mardi 11 octobre 2011

Les Turcs jouent-ils avec feu ?

[ 10/10/2011 - 22:14 ]
Palestine – CPI
Il n’y a qu’un fil entre l’escalade verbale et le conflit diplomatique et le conflit militaire avec "Israël". Il est clair que Tayyip Erdogan dépasse ce fil. Les Turcs jouent avec le feu. Cet homme adopte une conduite politique qui va à l’encontre d’"Israël", de façon systématique et planifiée. Il profite de la crise entre "Israël" et la Turquie, cette crise qui commence à régner sur la région.
Durant la fête (juive), les Turcs ont publié une nouvelle parlant d’une « provocation militaire israélienne ». Ils ont prétendu que des avions de guerre israéliens avaient survolé la force maritime turque qui protégeait la zone de recherche de gaz vers Chypre. Les responsables de l’armée israélienne réfutent ces allégations, en vain ; les Turcs veulent dire : Nous sommes en contact physique avec les Israéliens.
Par contre, en "Israël", on commence à poursuivre les mouvements de la marine turque dans la Méditerranée. A titre d’exemple, il y a quelques semaines, un bateau militaire turc moyen a parcouru la Méditerranée, dans sa partie orientale. Il a pris le même parcours que celui du bateau Marmara [Ce bateau faisait partie de la flottille internationale "Liberté", il a été attaqué par l’armée israélienne qui a fait plusieurs morts parmi les civils turcs qui étaient à bord]. Puis le bateau militaire turc s’est approché de façon douteuse des eaux régionales d’"Israël". Bien qu’il n’y soit pas entré, il était dans une zone où les bateaux amis informent "Israël" de leur passage afin d’éviter tout malentendu. Erdogan voulait-il, via la marine turque, tester la vigilance et la conduite israéliennes ?
Le 20 septembre 2011, une force maritime turque s’est orientée vers la zone d’exploitation, vers Chypre. Elle comportait des bateaux militaires, un bateau d’alimentation, et apparemment deux sous-marins. Une telle force ne représente pas une force de protection. Elle ressemble à une force qui part vers des pays belligérants, comme la Chypre, la Grèce, et probablement aujourd’hui "Israël". Généralement, ces derniers mois, la Turquie a augmenté ses activités militaires dans la Méditerranée, dans la mer comme dans le ciel, sans raison valable, sans aucune menace stratégique explicite. En tout cas, les niveaux des activités pratiquées par l’armée de l’air turque sont différents des précédentes.
Un haut gradé du ministère turc des affaires étrangères a récemment convoqué des ambassadeurs arabes, dans la capitale turque Ankara. Il s’est montré fier de dire que la Turquie avait poussé des avions de combat face à des avions israéliens sur les côtes syriennes, dans la Méditerranée, les obligeant à s’enfuir. Il y a une affaire claire : le discours turc est passé du stade des insultes aux jeux militaires.
Ces jeux peuvent se terminer très mal. De grands responsables de l’Otan ont récemment essayé de parler à leurs confrères du service turc de sécurité et de leur conseiller de ne pas jouer avec le feu. Les officiers turcs leur auraient répondu que si l’affaire les concernait, il n’y aurait pas d’affrontement militaire ; mais ils auraient peur d’Erdogan.
Ajoutons que le réveil populaire turc ne ressemble pas à celui d’"Israël". Les actions d’Erdogan ne sont pas transparentes et ne sont pas assez souvent critiquées. Il pourrait être d’une grande confiance face à son opinion publique intérieure qui considère "Israël" comme un Etat abject. Les Américains, eux aussi, avertissent les Turcs : si vous continuez ce jeu, vous finirez par perdre un bateau. Cependant, Erdogan, qui vit un haut état de confiance en soi, pousse la situation vers une escalade militaire.
Dans cette situation, il ne serait pas étonnant de voir un pilote turc ou israélien, qui sentirait une menace, pousser sur le bouton, laissant partir un missile. Ainsi, la distance entre la provocation et l’explosion régionale ne pourrait prendre que quelques secondes. Qui arrêtera donc Erdogan ?
Article écrit par Alex Fichman, dans le journal hébreu Yediot Ahronot, le 3 octombre 2011, traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI)