jeudi 19 novembre 2009

Les critiques se multiplient contre Israël

publié le jeudi 19 novembre 2009

Le NouvelObs
Israël a décidé, mardi, de construire près de 1.000 nouveaux logements à Jérusalem-est annexée, en pleine polémique sur le contentieux des colonies, une initiative qui suscite de vives critiques de la communauté internationale.

Bernard Kouchner a "regretté" la décision d’Israël de construire près de 1.000 logements à Jérusalem-est, et a appelé à reprendre les négociations politiques "face à face". De son côté l’Union européenne s’est déclarée "consternée".

Israël a décidé, mardi, de construire près de 1.000 nouveaux logements à Jérusalem-est annexée, en pleine polémique sur le contentieux des colonies, une initiative qui suscite de vives critiques de la communauté internationale. En visite en Israël, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a "regretté" mercredi 18 novembre la décision d’Israël a appelé à reprendre les négociations politiques "face à face". "C’est évidemment une décision que nous regrettons. Mais en même temps, ça a toujours été fait ainsi. Pour le moment, il faut repartir dans des discussions humaines, face à face, les yeux dans les yeux", a-t-il dit après la signature à Jérusalem d’une convention de réhabilitation d’un hôpital de Gaza. Il y a "un moment politique à trouver" et "ce ne peut être que le gouvernement israélien qui le fasse", avait-il expliqué mardi en rencontrant Mahmoud Abbas. "Du côté palestinien, je le pense vraiment, les choses sont tout à fait prêtes à être décidées". Bâti sur des terres palestiniennes confisquées, le quartier de Gilo, situé près de Bethléem en Cisjordanie, compte plus de 30.000 habitants et fait partie de la ceinture du "Grand Jérusalem" établie par Israël pour renforcer son contrôle sur la ville.

Une annexion pas reconnue

La présidence de l’Union européenne s’est déclarée "consternée". "La présidence rappelle que les activités de colonisation, de démolition et les expulsions à Jérusalem-est sont illégales au regard du droit international", a affirmé la présidence suédoise de l’UE dans un communiqué rédigé en anglais.

"Ces activités laissent entrevoir également (quel sera) le résultat des négociations sur le statut final et menacent la viabilité d’une solution comportant deux Etats", a déploré la présidence européenne avant de rappeler que l’UE "n’a jamais reconnu l’annexion de Jérusalem-est en 1967" par Israël. La partie orientale de Jérusalem, où vivent quelque 200.000 Israéliens -installés dans une douzaine de nouveaux quartiers- ainsi que 270.000 Palestiniens, a été conquise pendant la guerre de juin 1967, puis annexée. Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.

"Jérusalem, future capitale de deux Etats"

"Les mesures prises par le gouvernement israélien contreviennent aux appels répétés de la communauté internationale, y compris du Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU, ndlr), et vont à l’encontre de la création d’une atmosphère propice" à un règlement "viable et crédible du conflit entre Israéliens et Palestiniens", a estimé l’UE. "S’il doit y avoir une paix véritable, une voie doit être trouvée" pour le règlement du statut de Jérusalem en tant que "future capitale de deux Etats", a affirmé la présidence suédoise.

"Inadmissible"

Plus sévère, la Russie a estimé que la décision d’Israël d’autoriser la construction de nouveaux logements était "inacceptable". "Moscou réagit à ces annonces avec une extrême préoccupation. De tels agissements sont inacceptables pour le processus de paix au Proche-Orient", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous espérons que ces projets seront réexaminés par le gouvernement israélien", a-t-il ajouté. Membre du Quartette, la Russie considère que ces mesures sont "inadmissibles alors que toutes les forces se concentrent sur le rétablissement du dialogue israélo-palestinien", selon le communiqué.

Violation du droit international

La Suisse a dénoncé mercredi "les projets israéliens d’implantation et la destruction d’habitations dans le Territoire palestinien occupé, (qui) constituent une violation du droit international humanitaire". Le gouvernement suisse a rappelé dans un communiqué que le droit international "interdit à toute force d’occupation de détruire des biens dans un territoire occupé ou de procéder au déplacement de la population civile".

La Suisse a demandé au gouvernement israélien de "renoncer sans délai à ces activités et de mettre un terme à tous les projets d’implantation dans le Territoire palestinien occupé".

Israël se défend

Les Palestiniens réclament l’arrêt total de la construction en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-est, avant de revenir à la table des négociations. Israël s’y refuse et offre de renouer le dialogue sans conditions préalables. La classe politique israélienne a défendu la décision de construire de nouveaux logements à Gilo. "Gilo est un consensus israélien et il faut le comprendre pour toute discussion sur les frontières permanentes dans le cadre d’un futur accord de paix", a souligné dans un communiqué la chef de l’opposition, Tzipi Livni, après avoir rencontré Bernard Kouchner. La décision israélienne survient au moment où le contentieux sur la colonisation entrave les efforts de relance du processus de paix, en particulier américains.