dimanche 13 juin 2010

Gaza : des associations humanitaires prêtes à poursuivre Israël

publié le samedi 12 juin 2010

Reuters + Le Soir

 
En France et en Belgique, des associations de la Flottille de la Liberté pour Gaza vont porter plainte contre les autorités israéliennes. Il faut mettre fin à l’impunité des criminels de guerre.
Selon Reuters : "Les associations de la flottille humanitaire pour Gaza arraisonnée le 31 mai par Israël entendent poursuivre ses dirigeants devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, selon l’un de leurs avocats. Parallèlement, huit plaintes seront déposées dans les jours qui viennent devant la justice française pour "enlèvement, séquestration, violences avec armes, détournement de navire et vol", a précisé Me Liliane Glock à Reuters.
Ces avocats veulent à la fois poursuivre sur le plan international, pour crimes de guerre, les responsables de l’opération qui a fait neuf morts et obliger les autorités françaises à ouvrir une enquête judiciaire.
Selon eux, la décision du gouvernement israélien de mener sa propre enquête sur l’abordage sanglant de la flottille turque qui transportait une aide destinée à Gaza manque de crédibilité.
"Les faits d’abordage dans les eaux internationales, des bateaux humanitaires, constituent indiscutablement un crime de guerre justifiant la saisine de cette cour internationale", a dit Liliane Glock.
"Nous voulons arrêter Israël dans cette escalade sanglante en faisant sanctionner ses dirigeants et des exécutants qui ont participé à cette opération", a-t-elle précisé lors d’une conférence de presse.
L’avocate a souligné qu’il ne s’agissait pas d’une plainte au sens habituel du terme mais d’une dénonciation devant le procureur de la CPI, auquel il appartiendra de donner suite ou pas.
"EN PRISON COMME DES CHIENS"
Concernant la justice française, l’avocate avait déposé une première plainte simple au lendemain de l’assaut devant le procureur de la République de Marseille, en espérant qu’il prendrait l’initiative de poursuites.
Ce dernier n’ayant pas donné suite, Liliane Glock entend donc déposer des plaintes devant les doyens des juges d’instruction des domiciles des huit humanitaires concernés. Les magistrats seront alors tenus d’instruire l’affaire.
"C’est le devoir de la France de s’occuper de ses nationaux et de les protéger", a insisté l’avocate.
Selon elle, le cas juridique pour les humanitaires français victimes de violences lors de l’assaut israélien et ensuite détenus est "identique à celui des moines de Tibéhirine" qui furent enlevés et exécutés en Algérie en 1996.
Les huit travailleurs humanitaires français concernés se trouvaient pour la plupart à bord du bateau Sofia, sur lequel aucune victime n’a été déplorée.
Ils n’en ont pas moins dénoncé une attaque "de la pire des violences" menée par "vingt bateaux de guerre, des commandos masqués et surarmés" face à des "civils désarmés".
Thomas Sommer-Houdeville, membre de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP), a affirmé qu’après l’arraisonnement du Sofia et son mouillage dans un port du sud d’Israël, les membres de la flottille avaient été "jetés en prison comme des chiens" à 80 par cellule.
Il a rapporté que les Israéliens avaient dépouillé les humanitaires de tous leurs bien personnels, papiers d’identité, ordinateurs, téléphones et cartes de crédit."  [1]
Dans le Soir, Baudouin Loos écrit :"
Flottille : 2 jeunes Belges vont porter plainte contre Israël
Présentes sur le bateau turc attaqué de manière violente le 31 mai en haute mer par la marine israélienne, deux jeunes Belges sont décidées à attaquer les responsables israéliens devant la justice belge au nom de la loi dite de la compétence universelle. Par Baudouin Loos Flottille : 2 jeunes Belges vont porter plainte contre Israël
Griet Deknopper, Inge Neefs, Fatima El Mourabiti et Kenza Isnasni, Belga
Onze jours après la funeste attaque israélienne – qui fit neuf morts – contre la « Flottille de la liberté » qui entendait apporter de l’aide humanitaire à la population palestinienne de la bande de Gaza soumise à un blocus de la part d’Israël, les quatre jeunes filles belges qui se trouvaient à bord de ces bateaux ont tenu une conférence de presse ce vendredi matin à Bruxelles.
Les Flamandes Inge Neefs et Griet Deknopper, ainsi que les francophones Fatima el-Mourabiti et Kenza Isnasni ont raconté en détail leur périple et sa fin tragique. L’avocate des deux dernières, Joke Calluwaert, a annoncé qu’elle était en train de préparer une plainte dans le cadre de la loi belge sur la compétence universelle, dans l’espoir que le procureur général ainsi saisi lancera une procédure judiciaire pour instruire l’affaire en désignant un juge d’instruction.
« L’affaire est complexe en droit, explique-t-elle. Nous ne sommes pas encore tout à fait prêts. Je suis en contact avec des confrères dans d’autres pays, Grande-Bretagne et Turquie, notamment, afin d’examiner ensemble les préventions à retenir. Mais nous avons bien l’intention d’aller jusqu’au bout pour que cesse cette impunité dont jouit Israël. »
Si les deux Flamandes se trouvaient sur le plus petit des bateaux, le Challenger One, dont l’abordage s’est déroulé sans trop de heurts, les deux francophones étaient en revanche présentes sur le Mavi Marmara, où eurent lieu les violences mortelles. Pour elles, il n’y a pas de doute : « Les soldats israéliens ont ouvert le feu à balles réelles avant même de prendre pied sur le bateau ». Mais elles ne peuvent pas affirmer avec certitude que ces tirs-là ont provoqué des blessés ou des morts.
« Nous pouvons certifier qu’il n’y avait pas d’armes sur le bateau, a insisté Kenza Isnasni. Pendant l’assaut, il y a eu beaucoup de confusion, une violence extrême de la part des soldats israéliens lourdement armés, on a vu des corps arriver. Les passagers se sont défendus en position de légitime défense. On a vu deux soldats israéliens désarmés dont un médecin et une infirmière turcs se sont occupés, on a essayé de les calmer car ils étaient en proie à une vive agitation. »
Leur récit évoquera encore, comme le dit Fatima el-Mourabiti, leur « kidnapping et séquestration menottée sur le bateau à côté des morts et des blessés, les interrogatoires une fois à terre, les humiliations, la confiscation et la détérioration de tout le matériel journalistique, un traitement de vrais criminels, de terroristes alors que nous sommes simplement des gens qui apportaient de l’aide humanitaire. Nous exigeons d’ailleurs que toute l’aide arrive à Gaza, or Israël refuse de transférer les matériaux de construction ».
Les deux jeunes francophones, qui réclament « une enquête internationale indépendante », ont aussi dit leur déception de l’attitude des autorités belges. « On s’est senties abandonnées. Nous n’avons eu aucun contact avec les autorités belges à Bruxelles, qui n’ont apparemment pas estimé que cela valait la peine de prendre de nos nouvelles. » " [2]
[1] Gérard Bon, avec Lucien Libert et Reuters TV, édité par Gilles Trequesser
relayé par Yahoo
Intro et synthèse, C. Léostic, Afps