mardi 25 août 2009

Révélations sur la visite de Moubarak à Washington

Moyen Orient - 24-08-2009
Analyse de la responsabilité des Arabes dans l’insolence des Israéliens
Par Khaled Amayreh
Lors de sa récente visite aux Etats-Unis, le président égyptien Hosni Mubarak a surpris ses interlocuteurs américains quand il a déclaré que les Etats arabes ne normaliseraient pas leurs relations avec Israël avant la fin de l'occupation israélienne et la création d'un Etat palestinien.
Moubarak a affirmé que pour autant que les Arabes étaient concernés, les premiers efforts de normalisation n’étaient pas encourageants car les gouvernements israéliens successifs avaient interprété la bonne volonté des Arabes à cet égard comme une acceptation tacite de l'occupation israélienne des terres palestiniennes, y compris l'expansion coloniale juive.


Le président égyptien aurait pu aller plus loin, de manière parfaitement correcte, en disant qu'Israël, en particulier l’actuel gouvernement d’Extrême-Droite de Benyamin Nétanyahou, utilisait en fait le «sujet de la normalisation», comme moyen de distraction ou de «leurre» pour détourner l'attention de l'expansion des colonies et du refus inflexible d'Israël de renoncer au butin de la guerre de 1967.

En effet, les intellectuels israéliens, en particulier ceux qui sont honnêtes, ont maintes fois affirmé que le gouvernement israélien actuel n’était intéressé que par le «bluff» et les «tergiversations» et qu'il est inutile d’espérer de lui qu’il devienne un véritable partenariat pour la paix.

Cette franche appréciation du gouvernement le plus fasciste dans l'histoire d'Israël a été clairement justifié par le propre discours va-t-en-guerre de Netanyahou à l'Université Bar-Illan, près de Tel-Aviv le 14 Juin. Lors de cet infâme discours, M. Netanyahu a clairement indiqué que pour autant qu’Israël soit concerné, tout éventuel État palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza devrait être étroitement et entièrement contrôlé par Israël.

Israël, a-t-il dit au milieu des acclamations du public, devra contrôler les frontières, les passages frontaliers, les ports, les aéroports, l'espace aérien, les eaux territoriales et les relations internationales d'un tel Etat qui, selon lui devrait être complètement démilitarisé.

En d'autres termes, l'Etat palestinien envisagé devrait être plus ou moins un Judenrat palestinien sous supervision et contrôle israéliens.

Malheureusement, cette insolence israélienne n’a rencontré aucune contestation, non seulement par les principaux États arabes, comme l'Egypte et l'Arabie Saoudite, mais aussi par la plus grande partie de la communauté internationale, y compris les États-Unis et l'Union européenne.

Inutile de dire que l'absence totale de contestation significative à l'arrogance flagrante de Netanyahu semble avoir convaincu le gouvernement israélien que ni les Etats arabes, ni la communauté internationale ne devraient pas être pris au sérieux et qu'une politique basée sur le bluff et les manœuvres verbale suffirait à gérer la crise, au moins pour le moment.

Il ne fait aucun doute qu'Israël n'est intéressé par une normalisation avec les pays arabes que dans la mesure où ces Etats peuvent être utilisés pour éroder les intérêts palestiniens.

Par exemple, ce n'est un secret pour personne qu'Israël a utilisé le régime égyptien au cours des dernières années comme un outil efficace et cruel afin de torturer les habitants de Gaza et parfaire le siège presque hermétique imposé à l'enclave côtière.

La même chose peut être dite des autres États arabes, comme la Jordanie et les Etats du Golfe, dont la «coopération» a été assurée par Israël et ses alliés occidentaux afin d'imposer un blocus financier rigoureux au gouvernement élu du Hamas, contribuant ainsi à l'appauvrissement et à l’avilissement des 1,5 millions d'êtres humains de la bande de Gaza dont le seul «crime» est d'avoir osé élire un parti politique qu'Israël, les Etats-Unis et leurs alliés n'aimaient pas.

La scandaleuse propension des Arabes à collaborer avec ces desseins cruels contre une population de compatriotes arabes a dû donner du courage à l'Etat sioniste pour effectuer ses bombardements intenses contre sur le Liban en 2006 et Gaza en 2008/2009, dans lesquels des milliers de civils innocents ont été assassinés, mutilés et incinérés tandis que des milliers de bâtiments et habitations privées ont été entièrement détruits.

La honteuse réaction officielle des Arabes à ces crimes contre l'humanité a incité des responsables israéliens, comme Avigdor Lieberman à appeler ouvertement au lâchage d’une bombe nucléaire sur Gaza.

Lieberman n'est pas un mouton noir dans une société qui respire et qui consomme le racisme. Il disait seulement publiquement, ce que beaucoup d'Israéliens disent en privé.


