samedi 19 juillet 2014

En elle-même, Gaza est déjà une victoire

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Ce qui devait arriver est chose faite, Tsahal a lancé hier autour de 21h son offensive terrestre pour "tout nettoyer une fois pour toutes". Israël va employer ses milliers de réservistes au sol. La Palestine et Gaza vivent une épreuve dans la longue série qui marquent le désastre de 1948, le fléau de 1956, les catastrophes de 1967 et 73… Aujourd’hui, deux ans après les crimes de guerre à Gaza, 6 ans après la boucherie de l’hiver 2008-2009, mise à nu par le rapport du juge Goldstone, où des familles entières ont été décimés, comme celle de al-Samoni (25 membres) ou celle de al-Daya (23 personnes), l’Histoire se répète depuis la « Naqba » de 1948 comme pour nous rappeler "que la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent".
En elle-même, Gaza est déjà une victoire
Car la folle espérance messianique de s’approprier une « terre promise » sur le compte de la mystification d’un « peuple sans terre » semble toujours guider les décisions israéliennes. Ni le droit international, ni la mobilisation citoyenne mondiale ne semble faire reculer le projet d’un Etat contrefait qui frôle, aujourd’hui, l’implosion sociale. Une politique encouragée par des dictatures arabes qui se font les champions d’une cause dont ils sont eux-mêmes les principaux fossoyeurs. A ce titre, celui qui fait office de ministre des Affaires étrangères égyptiennes ferait sourire si il n’insultait pas les centaines de morts massacrés à Gaza : "Si le Hamas avait accepté la proposition égyptienne, il aurait pu sauver les vies d'au moins 40 Palestiniens". 40, rien de moins, alors que des milliers de victimes meurent de l’étau et du blocus égyptien et que les massacres en cours tuent des familles entières.
La stratégie illusoire d’une autorité palestinienne qui priait pour intégrer "la communauté internationale" et faire accepter un bantoustan sans souveraineté avec à peine 20 % de ses terres à une chaire à L’ONU dévoile son inutilité. Car 'Tsahal' n’a jamais attendu la communauté internationale pour mener à bien ses entreprises meurtrières. Et quant aux timides voix officielles qui se lèvent pour "condamner" les agressions, les bombardements, les punitions collectives, les tortures, les déportations ou les assassinats ciblés, elles sont souvent le pendant d’une complicité active en sous main de la colonisation destructrice.
C’est en tout cas depuis hier que 'Tsahal' a décidé de son offensive terrestre tout azimut contre Gaza, la situation risque donc d’empirer. Les jours s’égrènent et le bilan s’alourdit en plein mois sacré du Ramadan. Près de 300 morts, des dizaines de mosquées ciblées et détruites, des écoles, des centres éducatifs et sportifs, des bâtiments publics, des coopératives agricoles : l’Etat hébreu détruit toute l’économie de Gaza, tue et rase impunément. Et pendant ce temps Jérusalem continue à être asphyxiée et judaïsée. Les incessantes poursuites des excavations sous et autour de la mosquée al-Aqsa, les incursions incessantes de colons, d’officiels et d’agents sécuritaires sur l’esplanade des mosquées, les expropriations arbitraires des maisons palestiniennes à Jérusalem confirment la purification ethnico-religieuse en œuvre à El-Qods et en Palestine traduisant la continuité du plan "Daleth" de nettoyage ethnique.
Et à Gaza, il s’agit pour Israël de mater toute volonté de résister, même si un certain consensus médiatique peine à nous faire croire aujourd’hui qu’il s’agit d’une réaction à des tirs de roquettes. Mais rien ne peut camoufler dorénavant la nature criminelle d’un régime aux abois qui attise la haine de son peuple et rien ne peut cacher la nature criminelle d’une colonisation qui ne recule devant aucune atrocité et piétine sans vergogne et avec mépris le Droit International. Car que peut être la justification éthique ou morale d’un pays qui massacre, torture, assiège et souhaite réduire à moins que rien des Hommes et un peuple ?
Cette injustice doit nous étreindre d’inquiétude car les enjeux du conflit palestinien embrassent le devenir de l’Humanité. Car à quoi d’autres assiste-t-on si ce n’est une mise en scène des valeurs des droits de l’Homme par nos pays lorsque ceux-ci ferment les yeux face au réveil des consciences citoyennes qui se lèvent dans toutes les villes du monde pour faire entendre leur voix face à la colonisation et appeler à l’arrêt des massacres et du blocus à Gaza ?
Mais l’espoir est à Gaza. Cinq fois millénaire, rattachée à une bande d’une largeur de 6 à 12 km et d'une longueur de 40 km, elle défie aujourd’hui la 4ème armée du monde. Gaza "une leçon brutale et un exemple éclatant pour ses ennemis comme ses amis", selon le poète palestinien Mahmoud Darwich : elle ne baissera donc jamais la tête, les bras et la voix contre l’injustice. Elle est, en elle-même, déjà une victoire.