samedi 4 septembre 2010

Espoir et scepticisme ponctuent la reprise des négociations de paix

04/09/2010

L’esplanade des Mosquées, à Jérusalem, noire de monde. De 170 000 à 200 000 fidèles y ont prié hier, selon les sources. Ammar Awad/Reuters
L’esplanade des Mosquées, à Jérusalem, noire de monde. De 170 000 à 200 000 fidèles y ont prié hier, selon les sources. Ammar Awad/Reuters 
Une lueur d’espoir pointait hier en Israël, après la relance des négociations de paix directes la veille à Washington. Toutefois, cet optimisme timide n’est guère partagé par les Palestiniens et se heurte au scepticisme dans la région ainsi qu’à l’hostilité déclarée de l’Iran. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n’a cependant pas exclu un référendum en cas d’« accord-cadre ».
La relance des négociations de paix israélo-palestiniennes fait naître une lueur d'espoir en Israël, malgré des doutes persistants, un espoir guère partagé par les Palestiniens et qui se heurte au scepticisme dans la région.
Le président israélien Shimon Peres a salué hier le « début très prometteur » des discussions, en espérant qu'elles « déboucheront sur un vrai succès ». « L'espoir se mêle au doute », résumait le quotidien gratuit Israël Hayom, proche du Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu, au lendemain de la reprise des pourparlers entre ennemis séculaires à Washington. « Il est possible que tout cela ne soit que du théâtre (...) Mais s'il s'agit de théâtre, il faut reconnaître qu'il (M. Netanyahu) a bien joué », écrit l'éditorialiste vedette Nahum Barnea dans le Yediot Aharonot. « Peut-être n'était-ce pas seulement un show. Pas cette fois », se prend à espérer le commentateur, une allusion aux 17 années de discussions sans résultat. Même l'influent Haaretz, généralement critique à l'encontre de M. Netanyahu, reconnaît que celui-ci « a surpris en qualifiant (le président palestinien) Mahmoud Abbas de partenaire pour la paix ». La droite israélienne a longtemps reproché aux chefs palestiniens de ne pas être des partenaires fiables. Selon la radio publique israélienne, M. Netanyahu n'exclurait pas de procéder à un référendum s'il parvient à conclure un « accord-cadre » avec les Palestiniens.
Ces derniers en revanche broient du noir, remarquant que M. Abbas n'a pas réussi à obtenir d'Israël un gel de la colonisation avant d'aller négocier aux États-Unis sous la houlette du président Barack Obama. « Les sommets à Washington, les beaux discours et des négociations qui ne donnent rien, on en a déjà vu », a commenté un membre de la délégation palestinienne, désabusé. Pour l'analyste Mahdi Abdel Hadi, « c'est la frustration qui domine dans la rue palestinienne. Les gens ne font pas confiance à Netanyahu ni à la capacité d'Abbas de parvenir à un accord ». « Israël imposera une solution et utilisera toutes sortes de pressions pour forcer les Palestiniens à signer un accord et faire disparaître la question palestinienne du calendrier régional et international », prédit le quotidien palestinien al-Ayyam.
Le désenchantement est d'autant plus vif dans le camp palestinien, profondément divisé, que les négociations directes ont repris sur fond d'attentats anti-israéliens perpétrés par le Hamas en Cisjordanie, où l'Autorité palestinienne de M. Abbas a son siège. À Gaza, treize organisations armées palestiniennes, dont la branche militaire du Hamas, ont annoncé la mise en place d'un « centre de coordination » pour leurs attaques contre « l'ennemi sioniste ». Maître de la bande de Gaza, le Hamas a menacé de lancer de nouvelles attaques en Cisjordanie malgré la vague d'arrestations de ses militants dans ce territoire, lancée par ses rivaux de l'Autorité palestinienne en coopération avec Israël. « Jérusalem ne sera pas libérée par des négociations mais par le jihad (guerre sainte) », a dit un chef du Hamas, Ismaïl al-Ashqar.
Si ailleurs dans la région le ton est moins virulent, il n'en demeure pas moins pessimiste, même si le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé à « donner une chance » au dialogue. Échaudés par les précédents échecs, la majorité des commentateurs arabes doutent de la sincérité de M. Netanyahu et de son gouvernement « extrémiste » à s'engager sur le chemin d'une « véritable paix ». M. Moussa lui-même, en dépit de ses propos, s'est demandé si l'État hébreu est « prêt » à signer une « véritable paix ».
Par ailleurs, des dizaines de milliers de musulmans ont prié hier, sans incident, sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem à l'occasion du dernier vendredi du mois de jeûne du ramadan. Les fidèles étaient quelque 170 000 selon la police israélienne, plus de 200 000 d'après les autorités religieuses (waqf) responsables du site. Comme les vendredis précédents durant le ramadan, la police israélienne avait déployé 2 000 hommes aux alentours des Mosquées. À Gaza, plusieurs centaines de manifestants ont participé à un rassemblement à l'occasion de la « Journée de Qods » (Jérusalem).