lundi 29 mars 2010

Faute de consensus, les pays arabes en appellent à Obama

29/03/2010
Une vue générale de l’assemblée et de l’assistance au sommet de la 
Ligue arabe à Syrte, en Libye. Joseph Eid/AFP
Une vue générale de l’assemblée et de l’assistance au sommet de la Ligue arabe à Syrte, en Libye. Joseph Eid/AFP
Sommet La Ligue octroie une aide de 500 millions de dollars pour le « sauvetage de Jérusalem » ; l'organisation va examiner d'ici à octobre un projet de transformation en Union arabe.
Les dirigeants arabes ont conditionné la reprise du dialogue israélo-palestinien à l'arrêt total de la colonisation à Jérusalem, appelant le président américain Barack Obama à maintenir la pression sur Israël, à la clôture de leur sommet hier en Libye. Le sommet ordinaire annuel de deux jours, le premier organisé chez le numéro un libyen Mouammar Kadhafi, a approuvé une aide de 500 millions de dollars pour le « sauvetage de Jérusalem », a annoncé le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa. Selon des responsables à Syrte, les 500 millions de dollars seront utilisés pour améliorer les infrastructures à Jérusalem, construire des écoles et des hôpitaux et verser des compensations aux Palestiniens chassés de leurs maisons par les autorités israéliennes.
« La reprise des négociations requiert l'arrêt total des activités de colonisation israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est », ont affirmé les dirigeants arabes réunis à Syrte (500 km à l'Est de Tripoli) dans leur résolution finale. Ils ont souligné la nécessité de fixer « un calendrier précis pour ces négociations » en cas de reprise. Les dirigeants arabes ont, dans ce contexte, appelé M. Obama « à rester attaché à sa position initiale clé appelant à l'arrêt total de la politique de colonisation dans l'ensemble des territoires occupés, y compris à Jérusalem (...) ». « La colonisation constitue un obstacle dangereux à la réalisation d'une paix juste et globale », ont-ils ajouté, demandant également au quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, Union européenne, Russie, ONU) de « faire pression sur Israël pour un arrêt total de la colonisation ».
À Gaza, le porte-parole du mouvement islamiste palestinien Hamas, opposé aux négociations avec Israël, a critiqué la résolution arabe, estimant « que tester les intentions israéliennes était une perte de temps. Le sommet aurait dû utiliser tous les moyens de pression pour isoler l'occupant sioniste ». Quelques heures plus tôt, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui refuse d'arrêter la colonisation dans le secteur oriental annexé de Jérusalem, a accusé les Palestiniens et les Arabes de « durcir leurs positions ». Il s'est néanmoins dit prêt à poursuivre les contacts avec Washington pour favoriser une reprise des négociations, alors que le processus de paix est en panne depuis plus d'un an et que les relations israélo-américaines traversent une crise à cause de la colonisation.
N'ayant pas réussi à relancer les négociations de paix directes entre Israël et les Palestiniens, les États-Unis avaient réussi à arracher un accord des Palestiniens sur des pourparlers indirects, dits de « proximité », sous l'égide de leur émissaire George Mitchell. Mais le lancement de ces négociations a été torpillé par l'annonce par Israël, en pleine visite le 9 mars du vice-président Joe Biden à Jérusalem, de son feu vert à la construction de 1 600 nouveaux logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est. L'annonce a déclenché une grave crise diplomatique avec Washington et l'ire des Palestiniens.
Quatorze chefs d'État sur les 22 membres de la Ligue arabe ont participé au sommet. Dans « la déclaration de Syrte », ils ont convenu de tenir un sommet extraordinaire avant fin octobre pour examiner un projet de transformation de la Ligue en Union arabe ainsi qu'une proposition de M. Moussa de créer un organisme régional incluant les pays arabes et leurs voisins turc et iranien, et l'ouverture au préalable d'un dialogue avec ce dernier. Les dirigeants arabes ont aussi « salué les élections législatives en Irak et l'attachement des Irakiens au processus démocratique et à la réconciliation nationale ».
Et si le processus de paix échouait ?
En outre, les dirigeants arabes ont réfléchi aux alternatives dans le cas où le processus de paix échouait. Plusieurs responsables se déclarent désormais convaincus que les négociations indirectes proposées par les États-Unis ne mèneront à rien. Ces discussions, a estimé M. Moussa, sont pourtant les dernières « sous la forme dont elles ont été menées au cours des deux dernières décennies ». M. Moussa a révélé que le comité de suivi de l'initiative de paix arabe, un plan de paix global d'inspiration saoudienne, était « sur le point d'élaborer des plans alternatifs et des démarches pour faire face » à l'éventualité d'un échec. Il est temps, a dit le Premier ministre qatari Hamad ben Jassem, que « la communauté internationale assume ses responsabilités (...) Israël se comporte comme s'il avait une immunité car jamais des sanctions internationales ne lui ont été imposées ».
« Il y a plusieurs options pour une nouvelle stratégie arabe vis-à-vis du conflit avec Israël », a affirmé à l'AFP Hicham Youssef, un haut responsable de la Ligue arabe, alors que l'État hébreu a réitéré samedi son refus de geler la colonisation. « Certains évoquent la guerre, d'autres parlent de résistance armée ou de résistance pacifique », ajoute-t-il.
Des dirigeants arabes se sont inquiétés des risques d'un conflit armé dans la région. Le président palestinien Mahmoud Abbas a mis en garde samedi contre « des guerres qui risquent d'éclater si les violations israéliennes à Jérusalem se poursuivent ». Peu avant lui, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé que « si Jérusalem brûle, cela signifie que la Palestine brûle. Et si la Palestine brûle, cela veut dire que le Proche-Orient brûle ». Pour le président syrien Bachar al-Assad, Israël « pousse la région vers la guerre ».
Une autre possibilité, selon M. Youssef, serait « d'aller au Conseil de sécurité pour demander l'imposition d'un règlement aux parties ». « Il est temps que les résolutions du Conseil de sécurité concernant le conflit israélo-palestinien soient prises sous le chapitre VII de l'ONU », prévoyant des mesures coercitives en cas de menace contre la paix, souligne-t-il. « Ce sera bien sûr une longue et dure bataille », admet le diplomate arabe.