dimanche 21 novembre 2010

Benyamin Ben Gourion et Mahmoud Arafat

publié le samedi 20 novembre 2010
Gilles Paris

 
A quelques jours de distance, les deux principaux acteurs du conflit israélo-palestinien ont honoré leurs grands disparus, les figures tutélaires d’une cause qu’ils portent à leur tour aujourd’hui.
Le 11 novembre 2004, en effet, Yasser Arafat décédait à l’hôpital militaire Percy, en France, laissant un camp palestinien en proie à des divisions qui devaient être tranchées dans le sang à Gaza, en 2007, avec l’éviction de l’Autorité palestinienne (le Fatah) par la milice du Mouvement de la résistance islamique (Hamas).
Le 11 novembre 2010, à Ramallah, le président de cette Autorité, Mahmoud Abbas, a fait comme son illustre prédécesseur : il en appelé au président des Etats-Unis, Barack Obama, qui avait souhaité la présence de la Palestine à l’Assemblée générale des Nations unies, l’an prochain : “J’espère qu’il ne s’agit pas seulement d’un slogan et que, le moment arrivé, il ne nous dira pas : ‘Désolé, on n’a pas réussi. Voyons l’année prochaine”. Beau témoignage de l’impuissance palestinienne alors que plus de 86% des Palestiniens (pour une fois on fera confiance à cette enquête d’opinion compte tenu du sujet) regrette encore Yasser Arafat.
Le 14 novembre, à Sde Boker, dans le Négèv, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a rendu hommage à son lointain prédécesseur, David Ben Gourion. Alors que les Etats-Unis le pressent de reconduire un gel de trois de la colonisation (au risque de se couper de l’aile droite de sa coalition), M. Nétanyahou ne pouvait pas ne pas penser au discours tenu en 2003 par son prédécesseur Ehoud Olmert, alors bras-droit du premier ministre Ariel Sharon (cloué au lit par la fièvre), dans lequel il avait repris la formule utilisée par David Ben Gourion devant la Knesset, en 1949 : “when we were faced with the choice between the entire land of Israel without a Jewish State, or a Jewish State without the entire land of Israel - we chose a Jewish State without the entire land of Israel”.
L’adoption du “réalisme travailliste” annonçait la conversion d’une partie du Likoud, l’évacuation de Gaza et la création consécutive de Kadima.
M. Nétanyahou allait-il lui-aussi se saisir de ce moment historique ? Eloge du courage, de la capacité de savoir résister à ses alliés, le premier ministre n’a pas levé les doutes jusqu’à ce qu’il prononce la phrase suivante : “Ben-Gurion was able to recognize that elusive historic moment of “now or never”, and his decision (…) emanated first and foremost from his recognition that at that historic moment, the establishment of the State was the only way to secure the future of the people of Israel.
M. Sharon, M. Olmert auraient ajouté le qualificatif “Palestinian” à “State”. M. Nétanyahou a décidé de retarder encore une fois l’échéance.
publié sur le blog du MOnde "Guerre ou Paix