samedi 19 avril 2014

Le Jihad Islamique gagne du soutien à Gaza tandis que le Hamas décline

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Malgré l'harmonie globale entre le Hamas et le Jihad islamique sur les positions politiques relatives au conflit israélo-palestinien, un rivalité existe en coulisses. Les deux mouvements sont en compétition pour attirer les appuis islamistes et apparaître, aux yeux de l'opinion publique, comme le groupe le mieux à même de réaliser les aspirations et les espoirs du peuple palestinien.
Le Jihad Islamique gagne du soutien à Gaza tandis que le Hamas décline
Les supporter du Jihad islamique prennent part à une manifestation de protestation contre les pourparlers de paix parrainés par les Etats-Unis entre Israël et les Palestiniens, à Gaza-ville, le 10 janvier 2014 (photo REUTERS/Suhaib Salem)
Ces mouvements islamistes utilisent diverses méthodes pour obtenir ce soutien, comme les mobilisations de masse, les distributions de nourriture et d'argent aux pauvres, le prosélytisme et l'insistance sur les constantes palestiniennes telles que l'importance de Jérusalem et le droit au retour des réfugiés. En général, ils visent à satisfaire les souhaits de la population.
Bien que le Hamas soit plus populaire que le Jihad islamique, un sondage récent du Watan Center for Studies and Research dans la Bande de Gaza suggère un accroissement du soutien au mouvement du Jihad islamique, au milieu de rapports sur la baisse de popularité du Hamas. Parmi les Gazaouis, 23,3% ont exprimé leur confiance au Hamas, tandis que 13,5% préféraient le Jihad islamique. Le Fatah était cependant plus populaire que les mouvements islamistes pris individuellement, avec le soutien de 32,9% des sondés. Le Front populaire de Libération de la Palestine obtenait 4,2% de suffrages et le Front démocratique pour la Libération de la Palestine 1,5%. 24,6% des sondés n'avaient pas d'opinion.
Le Jihad islamique n'ayant pas participé aux élections, il est difficile de déterminer sa popularité à cet égard. Ce dernier sondage suggère une hausse de la popularité du groupe par rapport aux résultats des sondages précédents réalisés par les centres de recherche locaux au cours des dernières années. Dans un sondage de 2010 par exemple, le Jihad islamique n'enregistrait que 1% en termes de popularité par rapport aux autres factions palestiniennes.
L'enquête du Centre Watan comprenait des entretiens avec 467 personnes des deux sexes et a été menée dans toute la Bande de Gaza, du 9 au 17 février. Les résultats ont été repris par différents médias fin mars.
Le sondage a également révélé que l'opinion publique appuie largement la résistance armée pour obtenir les droits des Palestiniens. Parmi les personnes interrogées, 60,3% pensent que la résistance armée est le moyen le plus approprié pour faire respecter les droits du peuple palestinien si les négociations échouent, alors que 6,5% approuvent la poursuite des négociations.
La charge de la gouvernance a coûté sa popularité sur le terrain au Hamas, qui lutte pour gouverner Gaza dans des conditions catastrophiques liées au siège israélo-égyptien et une série de crises économiques et politiques. L'analyste politique Iyad Atallah a expliqué, "le Hamas souffre d'une baisse de popularité de la base en raison du mécontentement croissant causé par son échec à résoudre les crises de subsistance des citoyens, comme la fourniture d'électricité et de carburant, et la résolution le problème du passage de Rafah." Il a également expliqué à Al-Monitor, "le Hamas est arrivé au pouvoir dans la Bande de Gaza et a commencé à gérer les affaires civiles des citoyens. Ce qui l'a distrait, à plusieurs occasions, d'une confrontation militaire avec Israël, laissant ainsi la résistance armée au Jihad islamique, qui continue de mener des représailles organisées contre les attaques israéliennes."
Le 12 mars, les Brigades Al-Quds, la branche militaire du Jihad islamique, a lancé 130 roquettes de fabrication locale sur Israël dans le cadre de l'opération militaire "Briser le silence". L'attaque était une réponse à l'assassinat de trois combattants du Jihad islamique. Le groupe avait averti que la réponse "serait de la même ampleur que les violations sionistes si elles continuaient."
Khader Habib, responsable au Jihad, a dit à Al-Monitor que le mouvement a gagné en popularité parce qu'il a adhéré à la résistance armée, n'a pas accordé de légitimité à l'existence d'Israël sur le moindre morceau de sol palestinien et est resté à l'écart de la gouvernance et de la participation à l'Autorité palestinienne, qui est une émanation des Accords d'Oslo de 1993. "Nous sommes un mouvement qui refuse de laisser Israël impuni lorsqu'il attaque notre peuple, et nous croyons que faire partie de l'autorité gouvernante serait catastrophique. C'est le secret de l'accroissement du soutien de la population," a affirmé Habib.
Les résultats des résultats du Centre Watan sont dans la ligne d'une étude de l'université iranienne Alam wa Sinaa, qui impliquait 1.263 Gazaouis après les affrontements de mars 2012 entre le Jihad islamique et Israël. Le sondage iranien montrait un changement clair dans les attitudes des habitants de Gaza en révélant une hausse de popularité du Jihad islamique au détriment du Hamas, parce que le premier adhère à l'option de la résistance à l'occupation.
Habib a déclaré que son mouvement a suivi de près les sondages d'opinion sur le soutien de la rue palestinienne et a affirmé qu'il renforce la conviction des dirigeants que la lutte armée est la seule façon d'obtenir pleinement les droits palestiniens.
L'analyste Atallah a expliqué la situation du Hamas, déclarant, "comparé au Jihad islamique, le Hamas a plus d'éléments et plus de matériel, mais il ne veut pas un conflit continu avec Israël," a-t-il dit. "Une nouvelle confrontation militaire provoquerait des pertes matérielles, allant jusqu'aux maisons des citoyens et peut-être des usines et des ateliers mécaniques, ce qui entraînerait davantage de chômeurs et de sans logis, et alourdirait le fardeau du Hamas."
L'analyste politique Hassan Abdo a dit que la décision du Jihad islamique de coller à la résistance armée et de répondre immédiatement aux attaques de l'occupation sont les raisons principales de la montée de son soutien.
Abdo a aussi fait remarquer que le Jihad Islamique est resté fidèle à ses principes politiques, malgré les changements locaux et régionaux qui sont survenus autour de lui. Le groupe a maintenu ses liens avec ses alliés en Syrie et en Iran malgré les crises récentes. Abdo pense que ceci ajoute à l'impression des Palestiniens que le Jihad islamique, comparé au Hamas, est plus cohérent dans ses positions.
Selon Atallah, l'alliance ininterrompue du Jihad islamique avec la Syrie et l'Iran oblige le mouvement à réagir face aux attaques israéliennes. "Le maintien du Jihad islamique dans l'axe Syrie-Iran est une source de force pour lui, surtout en l'absence de ressources financières arabes," a-t-il dit. D'un autre côté, a-t-il noté, l'alliance du Hamas avec le Qatar n'a pas été accueilli chaleureusement par les locaux. "Les Palestiniens ne veulent pas d'une alliance Qatar-Hamas... Les Palestiniens respectent le Qatar pour son aide et ses fonds, mais ils se méfient de son rôle politique à cause de ses bonnes relations avec l'Amérique et avec Israël."
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Rasha Abou Jalal est écrivain et journaliste indépendante de Gaza, spécialisée dans les informations politiques et les dossiers humanitaires et sociaux liés aux événements en cours.
Source : Al Monitor

Traduction : MR pour ISM  
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