mardi 25 mars 2014

Gaza : La France et l’Europe doivent agir

AFPS, dimanche 23 mars 2014
Les 1,7 mil­lions d’habitants de la Bande de Gaza vivent, du fait du blocus et des attaques inces­santes de l’armée israé­lienne, une situation insou­te­nable qui tourne à la catas­trophe humaine et éco­lo­gique malgré l’énergie, la vitalité et l’envie de vivre des habi­tants de Gaza. Au-​​delà des décla­ra­tions qui condamnent le blocus de Gaza, il est temps que la France et l’Europe mettent leurs actes en conformité avec leurs paroles. Des exi­gences fortes doivent être portées par notre gou­ver­nement comme par l’Union Euro­péenne vis-​​à-​​vis de l’Etat d’Israël, pour la levée du blocus de Gaza, la liberté de cir­cu­lation de ses habi­tants, et le réta­blis­sement du lien ter­ri­torial entre la Cis­jor­danie et Gaza. Ces exi­gences doivent être assorties de sanc­tions si Israël ne s’y conforme pas.
Depuis plus de 6 ans, la Bande de Gaza vit sous un blocus inhumain et illégal, imposé par l’Etat d’Israël, puis­sance occu­pante, en vio­lation fla­grante de la qua­trième convention de Genève et des conven­tions pour les droits de l’Homme.
Ce blocus, associé aux attaques meur­trières de 2008-​​2009 et de 2012, aux res­tric­tions injus­ti­fiables à la pêche dans les eaux ter­ri­to­riales de Gaza, à l’impossibilité de cultiver dans la zone tampon décrétée uni­la­té­ra­lement par Israël, ruine l’économie de Gaza et fait vivre à sa popu­lation un cal­vaire insup­por­table. La fer­meture des tunnels, décidée par l’Egypte, a sup­primé cette voie bien pré­caire d’approvisionnement, stoppé net la reprise de l’activité de construction du secteur privé, et consi­dé­ra­blement aggravé la situation des 1,7 mil­lions de per­sonnes qui vivent à Gaza. Et les bom­bar­de­ments par l’aviation israé­lienne, les assas­sinats ciblés, les attaques de la marine contre les pêcheurs, les tirs de l’armée contre les paysans, n’ont jamais cessé.
Un an après le cessez-​​le feu qui a suivi l’opération mili­taire d’Israël contre Gaza en novembre 2012, l’ONU constate que la situation des Pales­ti­niens de Gaza s’est encore consi­dé­ra­blement dégradée. Et l’UNRWA (orga­ni­sation de l’ONU pour l’aide aux réfugiés pales­ti­niens) ne peut plus faire face aux besoins d’urgence compte tenu de ses moyens finan­ciers. Même les construc­tions ou recons­truc­tions d’écoles ont dû être stoppées faute de maté­riaux de construction. Les ser­vices hos­pi­ta­liers sont sévè­rement atteints, et les égouts se déversent dans les rues faute d’énergie pour le pompage. L’eau est impropre à la consom­mation dans 95% des cas, avec une pers­pective de des­truction irré­mé­diable de la nappe phréa­tique à court terme.
Aux auto­rités égyp­tiennes, il faut demander de rouvrir lar­gement aux per­sonnes le ter­minal de Rafah, et de l’ouvrir aux mar­chan­dises, mesure rendue urgente par la des­truction des tunnels qu’ils ont décidée.
Mais le premier res­pon­sable de la situation à Gaza est l’Etat d’Israël, puis­sance occu­pante au sens du droit inter­na­tional, et tenu de ce fait par les obli­ga­tions de la 4ème convention de Genève. Gaza est victime d’une stra­tégie déli­bérée d’Israël pour l’étrangler, ruiner son éco­nomie et son envi­ron­nement, et l’isoler du reste de la Palestine. Et cela, alors que les habi­tants de Gaza demandent avant tout de pouvoir tra­vailler, étudier, pro­duire, exporter et importer, échanger avec le reste du monde comme dans tous les pays de la planète et accéder à leurs droits légitimes.
Les décla­ra­tions qui condamnent le blocus de Gaza ou demandent qu’il soit levé au plus vite sont nom­breuses de la part de l’Europe, des Nations-​​Unies et de la France (même si nous regrettons l’absence de décla­ration publique sur ce point lors de la visite du Pré­sident de la Répu­blique en Israël et Palestine en novembre 2013).
Il est temps de mettre les actes en conformité avec les paroles. Il n’est plus pos­sible de s’en tenir à quelques gestes huma­ni­taires, comme si Gaza était victime d’une catas­trophe natu­relle, sans s’attaquer au blocus et à l’occupation. Le blocus de Gaza doit être levé, la liberté de cir­cu­lation pour les per­sonnes et pour les mar­chan­dises doit être rétablie dans les deux sens aux postes fron­tières avec Israël, les zones de pêche et de culture réta­blies, une liaison assurée entre la Bande de Gaza et la Cis­jor­danie. Un plan d’urgence doit être adopté pour l’eau, en limitant stric­tement les pré­lè­ve­ments d’eau par Israël entre la Cis­jor­danie et Gaza, et en assurant un appro­vi­sion­nement d’urgence de Gaza en eau potable.
Au-​​delà de ces mesures d’urgence, Gaza a le droit de vivre : son aéroport doit être recons­truit, les travaux du port démarrés, la liaison per­ma­nente et sécu­risée entre Gaza et la Cis­jor­danie assurée comme prévu par les accords d’Oslo, des res­sources en eau mobi­lisées en pro­portion du nombre d’habitants. C’est, au-​​delà de la réso­lution de la crise actuelle à court terme, un ensemble d’objectifs essen­tiels sans les­quels aucune paix ne sera juste et durable.
Ces exi­gences doivent être portées fer­mement par la France et l’Europe, elles doivent être assorties de sanc­tions si Israël ne s’y conforme pas.
Le Bureau National