeants israéliens qui ne savent plus à quoi s’en tenir. De par l’attaque meurtrière contre la flottille, leur agressivité  monte  en flèche au fil du bras de fer avec la Turquie.
Le montrent également leurs récentes réactions aux propos d’Erdogan lequel a mis en garde qu’il se rendrait en personne à Gaza, s’il le fallait, pour lever le blocus.
Qualifiant ces propos de «  déclaration de guerre », l’ex-vice-chef d’état major israélien Uzi Dayane a appelé les autorités israéliennes à répondre violemment : «  si j’avais été à la place du Premier ministre israélien, j’aurais fait part à Erdogan que s’il venait à Gaza, à bord d’un bateau militaire, son sort serait similaire à celui des cinq (Palestiniens) qui ont été tués dans la nuit passée sur la plage de Gaza ». Signifiant que son bateau ne sera pas seulement attaqué et arraisonné, mais noyé.     
Au niveau politique, le général Dayan suggère de passer à l’attaque, d’exiger qu’Erdogan soit traduit devant un tribunal international, sous prétexte qu’il en appelle au terrorisme, et ce afin de contourner les tentatives d’imposer à Israël une commission d’enquête internationale.
Certes, il est des voix israéliennes qui en appellent à plus de retenue et de réflexion, de crainte de perdre la Turquie. Mais, au fil des crises, elles se font plus basses, et  surtout plus rares.
Du côté turc, cette même obstination est détectable.  Dès lors, le pire est à prévoir…