vendredi 4 septembre 2009

Une autre pierre contre le mur

jeudi 3 septembre 2009 - 06h:25

Ana Carbajo
El Païs



L’ONU inaugure un documentaire commenté par Roger Waters des Pink Floyd, sur l’impact du mur de 700 kilomètres qui sépare Israéliens et Palestiniens.

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Roger Waters

Lorsque Roger Waters, fondateur de Pink Floyd, a atterri en Israël pour jouer devant 50 000 personnes, il y a trois ans, il ne soupçonnait pas que son regard sur la région et sur le conflit au Moyen-Orient allait en être bouleversé. Mais la veille du concert, des fonctionnaires des Nations Unies l’ont emmené en Cisjordanie avec un objectif : que l’auteur du légendaire album « The Wall » voit la pile de béton qui sépare Israël des Territoires Palestiniens.

« J’avais vu des photos, j’en avais beaucoup entendu parler, mais c’est seulement quand tu le vois que tu réalises combien il est oppressif et combien il est triste de voir des gens passer par ces petits trous. C’est de la folie », dit alors le compositeur.

Le choc qu’a produit sur lui cette expérience ne s’est pas estompé avec le temps et maintenant, trois ans plus tard, Waters est l’acteur et le narrateur de « Horizons fermés », un film de l’ONU qui a été présenté hier à Jérusalem-Est, qu’on envisage de rendre disponible sur « You Tube » à partir d’aujourd’hui et qui vise à faire connaître l’impact du mur sur la vie quotidienne des Palestiniens.

« Je suis Roger Waters. Je suis anglais. Je suis auteur-compositeur et j’ai beaucoup écrit sur les murs extérieurs et intérieurs tout au long de ma carrière. J’ai toujours cherché à comprendre le pourquoi de ces murs. Et leur cause est toujours la peur. »

Après l’apparition du fondateur du groupe Pink Floyd, vient le discours de 2002 de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon, actuellement dans le coma, dans lequel il annonce que « pour améliorer la sécurité des citoyens israéliens », son gouvernement va créer une barrière de séparation.

« Nous avons décidé de commencer immédiatement », commente l’homme politique israélien, à une époque où les attentats-suicide palestiniens redoublaient et emportaient la vie de civils dans tout le pays.

Ce que ne dit pas Sharon et ce que le film de l’ONU explique c’est l’impact que les 705 km de mur et de grillage qui traversent la Cisjordanie (85% du parcours) et la frontière avec Israël (15%) allait avoir sur la vie des centaines de milliers de Palestiniens.

Comment les agriculteurs allaient pouvoir accéder à leurs terres, comment les jeunes Palestiniens iraient à leur école ou leur université situées de l’autre côté de la barrière, ou comment d’un jour à l’autre les malades allaient avoir la route barrée pour se rendre à l’hôpital.

L’ONU a décidé de présenter le film 5 ans après que la Cour internationale de Justice de La Haye ait déclaré l’illégalité de la barrière « pour créer une annexion de fait des territoires palestiniens » et ait requis sa démolition.

Mais le gouvernement israélien avait annoncé son intention de ne pas se conformer à cette injonction et ça s’est passé comme cela [sans réaction].

Le mur poursuit son cours, aujourd’hui orné de graffiti, y compris ceux de l’énigmatique artiste britannique Banksy, qui expose en ce moment dans le Musée de Bristol. « Horizons fermés » se termine sur une image de multitude de personnes au concert de Waters en Israël en 2006.

Après avoir joué « Another brick in the wall », le musicien britannique a fait une requête au public, les jeunes dont le gouvernement a construit le mur et continue encore aujourd’hui à le construire : « Nous, le reste du monde, nous avons besoin que cette génération d’Israéliens fasse tomber les murs ».

20 août 2009 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction de l’espagnol : Charlotte B.