jeudi 4 février 2010

Une étape mortelle sur le chemin de la guerre

Ecrit par Phil Sands / The National   
03/02/2010
DAMAS // Bien que les circonstances exactes de la mort de Mahmoud ah Mabhouh puissent ne pas avoir été prévues, on pense qu'il a été électrocuté puis étranglé dans une chambre d'hôtel de Dubaï, le fait est que son meurtre n'est que difficilement considéré comme une surprise.
ImageQuelqu'un dont l'emploi est de s'assurer que les combattants du Hamas soient bien fournis en armes pour leur guerre contre Israël ne s'attend probablement pas à arriver jusqu'à l'âge de la retraite.Ses funérailles vendredi au camp de Yarmouk, une banlieue de Damas construite par des réfugiés Palestiniens, a été bien suivie et accompagnée de la rhétorique classique de gloire et de vengeance.
Le corps de Al Mabhouh a été enterré sous une couche de béton pierreux dans le coin d'un cimetière désolé, aux côtés d'autres martyres de la cause. C'est l'endroit où les combattants Palestiniens de Syrie reposent, s'il existe quelques restes à enterrer, après voir avoir été tués en action.

Al Mabhouh devait savoir qu'il finirait là, tout comme il devait savoir que sa vie se terminerait violemment.

L'ambiance était à la prudence dans le voisinage du bureau du Hamas le jour suivant l'enterrement, des membres du Mouvement Islamique de Résistance essayant de travailler au travers des détails de ce qui est arrivé et, peut-être plus important, essayant de déterminer si la mort de al Mabhouh indique l'ouverture d'un prochain chapitre sanglant dans le conflit, vieux de soixante ans, du Moyen Orient.

Les évènements qui ont mené au meurtre sont apparemment absurdes du fait de leur simplicité. Selon le Hamas, plutôt que de voler avec l'un de ses faux passeports, la réservation aérienne de al Mabhouh a été faite avec son propre nom. Au même moment, une omission a causé l'absence de réservation pour ses gardes du corps et, en conséquence, il a voyagé seul et sans protection.Dans les cinq heures après son arrivée aux Emirats, pour ce que le Hamas a vaguement décrit comme une "mission", probablement un marché d'armes étant donné son type de travail, al Mabhouh était mort.Les officiels du Hamas sont catégoriques en niant l'existence d'un espion dans leur organisation qui renseignerait les agents Israëliens. Ils insistent sur le fait que c'est le Mossad qui a exécuté l'assassinat, une position pas si irraisonable contenu l'usage libéral des assassinats comme un outil politique de la part d'Israël.Cela signifie qu'il a dû y avoir une simple réservation aérienne qui est le fruit de l'un des stratèges d'opération militaire du Hamas.Son nom aurait été sur la base de données de l'ordinateur de la compagnie aérienne au moins un jour avant son voyage, donc les détails de son arrivée attendue à Dubaï auraient laissé beaucoup de temps aux services de sécurité Israëliens pour préparer un meurtre.
La réponse à la seconde question posée par le Hamas après l'assassinat de al Mabhouh est plus difficile parce que cela implique le futur, pas le passé. Sa mort est-elle un autre nuage dans la tempête se formant au-dessus de la région?

Depuis le début de l'année, des tensions ont augmenté lentement mais perceptiblement au Moyent Orient, comme cela arrive souvent. Il y a des signes que le Hezbollah et Israël, sous la ligne dure de la direction de Benjamin Netanyahu, pourraient reprendre leur guerre, dont le dernier épisode a abouti en 2006 à l'embarras d'Israël à propos de la destruction militaire et générale vantée au Liban.

Hassan Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah, a promis que dans le cas d'une nouvelle reprise des hostilités, ses combattants "changeront le visage de la région du Moyen Orient", apparemment la menace que ses disciplinés et endurcis à la bataille guérilleros entreront en Israël et reprendront une petite part de la Palestine historique.

Au même moment, l'Iran continue de défier les efforts internationaux qui sont destinés à l'empêcher de développer des armes nucléaires, son programme atomique étant considéré comme un problème capital pour les Israëliens. Israël a dit que Téhéran doit être stoppé, par force militaire si nécessaire.

La Syrie, encore officiellement en guerre avec Israël pour le Golan occupé, et un soutien-clé du Hamas et du Hezbollah , aussi bien qu'un allié de l'Iran, serait inévitablement entraîné dans n'importe quelle nouvelle guerre. Il existe des indices qui prouvent que Damas a mobilisé ses militaires réservistes ces dernières semaines, une indication qu'il se prépare au pire.L'assassinat de Al Mabhouh est venu s'ajouter au-dessus de tout cela, signalant à coup sûr l'échec d'une trêve officieuse Hamas-Israëliens qui avait largement tenu depuis la fin de l'invasion de Gaza il y a un an.Malgré l'insistance du Hamas dans l'idée que cela ne dépend pas trop d'aucun de ses plus anciens dirigeants, il existe un sentiment très clair que al Mabhouh ne sera pas remplacé aisément dans le groupe du bureau de Damas. Les membres du Hamas ont dit qu'il tenait une position centrale dans le ravitaillement en matériel de leurs combattants durant la dernière guerre de Gaza. Sans lui, au moins à court terme, le Hamas, qui n'a jamais été aussi accompli militairement que le Hezbollah, pourrait devenir moins d'une menace pour l'Israël."Israël se prépare à une guerre, nous ne sommes juste pas sûrs d'où et de quand, mais ça arrive", a dit l'un des officiels du Hamas, paraissant distinctement abattu face à cette perspective. "Cela pourrait être contre l'Iran, ou le Hezbollah, ou nous. Tout ce que nous savons c'est que ça arrivera, et que ça arrivera bientôt."
Si l'administration de Mr Netanyahu se prépare à lancer un nouvel assaut sur n'importe lequel de ces fronts variés et interconnectés, la mort de al Mabhouh peut avoir représenté une petite mais significative étape sur le sentier de la guerre.