jeudi 19 novembre 2009

Obama réagit vivement contre les nouvelles constructions à Jérusalem-Est

19/11/2009
Les autorités israéliennes ont démoli hier une maison palestinienne construite « sans permis » à Jérusalem-Est, un acte qui « crée une situation d’apartheid de facto », a déploré le négociateur palestinien Saëb Erakat. Ammar Awad/Reuters
Les autorités israéliennes ont démoli hier une maison palestinienne construite « sans permis » à Jérusalem-Est, un acte qui « crée une situation d’apartheid de facto », a déploré le négociateur palestinien Saëb Erakat. Ammar Awad/Reuters
Une maison palestinienne démolie par la police à Jérusalem-Est.
Israël a défendu hier la décision de construire de nouveaux logements à Jérusalem-Est annexée, en pleine polémique sur le contentieux des colonies, une initiative qui suscite de vives critiques de la communauté internationale. Toutefois, en soirée, Yossi Beilin, l'ancien chef du parti de gauche laïque Meretz, a indiqué que le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit bientôt annoncer un moratoire de 10 mois de la construction à l'intérieur des colonies en Cisjordanie occupée, qui ne concernera pas Jérusalem. « Les Palestiniens refuseront et cette démarche (de M. Netanyahu) constituera en fait une marche arrière, qui conduira au vide politique et au démantèlement de l'Autorité palestinienne », a estimé M. Beilin. Concernant la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est, le président américain Barack Obama a déploré cette décision qu'il a qualifiée de potentiellement « très dangereuse », dans une interview à la chaîne Fox News. « Je crois que la construction de logements supplémentaires dans les colonies ne contribue pas à la sécurité d'Israël. Je pense que cela rend plus dur le fait de faire la paix avec ses voisins », a dit M. Obama. « Je crois que cela rend les Palestiniens amers, de telle manière que cela peut finir par être très dangereux », a-t-il ajouté. L'Union européenne s'est dit « consternée » tandis que la Russie a qualifié cette décision « d'inacceptable ». La France a, pour sa part, « regretté » cette initiative par la voix de son chef de la diplomatie Bernard Kouchner, en visite en Israël, et appelé l'État hébreu et les Palestiniens à « reprendre les négociations politiques ». « Pour le moment, il faut repartir dans des discussions humaines face à face, les yeux dans les yeux », a ajouté M. Kouchner, en rappelant que « la position de la France est l'arrêt de la colonisation ». L'annonce israélienne a aussi été « déplorée » par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, tandis que l'Arabie saoudite a qualifié la colonisation « d'obstacle majeur » à la paix.
Le ministre israélien de l'Intérieur, Élie Yishaï, avait auparavant défendu sa décision d'autoriser la construction de près de 1 000 nouveaux logements à Gilo, un quartier juif à Jérusalem-Est. « Geler la construction à Gilo est comme geler la construction dans n'importe quel quartier de Jérusalem et d'Israël », a-t-il dit à l'AFP. « La construction à Jérusalem ne peut être arrêtée et Gilo se trouve dans Jérusalem. » La poursuite de la construction à Gilo est un « consensus israélien qu'il faut comprendre pour toute discussion sur les frontières permanentes dans le cadre d'un futur accord de paix », a de son côté réagi la dirigeante de l'opposition israélienne, Tzipi Livni, après une rencontre avec M. Kouchner. La colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés constitue le principal obstacle à une reprise des négociations de paix suspendues depuis près d'un an et provoque des frictions entre alliés américain et israélien. Les Palestiniens réclament l'arrêt total des constructions en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, avant de revenir à la table des négociations. Israël s'y refuse et offre de renouer le dialogue sans conditions préalables. L'Autorité palestinienne a « sévèrement » condamné l'initiative israélienne et réitéré son exigence d'un gel de la colonisation avant une reprise des pourparlers. « Les colonies doivent être stoppées. C'est le seul moyen de revenir à un véritable processus de paix », a indiqué le négociateur palestinien Saëb Erakat. Par ailleurs, les autorités israéliennes ont démoli hier une maison palestinienne construite sans permis à Jérusalem-Est, un acte qui « crée une situation d'apartheid de facto », a déploré M. Erakat. Enfin, l'armée israélienne a averti un groupe de rabbins qu'elle ne tolérerait pas qu'ils soutiennent des manifestations politiques de soldats étudiant dans leurs séminaires dans le cadre de leur service armé, a indiqué un communiqué militaire.
Cette mise en garde est survenue après que deux groupes de soldats eurent brandi lors de cérémonies militaires des banderoles indiquant qu'ils refuseraient de participer à d'éventuelles opérations visant à évacuer des colonies juives en Cisjordanie occupée.