vendredi 19 mars 2010

Des radicaux défient le Hamas lors du séjour d’Ashton à Gaza

19/03/2010
La haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires 
étrangères Catherine Ashton s’est rendue hier à Gaza pour se faire une 
idée de l’utilisation de l’aide humanitaire européenne et de la 
situation de la population de l’enclave palestinienne. Mohammad 
Abed/AFP
La haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Catherine Ashton s’est rendue hier à Gaza pour se faire une idée de l’utilisation de l’aide humanitaire européenne et de la situation de la population de l’enclave palestinienne. Mohammad Abed/AFP
Obama dément toute crise dans les relations entre Israël et les USA.
Une roquette palestinienne a tué hier un ouvrier agricole dans le sud d'Israël, jetant une ombre sur la visite de la chef de la diplomatie européenne à Gaza et les efforts diplomatiques en cours pour relancer le processus de paix.
Un ouvrier agricole thaïlandais a trouvé la mort lorsqu'une roquette s'est abattue sur un kibboutz proche de la ville israélienne d'Ashkelon, à quelques kilomètres de la frontière nord de la bande de Gaza, selon l'armée israélienne. L'attaque a été revendiquée par un groupe salafiste de Gaza, Ansar al-Sunna (les Partisans de la tradition du Prophète), proche d'el-Qaëda. « Un colon sioniste a été tué. Cette attaque jihadiste est la réponse à l'agression sioniste contre la mosquée al-Aqsa, les lieux saints et notre peuple à Jérusalem », a indiqué un communiqué.
Une deuxième roquette palestinienne a été tirée en soirée à partir de la bande de Gaza et s'est abattue dans le sud d'Israël sans faire de victimes ou de dégâts, a annoncé l'armée israélienne.
Ces tirs de roquette sont survenus au moment où la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, effectuait une brève visite à Gaza pour rencontrer des représentants de l'Unrwa (Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens) et d'ONG. En quittant le territoire, Mme Ashton s'est déclarée « extrêmement choquée par l'attaque et sa tragique perte humaine ». Elle a appelé à relancer « dès que possible » les négociations israélo-palestiniennes. Dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a aussi condamné « un acte de terreur (...) totalement inacceptable et contraire aux lois internationales ». M. Ban, qui doit participer à la réunion du quartette des médiateurs internationaux au Proche-Orient, s'est dit par ailleurs très déçu par l'annonce du projet de colonies israéliennes en Cisjordanie.
C'est la première fois qu'une roquette tirée de Gaza fait un mort en Israël depuis la fin de l'offensive israélienne contre l'enclave palestinienne en janvier 2009. Le vice-Premier ministre israélien Silvan Shalom a qualifié l'attaque d'« escalade sérieuse » et promis une réponse « adéquate et forte ».
Mitchell de retour
Sur le plan diplomatique, l'Autorité palestinienne a annoncé le retour de l'émissaire spécial américain George Mitchell dimanche au Proche-Orient. Attendu cette semaine pour lancer des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens, il avait dû retarder sa visite en raison du coup de froid diplomatique entre Israël et Washington.
Israël s'efforçait toujours de formuler une réponse aux demandes américaines d'éclaircissements sur la construction à Jérusalem-Est, alors que le président Barack Obama a démenti une crise entre les deux alliés.
Barack Obama a ainsi affirmé qu'il n'y avait pas de crise entre les États-Unis et Israël, malgré les échanges virulents entre les deux alliés à propos des nouvelles constructions récemment décidées par l'État hébreu à Jérusalem-Est. Interrogé sur la chaîne Fox News sur l'existence d'une telle crise, M. Obama a répondu « non », soulignant que les États-Unis avaient « un lien spécial avec Israël qui ne va pas disparaître ». « Israël est l'un de nos plus proches alliés », a-t-il ajouté au cours de cet entretien, précisant que « parfois, les amis sont en désaccord ».
De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exprimé sa « profonde estime » pour M. Obama à la suite de propos virulents de son beau-frère mercredi contre le président américain qualifié d'« antisémite ».
Israël a suscité la colère des États-Unis en annonçant la semaine dernière, durant la visite du vice-président Joe Biden, la construction de 1 600 logements dans la partie orientale de Jérusalem annexée en 1967.
Signe de l'embarras israélien, M. Netanyahu a réuni autour de lui jusque tard dans la nuit son cabinet de sécurité pour mettre au point la réponse à donner aux Américains. M. Netanyahu doit se rendre dimanche à Washington pour participer au congrès annuel de l'Aipac (American Israel Public Affairs Committee), le principal lobby juif aux États-Unis. Selon la radio publique israélienne, il pourrait rencontrer M. Biden et Mme Clinton au cours de ce séjour.
De son côté, la Maison-Blanche envisage de proposer son propre plan pour qu'il serve de base aux négociations de paix israélo-palestiniennes, rapporte le New York Times. La crise entre l'État hébreu et les USA a conduit certains responsables américains à plaider pour un changement d'approche, toujours selon le New York Times. « Le statu quo actuel va continuer à ne pas fonctionner et cela ne nous mènera nulle part », a ainsi commenté un responsable de l'administration américaine, sous couvert d'anonymat.
Enfin, le président syrien Bachar el-Assad a affirmé hier en recevant son homologue italien Giorgio Napolitano à Damas que l'occupation et la colonisation israéliennes des terres arabes sont un « véritable obstacle » à la paix au Proche-Orient. Il a appelé l'Italie et l'Union européenne à « intensifier les efforts pour faire pression sur Israël » et « trouver des solutions efficaces aux questions du Proche-Orient ».