mercredi 14 avril 2010

UPM, la goutte qui fait déborder le vase

Edition du 14 avril 2010
A deux mois de la réunion, hypothétique, du 2e sommet dans la capitale catalane, l’Union pour la Méditerranée (UPM) semble mourir chaque jour un peu plus. Hier à Barcelone, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase d’un ensemble géopolitique régional hétéroclite miné dès sa naissance. En effet, réunis pour adopter une « stratégie pour l’eau en Méditerranée » censée garantir l’accès de cette ressource rare et empêcher de nouveaux conflits dans la région, les représentants des 43 pays ont buté sur l’opposition d’Israël à faire une quelconque référence aux « territoires palestiniens ». « On est au milieu du gué, les discussions achoppent toujours », a déclaré, en début d’après-midi, une source européenne en marge de la IVe conférence euro-méditerranéenne à l’AFP.
Signe que l’UPM n’est, au mieux, qu’une coquille vide et au pire un objet géopolitique non identifié, on a du mal à s’entendre même sur des formules sémantiques. Déjà fortement paralysée, voire condamnée à rejoindre les sigles creux de l’histoire, l’UPM, créée en 2008 à Paris pour servir de sauf-conduit diplomatique au président Sarkozy fraîchement élu, n’est plus qu’un « machin » de trop destiné plus à rendre Israël plus fréquentable chez les Arabes que de lui forcer la main à la discipline. Preuve que même son initiateur a lui-même lâché le morceau, le conseiller de Sarkozy Henry Guaino a reconnu, il y a quelques jours à Paris, qu’il n’était même pas sûr que le sommet de juin à Barcelone aura lieu !
Face au chef de la diplomatie espagnole – qui assure la présidence de l’Union européenne –, Miguel Angel Moratinos qui promettait une « grande surprise », Guaino affichait un pessimisme « réaliste ». Est-il en effet raisonnable de croire à une réanimation de l’UPM alors qu’Israël – un vice-président de cette institution – n’a peut-être jamais été aussi agressif envers un autre vice-président, la Palestine ? A quoi servirait-il aux pays arabes de palabrer à Barcelone avec un pays qui continue sa politique de colonisation sauvage en Cisjordanie, qui veut expulser les Palestiniens de leurs terres, qui mène une politique de judaïsation d’Al Qods et, par-dessus tout, au nez et à la barbe de la communauté internationale ? Il n’y a, objectivement, aucune raison qui puisse amener les partenaires arabes de l’UPM à s’asseoir à la même table avec Israël, alors même que celui-ci nargue Paris, Washington et bien sûr l’ONU. C’est dire que la signature de l’acte de décès de ce « mort-né » qu’est l’UPM ne serait tout compte fait qu’une œuvre de salubrité géopolitique.
Par Hassan Moali
http://www.elwatan.com/UPM-la-goutte-qui-fait-deborder-le