lundi 14 juin 2010

Moussa en visiteur à Gaza : « Il faut briser ce blocus »

14/06/2010
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, tenant une 
conférence de presse avec le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, 
hier à Gaza. Mohammad Salem/Reuters
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, tenant une conférence de presse avec le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, hier à Gaza. Mohammad Salem/Reuters
Visite sans précédent du secrétaire général de la Ligue arabe dans l'enclave palestinienne.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a exigé hier la levée du blocus imposé depuis quatre ans par Israël à la bande de Gaza et appelé à la réconciliation interpalestinienne, lors d'une visite sans précédent dans cette enclave.
« Il faut briser ce blocus », a plaidé M. Moussa après avoir traversé la frontière entre l'Égypte et le territoire palestinien. « Non seulement les Arabes, mais le monde entier doit soutenir le peuple palestinien contre le blocus de Gaza et face à ce qui se passe dans les territoires occupés, en particulier à Jérusalem-Est (annexée) », a affirmé le haut diplomate égyptien. C'est la première fois qu'un chef de la Ligue arabe se rend dans la bande de Gaza, au moment où la communauté internationale fait pression sur Israël pour alléger le blocus qui frappe 1,5 million de Gazaouis dont la plupart dépendent de l'aide étrangère. M. Moussa a été accueilli par les dirigeants du mouvement islamiste Hamas, qui a pris le contrôle de Gaza en juin 2007, ainsi que par des représentants d'autres factions palestiniennes. Le Hamas s'est réjoui de ce « pas officiel arabe vers la levée du blocus ». « Nous espérons que cette visite produira des résultats concrets », a dit le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, après un entretien avec M. Moussa. Ce dernier a visité des zones dévastées par l'offensive de l'armée israélienne il y a 18 mois, qui a endommagé ou détruit des milliers d'habitations. Plus de 1 400 Palestiniens et 13 Israéliens avaient été tués.
Durant sa visite de quelques heures, M. Moussa a rencontré des responsables d'ONG, de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et les leaders des principaux mouvements palestiniens. « La réconciliation (entre factions palestiniennes) est fondamentale, c'est une question de volonté et pas simplement de signature », a estimé M. Moussa. « Il s'agit d'une décision politique ; c'est une position qui doit se traduire par un accord sur toutes les questions. L'histoire ne s'arrête pas à une phrase là ou à un paragraphe ici », a-t-il souligné. Le Hamas et le Fateh du président palestinien Mahmoud Abbas sont à couteaux tirés depuis que le mouvement islamiste a délogé les forces loyales à M. Abbas de Gaza il y a trois ans. Négocié depuis des mois sous l'égide de l'Égypte, l'accord de réconciliation a été reporté à trois reprises en raison des profondes divergences. Le Hamas refuse de signer le document paraphé par Le Caire et le Fateh.
La visite de M. Moussa - en signe de « solidarité » - survient après le raid israélien contre la flottille humanitaire internationale en route vers Gaza le 31 mai, dans lequel neuf Turcs ont péri. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a justifié le blocus maritime de Gaza, estimant qu'il fallait empêcher l'infiltration d'armes dans ce territoire, tout en se disant prêt à laisser passer une aide humanitaire. « Le principe qui guide notre politique est clair : il s'agit d'empêcher que des armes et du matériel de guerre entrent à Gaza et de permettre l'entrée de l'aide humanitaire et de marchandises ne pouvant être utilisées à des fins militaires », a-t-il dit. Les critiques internationales à l'encontre du blocus se multiplient depuis l'assaut du 31 mai. En réponse, Israël a annoncé un allègement des restrictions sur certains produits, tout en maintenant l'interdiction des matériaux de construction. Israël assure que ce blocus est nécessaire pour maintenir la pression sur le Hamas qui détient un soldat israélien depuis juin 2006, et soutient que la situation humanitaire à Gaza est « bonne ».
En outre, M. Netanyahu a estimé qu'un accord était proche avec les États-Unis sur la création d'une commission d'enquête concernant le raid. Il a indiqué avoir eu de nouvelles consultations téléphoniques à ce propos, dans la nuit de samedi à dimanche, avec Washington. Il a aussi confirmé son intention de désigner à la tête de la commission un juge à la retraite de la Cour suprême, Yaakov Tirkel, âgé de 75 ans. De son côté, l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, a réaffirmé que Washington estime qu'une « présence internationale » dans la commission d'enquête renforcerait la crédibilité des investigations. « Nous ne mettons pas la pression pour qu'Israël prenne part à quoi que ce soit auquel le pays refuse de participer », a néanmoins précisé Mme Rice. Ces propos avaient déjà été tenus vendredi soir par le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley. « Si Israël veut le soutien et l'aide des États-Unis dans cette enquête, nous y sommes ouverts, comme l'a dit la secrétaire d'État », avait souligné M. Crowley, ajoutant : « Et si la turquie veut notre aide dans l'enquête, nous sommes également ouverts à cette possibilité ». Dans un entretien publié hier par le quotidien turc Habertürk, le vice-Premier ministre israélien Dan Meridor a affirmé : « Il y aura des éléments internationaux dans le comité qui va être constitué. Pour l'instant ce n'est pas très clair, mais ce comité sera composé de cinq Israéliens et de deux ou trois étrangers. Il s'agira de spécialistes étrangers respectés et à la valeur reconnue sur ces sujets. »