mercredi 14 avril 2010

Israël viole la 1701 et accuse Damas de livrer des SCUD au Hezbollah

14/04/2010
Liban-Sud L'armée israélienne a franchi hier la ligne bleue, blindés à l'appui, avant de se replier dans les territoires occupés. Les réactions, notamment des députés du Hezbollah, ne se sont pas fait attendre pendant que Shimon Peres accusait la Syrie d'équiper le parti chiite de missiles de type Scud.
Aux alentours de 7h20 hier, l'armée israélienne a amorcé des travaux « techniques » non loin de la ligne de retrait, également appelée « ligne bleue ». Quelques heures plus tard, cette ligne a été franchie par 50 soldats israéliens, à bord de 15 véhicules blindés. Durant cette incursion, qui a eu lieu au nord du village de Abbassiyé, un bulldozer de l'armée israélienne a entrepris d'aplanir un terrain d'une superficie de 250 mètres carrés, puis les soldats l'ont entouré de fils barbelés.
Vers 9h, l'armée libanaise a notifié la Finul d'une violation de la ligne bleue par l'armée israélienne et un climat de tension s'en est suivi, puisque l'armée s'est déployée en position de combat à une distance de 100 mètres du lieu de l'incursion. Les soldats israéliens ont ensuite renforcé leur présence au moyen de 100 hommes et 20 blindés supplémentaires.
La Finul s'est aussitôt déployée en masse dans la zone, de même que l'armée libanaise qui a été placée en état d'alerte. Des contacts urgents ont été entrepris pour empêcher la situation de dégénérer et ramener la situation à la normale. Ceux-ci ont conduit au retrait total des forces israéliennes et à l'arrêt des travaux amorcés non loin du village de Abbassiyé. Les causes qui ont poussé les soldats israéliens à entamer ces travaux sur le terrain investi ne sont toujours pas connues. Par ailleurs, des mouvements de troupe ont également été notés hier à proximité du village occupé de Ghajar.
Le Liban a choisi de porter plainte à l'ONU contre ces violations. « Le Liban a porté plainte lundi auprès du Conseil de sécurité après que des soldats israéliens eurent traversé samedi la ligne bleue et pénétré en territoire libanais, près de la rivière Wazzani », a déclaré à l'AFP un responsable du ministère des Affaires étrangères, sous le couvert de l'anonymat. « Cela constitue une violation de la souveraineté du Liban et de la résolution 1701 », a-t-il ajouté.
Réagissant immédiatement à ces développements, la délégation du Hezbollah qui s'est entretenue hier avec le président de l'Assemblée nationale française, Bernard Acoyer, a demandé « à la communauté internationale d'exercer des pressions significatives sur Israël pour qu'il mette un terme à ses agressions ». Selon le communiqué publié par le bureau de presse du parti chiite, les discussions ont porté sur « les menaces israéliennes contre le Liban et les violations aériennes et terrestres qui se multiplient ». Le parti a ainsi choisi de souligner « la dangerosité des politiques israéliennes dans les territoires occupés, qui constituent des menaces permanentes pour la stabilité de la région ». La délégation du Hezbollah a demandé à M. Accoyer que « l'arsenal nucléaire israélien soit considéré comme un danger réel ». « Israël fait la sourde oreille et c'est pour cela que la communauté internationale, de même que les forces influentes, comme la France, doivent exercer des pressions plus importantes sur Israël pour l'obliger à revenir sur ses politiques expansionnistes et offensives », a également relevé le communiqué.
Le président israélien Shimon Peres, en visite officielle en France, est de son côté revenu sur les accusations qu'il a portées à la radio israélienne contre la Syrie, qui, selon lui, fournit des missiles Scud au Hezbollah. Selon M. Peres, Damas, en aidant le Hezbollah qui menace Israël, tout en affirmant vouloir la paix, tient un « double langage ». M. Peres devait rencontrer mardi le Premier ministre François Fillon qui s'était rendu fin février à Damas.
Williams
Le ministre des Affaires sociales Sélim Sayegh a reçu hier l'émissaire spécial du secrétaire général de l'ONU, Michaël Williams, qui exhorté la conférence du dialogue à endiguer les opérations militaires qui ont lieu sur l'ensemble du territoire libanais. Les discussions ont également porté sur la nécessité de mettre en application la résolution 1701. De son côté, le député du Courant patriotique libre (CPL) Neemetallah Abi Nasr a affirmé dans le cadre d'un entretien télévisé que « la résistance est légitime lorsqu'un pays est sous occupation ». « Les armes ne sont jamais une source de paix quand elles sont hors du giron de l'État », a-t-il toutefois précisé, exhortant le gouvernement à mettre en application la décision de retirer les armes palestiniennes qui circulent hors des camps.