mardi 25 août 2009

Mystification israélienne

Le médiateur américain n’a pas chômé. Et avec lui l’administration du président Barack Obama, qui fait jusque-là du dossier du Proche-Orient une preuve de perspicacité. Elle est certainement la première à avoir ouvert un dossier de politique internationale dès les premières semaines de son mandat, comme pour souligner l’urgence à y mettre fin, avec en plus une analyse très fine puisque cette fois, il est clairement indiqué que la persistance de ce conflit met en danger les intérêts des Etats-Unis. Ceci a impulsé une certaine convergence puisque de nombreuses capitales, refusant apparemment de rester en marge, ont décidé de soutenir ce processus qui tarde, à vrai dire, à dévoiler ses grands traits. Il est vrai que l’on parle de droit des Palestiniens à un Etat indépendant, mais sans plus, c’est-à-dire sans que l’on sache dans quelles limites géographiques. Seuls les Palestiniens apportent une telle précision en revendiquant l’application des résolutions internationales, notamment la 242 et la 338, appelant au retrait total et sans condition des troupes israéliennes des territoires occupés lors de la guerre de juin 1967. C’est à ce niveau justement que se joueront d’éventuelles négociations.

Eventuelles, car rien n’indique qu’elles se tiendront effectivement, puisque cela est lié à la colonisation israélienne qui a ôté toute consistance ou continuité territoriale à l’Etat palestinien en question. Et ce n’est pas le geste du Premier ministre israélien, absolument vide de tout contenu, qui y changera quoi que ce soit. Suspendre les appels d’offres pour les constructions de logements dans les colonies ! Quelle supercherie, car ce n’est là ni le gel de la colonisation et encore moins le démantèlement de ces colonies bâties sur des territoires palestiniens occupés. Au demeurant, le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui doit rencontrer demain à Londres l’émissaire américain George Mitchell, est connu pour son rejet des droits des Palestiniens. A vrai dire, il est resté sur la ligne suivie par tous les dirigeants israéliens à l’égard de cette question. Il a surtout, lors de son premier mandat, en 1995, ajouté la menace contre tous ceux qui s’opposeraient à sa politique. De ce point de vue, il n’offre rien de nouveau, même s’il souligne que « de l’avis général, il est possible de reprendre les négociations d’ici à la fin septembre, à condition que nous nous mettions d’accord entre nous, les Américains et les Palestiniens ».

Mais être d’accord sur quoi, puisque les Palestiniens ne veulent pas entendre parler d’un tel processus s’il n’y a pas au moins gel de la colonisation ? C’est ce qui avait amené d’ailleurs à l’annulation d’un premier rendez-vous entre Benjamin Netanyahu et George Mitchell, décidée par la Maison-Blanche. Est-ce à dire donc que cette fois, les données ont changé ? Décider d’une suspension des appels d’offres jusqu’en 2010 n’a rien d’une concession. C’est bien triste et absolument faux que cela soit présenté ainsi, car c’est Israël qui occupe par la force les territoires palestiniens. C’est une vérité incontournable que les Palestiniens se font fort de rappeler afin d’anticiper sur toute espèce de mystification et de falsification des données du conflit au Proche-Orient.



Par T. Hocine