Absence de réelle force de dissuasion

Dans un certain sens, les régimes arabes, en particulier les principaux États arabes, ne peuvent se décharger de toute responsabilité dans l'insolence israélienne et le rejet d'une paix digne, qui mettrait fin à l'occupation et accorderait aux Palestiniens honteusement torturés un semblant de justice et de dignité.

Pendant des décennies, ces régimes arabes ont préféré se comporter en «braves gars» en s'abstenant de constituer une véritable force de dissuasion stratégique que aurait obligé Israël à y regarder à deux fois avant d'aller trop loin dans l'intimidation des Etats Arabes musulmans, du Maroc à la Perse.

Tout cela s'est produit alors qu'Israël se construisait un gigantesque arsenal nucléaire et autres armes de destruction massive qui placent le sort de centaines de millions d'Arabes, Turcs, Iraniens et les autres musulmans à la merci des caprices israéliens.

C'est cette impuissance qui a permis à des voyous racistes comme Lieberman de menacer de bombarder le barrage d'Assouan en Haute-Égypte et de couvrir Téhéran de bombes et de menacer de raser les villes et villages palestiniens en Cisjordanie.

Ce qui est encore pire, c’est qu’n en réjouissant de leur impotence et impuissance méprisables, certains régimes arabes ont eu recours sans vergogne à la logique d'apaisement, en pensant qu’en gagnant les faveurs des dirigeants sionistes fanatiques, Israël pourrait se relâcher et permettre aux Palestiniens de vivre comme des êtres humains dignes et leur accorder l'auto-détermination.

Cette politique d'apaisement ne fait qu’inciter plus de chantage et d'intimidation, et Israël n’est qu’encouragé à exiger de plus en plus et encore plus de conditions.

Nous qui vivons ici en Palestine occupée, nous regardons les médias israéliens et nous avons des discussions animées avec des Israéliens ordinaires au sujet de leur conception de la paix avec les Arabes et les musulmans. Et, malheureusement, les Israéliens, ou la plupart d'entre eux, n'acceptent pas le concept de la parité et de l'égalité entre les hommes et insistent pour que les Juifs, en raison du fait qu’ils soient Juifs, reçoivent un traitement préférentiel dans tous les domaines imaginables de l'activité humaine, de la sécurité à la religion.

C'est pourquoi la question de la normalisation doit être replacée dans son propre contexte, en tant que ruse de relations publiques visant d'abord et avant tout à faire en sorte que la balle reste dans la cour arabo-musulmane, pendant qu'Israël continue à pulvériser et à judaïser les terres palestiniennes.

En outre, il est presque certain que le jeu de la normalisation avec Israël a un début, mais n'aura pas de fin, parce qu'Israël et les milieux sionistes dans le monde ne seront jamais satisfaits avant que tous les Arabes et les Musulmans deviennent d’authentiques Sionistes.

Il y a quelques années, un éditorialiste israélien a expliqué que la normalisation avec les Arabes et les Musulmans devraient également inclure une «normalisation psychologique et religieuse", y compris en permettant le libre accès des juifs à la Mecque et à Médine, la modification des textes coraniques que certains juifs pourraient trouver répréhensibles, ainsi qu’une modification des manuels scolaires Arabes et Musulmans qui critiquent le sionisme.

En d'autres termes, Israël ne s’arrêtera jamais et continuera à faire des demandes délibérément impossibles aux Arabes et aux Musulmans, dans le but de se soustraire à une paix véritable, la paix qui exigerait la fin de l'occupation israélienne des terres palestiniennes.


La force paie

L'ancien Premier ministre pakistanais Zulfigar Ali Bhutto n'était pas particulièrement connu pour sa piété et sa religiosité. Cependant, il mérite d'être loué car il est à l’origine du programme nucléaire pakistanais qui a finalement permis à cet important pays musulman de se tenir debout, une fois pour toutes, face à l’Inde dotée de l'arme nucléaire, qui avait envahi et humilié à plusieurs reprises le Pakistan.

Pakistan, contrairement aux pays pétroliers arabes, est un pays pauvre. Toutefois, contrairement à ces pays arabes, le Pakistan n’en a fait qu’à sa tête.

De même, la Corée du Nord, l'un des pays les plus pauvres au monde, a décidé de construire une arme nucléaire et en a fait exploser une il y a quelques mois, malgré tous les harcelements et les attitudes menaçantes des Etats-Unis, du Japon, de la Corée du Sud et d'autres pays.

Eh bien, la Corée du Nord, quel que soit le caractère répugnant de son régime tyrannique, peut exercer sa souveraineté sans être intimidé par des États prédateurs comme Israël.

Le poète arabe dit:
Les loups attaquent les ranchs non surveillés mais craignent la férocité du Cœur de Lion.

Peut-être que les dirigeants arabes, comme Moubarak et le roi d'Arabie Saoudite devraient retourner à l'école primaire pour apprendre la poésie arabe ancienne afin de savoir ce qu'il faut pour obliger Israël à marcher dans le chemin de la paix.

Source : http://www.islamonline.net
Traduction : MG pour ISM