mardi 7 juillet 2009

Que se cache-t’il derrière la proposition israélienne de transformer 139.000 dounams sur les rives de la Mer Morte en Terres d’Etat?

Jéricho - 06-07-2009


Par ARIJ
Le 28 Juin 2009, le Bureau d'Enregistrement des Terres de la colonie de Ma'ale Adumim a publié dans le journal palestinien Al-Qods 12 avis publics pour l'enregistrement de 139.000 dounams situés le long des rives nord et ouest de la Mer Morte en tant que propriétés de l’Administrateur des Terres de l'État d'Israël.






















Carte des terres près de la Mer Morte visées par Israel (agrandir la carte)


L'avis au public demandait à toute personne ou entité affectée par le processus d'enregistrement de déposer ses objections auprès du Bureau de Coordination de Beit El dans les 45 jours, même si le Bureau d’Enregistrement des Terres d'Israël ne traite aucune objection (quand il y en a) sur ce sujet puisqu’il se considère comme l’héritier légitime et le propriétaire de toutes les terres publiques de l'État d'Israël, y compris les terres de la Cisjordanie.

En fait, cette procédure n'est pas nouvelle. Elle a été adoptée par Israël depuis des décennies et lui a permis, tout au long des années d'occupation, de transformer les terres palestiniennes en Terres d’Etat d’Israël après qu’elles aient été classées « terres abandonnées ou communes » comme dans le cas des terres voisines des Rives de la Mer Morte.


Par conséquent, la question est : Qu’est-ce qui ce qui incite Israël à prendre une telle mesure, ce qui n’est qu’un autre moyen d'étendre et d’imposer son contrôle sur les terres palestiniennes.

La réponse se trouve dans les points suivants:

1 - Redéfinir le statut juridique des terres :
A cet égard, il faut noter que les terres visées étaient classées en «Zone C» et se trouvaient sous contrôle israélien selon l’Accord intérimaire d'Oslo II, qui a été signé par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et Israël, en Septembre 1995.

Israël a cherché pendant des décennies à redéfinir le statut juridique de l’ensemble des terres publiques et d'Etat telles qu’elles étaient identifiées avant la guerre de 1967 quand elles se trouvaient sous administration jordanienne, en «terres abandonnées» que l'Etat occupant (Israël) pourrait plus tard redéfinir en «Terres d’État' sous contrôle de l'Etat d’Occupation israélienne.

En faisant cela, l’objectif d’Israël est d'anticiper les futures négociations avec les Palestiniens au sujet de ces terres (classées en «Zone C») pour en conserver une partie du contrôle ou compter sur ces terres pour prendre le contrôle de plus de terres dans d'autres régions de Cisjordanie, en particulier, les terres situées entre la Ligne d'Armistice de 1949 (Ligne Verte) et le tracé du Mur de Ségrégation Israélien.


2 - Renforcer la Mainmise d’Israël sur les rives de la Mer Morte:
A cet égard, on se doit de mentionner que les droits sur l'eau des Palestiniens pour l'exploitation de la Mer Morte, qui incluent mais sans s'y limiter, les investissements ou les loisirs, ont été éliminés par Israël malgré ce qui avait été convenu sur cette question pendant l’accord d'Oslo.

Le fait est que les Palestiniens ont droit à 194 km2 de la mer Morte, et que l'enregistrement des terres adjacentes aux rives de la Mer Morte prive les Palestiniens de leurs droits d'accès et/ou de leur utilisation.

En d'autres termes, si Israël réussit à faire passer l'enregistrement des terres visées de Zone «C» en Terres d'Etat, les Palestiniens perdront leurs droits à la zone de la Mer Morte, ce qui représente près de 2,5% de la Cisjordanie et transformera toute future négociation "possible" sur la « Question des droits" de négociation des droits en des «Supplications et du Marchandage ».


3 - Elimination du concept de contiguïté géographique pour un État palestinien:
Si Israël réussit à enregistrer les terres visées dans les avis publics en Terres d’Etat, il réalisera son objectif de rompre la contiguïté géographique entre le nord et le sud de la Cisjordanie, ce qui signifie que les Palestiniens se déplaçant du sud au nord et inversement, devront traverser un territoire contrôlé par Israël.

Cette nouvelle situation est conforme au Plan du Mur de Ségrégation Israélien qui entoure Jérusalem-Est Occupée de trois côtés et l'isole des autres gouvernorats de la Cisjordanie, puisque les terres visées fusionnent avec le Mur de Ségrégation autour du bloc de colonies de Maale Adumim et forment une barrière physique et géographique de territoire contrôlé par Israël tout le long des Rives de la Mer Morte et de la frontière Est de la Cisjordanie.

Ce développement est destiné à pousser les Palestiniens à accepter une proposition israélienne pour relier les parties nord et sud de la Cisjordanie par la construction de tunnels et de routes de contournement palestiniens dans les zones contrôlées par Israël qu’Israël a déjà prévus et dont il a déjà commencé les travaux, ce qui élimine toute possibilité d'établir un État palestinien souverain avec une contiguïté territoriale, et c'est ce que Israël a toujours cherché depuis son occupation du territoire palestinien en 1967 : Etablir un État palestinien de ghettos et de cantons sans souveraineté.


Par conséquent, il semble que les avis publics publiés dans le journal palestinien Al-Qods pour l'enregistrement de 139.000 dounams situés le long des rives nord et ouest de la Mer Morte en tant que propriété de l’Administrateur des Terres d'Israël soit un nouveau pas vers ce qui est encore à venir et une expression de la façon dont Israël a l’intention de contrecarrer la pression internationale pour l’arrêt de la construction des colonies.


Israël a toujours mené ses négociations avec les Palestiniens et les autres pays avec lesquels il a conclu des traités de paix en se basant sur un code du compromis.

En ce qui concerne la situation palestinienne, Israël continue de réfléchir aux moyens d'échapper aux vrais problèmes, en disant qu’il a un plan pour geler la construction dans certaines colonies en échange de la reprise de la construction dans d'autres grands blocs de colonies qu’Israël a déjà annexés à l'ouest du mur (entre le Mur de Ségrégation et la Ligne d'Armistice de 1949-Ligne Verte), et déclaré à maintes reprises qu’il les conserverait dans tout accord futur avec les Palestiniens.

Source : http://www.poica.org/
Traduction : MG pour ISM