Marc Prunier
Depuis le 13 avril, l’application d’un décret militaire permet à l’occupant israélien d’expulser des dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie.
Cette réglementation reprend la définition élaborée en 1969 du terme « agent infiltré » et la pousse à l’extrême, puisque le terme s’appliquait initialement aux personnes entrant illégalement en Israël, mais en provenance de pays alors classés comme ennemis : Jordanie, Égypte, Liban et Syrie.
Aujourd’hui sont considérés comme « agents infiltrés » tout Palestinien dont la famille est originaire de Gaza, tout conjoint né à l’étranger, tout Palestinien ayant séjourné plusieurs années à l’étranger, enfin toute personne n’ayant pas reçu l’aval de « l’administration civile israélienne » pour obtenir une pièce d’identité ou un titre de séjour lui permettant de résider en Cisjordanie.
Derrière l’appellation « administration civile » se trouve un département de l’armée chapeauté par le bureau « du conseiller juridique de l’armée israélienne » qui règne sur la Cisjordanie.
La qualification « d’agent infiltré » dépendra de l’appréciation du commandement de l’armée d’occupation sur le terrain. Une personne est soupçonnée d’être « un agent infiltré » si elle est dans un endroit donné sans document ou permis attestant qu’elle a le droit de s’y trouver. Un tel document, dit la loi, doit être délivré par le commandant en chef des forces israéliennes en Cisjordanie ou de son représentant. Les personnes suspectées pourront être condamnées à des peines de prison d’une durée de sept ans maximum. Les individus capables de prouver qu’ils sont entrés légalement en Cisjordanie mais qui n’ont pas les papiers nécessaires pour y rester seront aussi jugés et condamnés à des peines de prison pouvant aller jusqu’à trois ans.
Le commandant du secteur pourra exiger que « l’agent infiltré » règle les frais de sa propre détention, garde et expulsion, dans la limite de 7 500 shekels (1 500 euros).
Il va sans dire que ces ordres ne concernent pas les centaines de milliers de colons juifs illégaux qui vivent sur les terrains volés en Cisjordanie et Jérusalem.
Obnubilées par la démographie, les autorités d’occupation inventent sans cesse de nouvelles règles afin d’expulser le maximum de non-juifs de la terre de Palestine. La construction permanente dans les colonies, l’expulsion des arabes de Jérusalem s’inscrit dans la continuité de 1948 : expulser de leur terre des milliers de Palestiniens afin qu’ils ne puissent devenir démographiquement majoritaires sur l’ensemble de la Palestine historique.
Nul n’est besoin de psalmodier « la communauté internationale doit... », cette même communauté internationale bien discrète sur ce déni de justice qui bafoue ses propres « lois et conventions ». Plus que jamais, le NPA s’inscrit dans la campagne unitaire Boycott, désinvestissement, sanctions contre Israël, pour que justice soit rendue au peuple palestinien.
publié par le NPA