jeudi 9 décembre 2010

Proche-Orient: vers un retour aux négociations indirectes

08 décembre 2010
Sélim Saheb Ettaba
Agence France-Presse
Jérusalem
Les pourparlers de paix israélo-palestiniens paraissaient mercredi revenir au format de négociations indirectes sous médiation américaine après l'échec des efforts de Washington pour obtenir un gel de la colonisation juive dans les Territoires occupés.
Le gouvernement israélien et les organisations de colons ont affiché leur satisfaction face au recul américain, tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas, décrivant «une crise difficile», sollicitait l'avis de la Ligue arabe avant de se prononcer.
Le comité de suivi du processus de paix de la Ligue arabe se réunira samedi ou dimanche au Caire à la demande de M. Abbas, a annoncé le secrétaire général de l'organisation, Amr Moussa.
«Israël a tenu bon et n'a pas cédé aux exigences étranges et extrémistes des Américains et le ciel ne nous est pas tombé sur la tête. Les Américains ne nous ont même pas critiqués», s'est félicité le chef du conseil des implantations de Cisjordanie, Danny Dayan, qui avait fait campagne contre tout gel de la colonisation.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait accepté avec réticence le plan américain prévoyant un moratoire de trois mois sur la colonisation afin de parvenir pendant cette période à un accord sur le tracé des frontières.
Il exigeait des garanties écrites sur les compensations politiques et militaires offertes par les États-Unis, mais les deux parties ne sont pas parvenues à s'entendre sur la formulation.
«La partie américaine est arrivée à la conclusion qu'un gel en Judée-Samarie (Cisjordanie) ne règlera pas le problème (...) Nous avons dit d'entrée de jeu que la colonisation n'est pas la racine du conflit et qu'elle sert de prétexte aux Palestiniens pour refuser de négocier», a affirmé le porte-parole de M. Nétanyahou, Nir Hefetz.
«Le but n'était pas le gel mais de parvenir à un accord. Or, les Palestiniens doivent comprendre ce que les Américains ont compris, à savoir qu'il n'est pas possible d'isoler la question des frontières des autres questions clé», a affirmé à la radio publique Tzvi Hauser, le secrétaire du cabinet.
«Il n'y a pas de doute qu'il y a une crise, une crise difficile», a déclaré d'Athènes, Mahmoud Abbas, qui était attendu dans la soirée au Caire.
Un des négociateurs palestiniens, Yasser Abed Rabbo, s'est même interrogé sur la capacité du président américain Barack Obama à faire avancer les pourparlers de paix.
Il s'est demandé comment Washington pourrait «imposer à Israël un règlement équitable fondé sur le droit international» après avoir échoué à obtenir un moratoire temporaire.
«Ce blocage (israélien) a conduit l'administration américaine à choisir une autre méthode, pour revenir à négocier indirectement avec les parties palestinienne et israélienne, pour sortir le processus de paix de l'impasse et aborder la discussion sur les questions de statut final».
«Cet échec nous pousse une fois de plus à nous tourner vers la communauté internationale dans son ensemble», a-t-il ajouté.
À Bruxelles, la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton a «regretté» l'attitude d'Israël sur la colonisation, qui reste «illégale» et va «à l'encontre» des efforts de paix.
La France a exhorté Israël à comprendre qu'«il n'y aura pas de solution» au conflit «sans arrêt de la colonisation», se déclarant disposée à chercher une relance des négociations dans le cadre du Quartette (UE, USA, Russie et ONU).
Les États-Unis ont annoncé mardi avoir abandonné l'idée d'obtenir un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie.
Le porte-parole du département d'État Philip Crowley a précisé qu'une nouvelle approche des pourparlers devait être discutée la semaine prochaine à Washington, où négociateurs israéliens et palestiniens sont attendus.
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